TFOC : Claire Lebreton, un cap à passer
C’est d’abord l’histoire banale d’une petite fille de 8 ans qui découvre le volley-ball en suivant l’une de ses copines. Une histoire banale pour une petite fille qui avait déjà quelques prédispositions pour ce sport. Grande pour son âge, Claire Lebreton signe sa première licence dans le petit club d’Orgerblon, né en 2005 de la fusion des clubs de volley des villes de Saint-Erblon et d’Orgères, situés non loin de Rennes, en Ille-et-Vilaine. « C’est avant tout l’esprit collectif qui m’a plu dans un premier temps, raconte la passeuse du TFOC. J’avais un manque de coordination important et je n’étais pas très douée au départ. Mais les dirigeants de clubs ont décelé un potentiel chez moi et ont vite parlé à mes parents. Alors, j’ai persévéré. » D’Orgerblon VB, la petite Claire découvre le pôle espoir à 13 ans, sur le site de Sablé-sur-Sarthe, et doit délaisser une autre de ses passions d’enfance, l’équitation. « J’ai fait du cheval durant 10 ans mais à partir du moment où je rentrais au pôle, je ne pouvais plus cumuler les deux régulièrement. Je continuais à en faire un peu le week-end quand je rentrais à Orgerblon pour jouer en championnat, mais c’était le début de la fin de l’équitation pour moi. » Au passage au lycée, Claire Lebreton intègre logiquement le pôle France de Châtenay-Malabry, non sans difficultés. « Je n’avais pas envie de rentrer au pôle, explique la joueuse âgée aujourd’hui de 23 ans. L’éloignement de ma famille, de mes amies… Heureusement pour moi, une copine a également rejoint le pôle France, ce fut plus simple pour l’adaptation. » Claire a 17 ans quand elle rejoint Clamart, en DEF (Division 2), tout en s’entraînant au pôle la semaine. Les grands débuts au haut niveau. « Je n’ai pas été sélectionné au pôle junior de l’IFVB à Toulouse, alors je bénéficiais des installations du CREPS tout en jouant avec Clamart le week-end. J’ai eu la chance d’avoir Laurent Delacourt auprès de moi, qui était mon entraîneur à Châtenay-Malabry, au pôle France, et qui était également entraîneur adjoint à Clamart. C’est à ce moment-là que je suis passée définitivement au poste de passeuse. » Centrale depuis son enfance, Claire doit apprendre un nouveau poste. « Au pôle espoir, j’ai été un peu à la passe mais j’étais surtout centrale. C’était un nouveau rôle à plein temps pour moi. Pour être une bonne passeuse, il faut une bonne lecture du jeu, réussir à se souvenir ce qui n’a pas fonctionné durant le match et bien connaître ses coéquipières. Quand une joueuse est en difficulté, il faut jauger si c’est mieux de la relancer en lui faisant fréquemment des passes ou s’il faut la laisser souffler un peu. »
« Je veux devenir première passeuse, cela passe par le travail »
De Clamart, Claire Lebreton passe à Évreux, en Pro A, dans la cour des grands. Des débuts compliqués pour une joueuse encore trop sur la réserve. « Je n’avais clairement pas le niveau de la Pro A, concède-t-elle. J’étais surtout venue pour poursuivre ma formation au club. J’avais 18 ans et je devais apprendre de mes coéquipières. Cette première année, il y avait un gros effectif à Évreux. J’étais l’une des plus petites joueuses alors que je fais 1,80m ! J’ai beaucoup appris à leurs côtés. » Deux ans en Pro A puis deux ans à l’échelon inférieur, mais Claire Lebreton reste toujours deuxième passeuse en Normandie. « J’étais un peu déçue de ne pas jouer plus mais le coach avait besoin d’une fille d’expérience au poste de passeuse pour parvenir à remonter l’équipe rapidement. Je suis peut-être trop gentille et je ne parviens pas à enfoncer ou à perturber ma concurrence directe. J’ai d’ailleurs toujours été très copine avec l’autre passeuse. C’est peut-être un défaut mais on ne se refait pas. » D’Évreux, la Bretonne passe à Calais, en DEF, où elle rejoint une ancienne joueuse du TFOC, Vanessa Bonacossi. « Calais, ça s’est très mal passé. J’étais en désaccord total avec la coach de l’équipe (Lilia Dangléant, NDLR). Elle tentait de m’inculquer tout le contraire de ce que j’avais appris durant ma formation aux pôles. J’ai joué centrale durant six mois pour dépanner et ça s’est finalement bien passé sur ce point-là. Mais je ne voulais pas rester à Calais. » Et c’est Terville-Florange qui décide de recruter la passeuse bretonne. L’intérêt était d’ailleurs réciproque. « J’étais sur la liste des joueuses qui intéressaient le club. De mon côté, je voulais travailler avec Puiu Dascalu, le coach, car je le connaissais par sa fille, Silvana, avec qui j’ai joué à Évreux. J’avais entendu beaucoup de bien de lui et je le pensais capable de me faire passer un palier. C’est pour cette raison que je suis venue au TFOC. » Deuxième passeuse derrière Margaux Bouzinac, elle aussi passée par Évreux, Claire Lebreton est consciente du travail à accomplir pour s’imposer aux yeux de son coach. « Je ne pense pas être encore assez performante pour bousculer la hiérarchie à mon poste, avoue-t-elle. Je dois me déplacer plus vite er durcir mes doigts à la passe pour pouvoir ébranler la concurrence avec Margaux, avec qui je m’entends très bien du reste. Comme Ludmila (Lican, NDLR) ou Mariam (Sidibé, NDLR). Je veux y arriver et tenter d’avoir un jour ma chance de première passeuse en DEF, puis en Pro A. » Qui ne fait pas ce qu’il doit, ne reçoit pas ce qu’il croit.
Photos : TFOC - Article publié le 19 janvier 2018