Que devient… Nenad Jestrovic
Quand vous évoquez la ville de Metz et le club grenat avec Nenad Jestrovic, un sourire illumine immédiatement son visage. « J’ai toujours aimé cette ville et ce club, avoue celui qui porte également Anderlecht dans son cœur. Lors de mon retour en 2009, j’ai tout de suite retrouvé cette affection des gens envers moi. » Né à Obrenovac, à 30 kilomètres au sud de la capitale, Belgrade, Nenad Jestrovic s’est révélé aux yeux des Français lors de son arrivée sur l’île de beauté, à Bastia, lors de l’été 1998 après avoir fait ses classes au sein de la plus ancienne équipe évoluant en championnat de Serbie, l’OFK Belgrade. Sous les ordres de l’entraîneur polonais Henryk Kasperczak, Nenad Jestrovic n’arrive pas à faire oublier Anto Drobnjak, parti à Lens. « J’étais très jeune lorsque je suis arrivé en Corse. J’y suis resté une saison et sportivement, c’était plutôt intéressant puisque nous avions fait un bon championnat et joué la Coupe de l’UEFA. Par contre, j’ai souffert de la barrière de la langue au début. Je parlais mal le français et l’entraîneur de l’époque n’avait pas été très psychologue avec moi. Il n’a pas cherché à me comprendre, notre relation était difficile. J’ai dû vite oublier cela. D’ailleurs, je ne me rappelle plus de son nom… » Son bilan personnel, comme celui du Sporting, n’est pas fameux (20 matches, 2 buts), ce qui n’empêche pas le président Carlo Molinari de sauter sur l’occasion de le recruter, tentant de penser les plaies de la saignée de l’été 1998 (départs de Song, Pirès, Blanchard…) pour préparer le tour préliminaire de la Ligue des Champions face à Helsinki. S’il ne participe pas à la double confrontation cauchemardesque avec le club finlandais, Nenad fait ses premiers pas le 22 août 1998 à… Bastia, se soldant par une cinglante défaite 3-0… Ironie du sort, ce sont les deux nouvelles recrues en attaque du Sporting (Frédéric Née et Paulo Alves) qui inscriront deux des trois buts corses. Mais lors du match retour, Nenad Jestrovic se fera violence, en inscrivant un triplé lors du match retour pour une victoire 4-0 à Saint-Symphorien. « Je me souviens avoir fait un gros match et marqué trois buts. À la fin, j’obtiens un penalty. Le public réclame que je le tire mais je le laisse à Vladan Lukic. Nous gagnons finalement quatre buts à zéro. »
Meilleur buteur dans trois championnats différents
Un coup d’éclat qui en amènera un autre lors d’une mémorable demi-finale de la Coupe de la Ligue à Metz, contre Montpellier. L’attaquant serbe inscrira un nouveau triplé face aux Héraultais pour une victoire 4-3 synonyme de finale au Stade de France en avril. « Je me souviens que nous avions fait un beau parcours en Coupe de la Ligue, avec cette finale malheureusement perdue contre Lens devant plus de 80 000 personnes. Je me souviens aussi de la demi-finale… Un grand moment. » Reste que sur 60 matches officiels joués avec le FC Metz, l’ancien numéro 15 n’aura marqué que 14 malheureux buts… En juillet 2000, Nenad file en Belgique, à Mouscron, puis à Anderlecht où Jestrovic devient vite « Jestrogoal ». Champion en 2004, le Serbe finit meilleur buteur de la Jupiler League par deux fois, en 2005 (18 buts) et en 2008 (13 buts) et garde un souvenir merveilleux de son passage au Royal Sporting Club. « Je resterai toujours un supporter des Mauves. J´avais une relation géniale avec les supporters. Anderlecht est le club qui m´a donné le plus, j´espère lui avoir donné des choses en retour. Le Sporting, c´est le club numéro un dans mon cœur, devant l´Étoile Rouge… » Il quitte la Belgique en janvier 2006 pour les Émirats Arabes Unis (Al-Aïn puis Al-Nasr) (« mon plus beau souvenir de vie, j’étais comme un roi là-bas ») puis retourne au pays, à l’Étoile Rouge de Belgrade en 2007 avant de tenter sa chance en Turquie, à Kocaelispor, durant quatre mois. « Après la Turquie, j’ai signé à Metz, en Ligue 2, en janvier 2009. À mon arrivée, j’ai marqué un but, mais les six mois qui ont suivi, ça ne s’est pas bien passé pour moi. J’ai très peu joué. J’ai alors reçu des propositions de Grèce et d’autres petits championnats, mais je ne les jugeais pas assez intéressantes. Je ne voulais pas terminer à un bas niveau et j’ai donc mis un terme à ma carrière de joueur. C’était la bonne décision. » Aujourd’hui agent de joueur agréé FIFA, Nenad Jestrovic travaille toujours dans le milieu du football après une carrière bien remplie. « Je ne regrette rien. Car je n’aurais pas pu atteindre un meilleur niveau. Il ne faut pas oublier que j’ai connu deux blessures assez graves. Sans elles, j’aurais pu passer encore un palier. Et au final, je suis plutôt content de la carrière que j´ai menée. L’une de mes plus grandes fiertés, c´est d’avoir été meilleur buteur dans trois pays différents : la Serbie, la Belgique et les Émirats Arabes Unis. J’ai aussi joué et marqué en équipe nationale serbe. Ce n’est pas si mal… »
Photos : DR - Article publié le 10 juin 2013