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Portrait de Nöel : Younès El Aynaoui

Ancien 14e joueur mondial à l’ATP, Younès El Aynaoui partage aujourd’hui sa vie entre le Maroc où il est le conseiller du ministre de la Jeunesse et des Sports et la Lorraine où il vit. Le Marocain est également le parrain de l’Association « les Amis de Charles » qui lutte contre la maladie de Charcot. Portrait d’un homme bien.

À l’heure où le classement ATP ne compte aucun joueur marocain dans les 500 premiers joueurs mondiaux en 2012 (le premier se situe à la 613e position du classement ATP, Mehdi Ziadi, NDLR), le début des années 2000 avait pourtant vu fleurir, lui, quelques talents venus du pays du couchant lointain : Karim Alami (25e en 2000), Hicham Arazi (22e joueur mondial en 2001) et Younès El Aynaoui (14e en 2003). Et la Lorraine a hérité du meilleur d’entre eux. Né en 1971 d’une mère française et d’un père marocain, Younès El Aynaoui est à ce jour le Marocain qui a obtenu le meilleur classement mondial et il est détenteur du record de tournois gagnés (cinq victoires)… C’est pourtant tardivement que Younès El Aynaoui est arrivé au tennis, à 15 ans, après avoir vu un certain Yannick Noah triompher à Roland-Garros, c’était en 1983. « Je suis tombé amoureux de ce sport après la victoire de Yannick. Ca été un élément déclencheur dans ma volonté de vouloir faire du tennis mon métier. Mes parents étaient contre mais j’ai persisté et je me suis donné les moyens de réussir. » La volonté est donc reine. Après avoir fait ses gammes au pays avec son frère Karim, Younès El Aynaoui rejoint la Villa Primrose Bordeaux Tennis où se côtoie alors Cédric Pioline, Ronald Agenor ou encore Tarik Benhabilès. « Je me suis installé deux ans à Bordeaux et je suis resté licencié au club durant vingt ans. Ce club a énormément compté pour moi. »

Les USA, Muster et Roddick…

Puis, Younès s’envole pour les États-Unis où il rejoint le camp d’entraînement de Nick Bollettieri pour un stage d’une semaine. Nous sommes en 1990. « Je suis parti à mes frais pour profiter des installations et de l’enseignement du centre durant une semaine. Et puis, comme la formation était bien trop chère pour moi, je me suis arrangé pour rester au camp floridien gratuitement en échange de cours que je donnais aux plus jeunes joueurs. Cette expérience m’a permis de me frotter à des joueurs comme André Agassi ou Pete Sampras et de voir que j’avais le niveau pour devenir professionnel. » Si Younès se souvient surtout de sa toute première grande victoire au début des années 90alors qu’il n’était que 400e mondial contre l’Autrichien Thomas Muster, qui était dans le Top 20 avant de devenir quelques années plus tard n°1 mondial, il n’oublie pas non plus « la tornade médiatique » que son match historique en quart de finale de l’Open d’Australie 2003 avait provoquée. Un match au bout d’un cinquième set époustouflant de 21-19 perdu face à l’Américain Andy Roddick. « Ce match, on m’en parle tout le temps car il a marqué les gens. Pour moi, il reste un souvenir partagé car j’étais à une balle du dernier carré et j’ai finalement perdu. » Ce jour-là, John McEnroe déclare que c’est le plus beau match qu’il ait vu de toute sa vie. 2003 restera la meilleure saison de la carrière d’El Aynaoui : quart de finaliste à l’Open d’Australie après avoir écarté l’enfant du pays n°1 mondial Lleyton Hewitt, quart de finaliste à l’US Open, demi-finaliste du Masters de Madrid et 14e mondial à l’issue de la saison. « Cela reste un grand souvenir même si je regrette de ne pas avoir su saisir ma chance d’aller une fois dans ma carrière dans le dernier carré d’un Grand Chelem. »

Raquette au placard et cœur sur la main

C’est en 2010 que le corps du Marocain a dit stop où il dispute en janvier 2010 l’ultime tournoi de sa carrière à Doha. « Mon envie était toujours là mais le corps récupérait moins bien et faire cinq matches en une semaine devenait impossible à 38 ans. » Aujourd’hui retiré des courts, Younès participe exceptionnellement à quelques tournois du Seniors Tour lors des désistements de dernière minute. « Il faut savoir que pour avoir le droit de participer au ATP Champions Tour*, il faut avoir été numéro 1 mondial, avoir gagné ou fait la finale d’un Grand Chelem. Comme ce n’est pas mon cas, je dépanne avec plaisir. Jouer des adversaires comme Borg, Sampras ou Edberg, ça n’a pas de prix. » Aujourd’hui partagé entre Nancy, où ses trois garçons sont scolarisés, et le Maroc où il officie comme conseiller du ministre de la Jeunesse et des Sports, Younès El Aynaoui est aussi parrain de l’association « Les Amis de Charles » qui lutte contre la maladie de Charcot et grand artisan du Nancy Tennis Classic qui a permis de récolter beaucoup d’argent pour la recherche en juin dernier. Le cœur sur la main, toujours.

* Actuellement, l’ATP Champions Tour est dominé par Carlos Moya devant John McEnroe, Stefan Edberg et Ivan Lendl.

Photos : DR - Article publié le 1 janvier 2013

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