Hagondange, fin de cycle
La saison avait un faux air de miracle. Miracle tant l’équipe alignée cette saison par Brice Hinsinger n’avait pas pour objectif de briguer la montée en Division Élite Fémine (DEF) et tant le club présidé par Alain Wagner n’avait pas les moyens financiers et structurels de grimper au deuxième échelon national. Pourtant… L’ESH y est parvenu. « Dès le début de saison, nous étions au courant que certaines joueuses arrêteraient pour des raisons familiales ou professionnelles, explique Anne Neu, libéro de l’ESH. Mais pour autant, il n’était pas question de prendre cette saison par-dessus la jambe… Mais de là à viser la montée en DEF… » En finissant 2e du championnat de N2, Hagondange se voyait proposer par la Fédération le droit de monter en DEF après l’interdiction de Levallois, champion de la poule, d’accéder à l’échelon supérieur. Un défi trop lourd à relever pour ce petit club familial composé uniquement de bénévoles et de joueuses du cru. « Le niveau est beaucoup trop onéreux pour un club avec notre budget, note Alain Wagner, le président. Le budget devrait être multiplié par trois pour pouvoir rivaliser et les subventions n’auraient pas pu couvrir ces frais. » Un problème budgétaire mais pas que. « De nombreuses contraintes semi-professionnelles seraient venues se greffer : la composition d’un staff, le recrutement de joueuses réclamant de l’argent et la recherche d’un entraîneur après l’annonce du départ de Brice. C’est un chantier trop vaste pour un club comme le nôtre. » Une situation qui aurait dû juste laisser l’ESH en N2 et non faire exploser toute une équipe. Au final, au lieu de repartir pour un tour en Nationale 2, Hagondange a dû se résoudre à inscrire une équipe en Pré-nationale, l’équivalent de la 5e division nationale. « 5 filles du groupe de cette saison avaient décidé d’arrêter avec l’ESH quel que soit le classement final, ajoute Alain Wagner. Nous avons contacté des joueuses mais celles-ci avaient des prétentions financières beaucoup trop élevées pour Hagondange, même en N2. Nous ne pouvions pas faire n’importe quoi avec les finances du club. Nous avons des jeunes chez nous et on ne pouvait pas prendre le risque de mettre autant d’argent dans des recrues de passage. Nous avons pris la décision la plus sage selon moi. Même si je suis triste de la situation. »
« On a l’impression qu’ils sont contents de voir des clubs se casser la figure »
Une rétrogradation qui n’a pas vraiment ému grand monde au sein du comité mosellan ni de la Ligue lorraine de volley, au grand désarroi des membres de l’ESH. « C’est dommage qui équipe qui a fait une si bonne saison et a montré une si belle image du club disparaisse de N2, regrette Anne Neu, qui poursuivra sa carrière de joueuse à Yutz-Thionville (N3) l’an prochain. Nous avons fait ce qu’il fallait de notre côté pour montrer le meilleur de notre groupe. » Des regrets partagés par le président Alain Wagner. « C’est quand même extrêmement décevant de la part des institutions de volley de ne pas avoir su réagir quant aux difficultés de l’ESH. La famille lorraine du volley m’a déçu et on a l’impression qu’ils sont contents de voir des clubs se casser la figure. Un club s’éteint et il n’y a aucune émotion. Il y a de quoi s’interroger. » « La Fédération ne met pas les clubs dans les meilleures conditions, corrobore Brice Hinsinger, le coach de l’ESH, qui a décidé d’arrêter pour des raisons familiales. Les clubs d’un même secteur sont éclatés dans plusieurs poules et ont des déplacements coûteux sans aides particulières. La FFVB n’encourage pas au développement des clubs modestes, surtout dans un monde amateur. » Sans entraîneur et avec l’exil d’un grand nombre de joueuses, l’ESH repart de zéro. « Il y a eu beaucoup de larmes aux départs des filles, avoue Alain Wagner. Nous garderons un souvenir chaleureux de ce groupe magnifique qui a rendu fier tout un club. » « Ce fut une belle aventure et une belle histoire d’amitié, conclut Anne Neu. Nous étions arrivés au bout de quelque chose, ce n’est pas un gâchis mais c’est regrettable. Ce club est un petit bijou et il mérite de rebondir vite. » C’est tout ce qu’on peut leur souhaiter…
Photos : DR - Article publié le 24 août 2016