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Greg Tony : « Gentleman » cogneur

Champion du monde de muay-thaï en 2005, champion du monde de K1 en 2012 et multi champion de France de boxe dans la catégorie poids lourds, on ne présente plus Greg Tony, fer de lance du sport de combat lorrain. Bien que défait en mars dernier à Yutz dans la conquête de la ceinture de champion de France face à Fabrice Aurieng, le « Gentleman » n’a pas dit son dernier mot. Entretien musclé.

Les Abymes. Commune de 60 000 habitants de la Guadeloupe qui a vu naître, entre autres, notre médaillé d’or olympique de judo, Teddy Riner. Les Abymes, un nom ad hoc pour une ville éleveuse de champions. Car outre Teddy, un autre monstre, des rings cette fois-ci, y est originaire. Greg Tony, 1,95 mètres de muscles, licencié à Nancy mais installé à Saint-Raphaël (Var), est le symbole d’une Lorraine fournisseuse officielle de rois du ring. Anne-Sophie Mathis, Charles François, Kader Benzinia, on ne compte plus les combattants qui collectionnent médailles et ceintures. Car Greg Tony, c’est un palmarès à faire défaillir plus d’un débutant : multi champion de France de kickboxing, multi champion de France de muay-thaï, champion intercontinental de kickboxing, champion du monde de muay-thaï et champion du monde de K1 (forme de kickboxing) en avril dernier, le tout dans une catégorie difficile : celle des poids lourds. Une carrière qui aurait pourtant pu prendre une tout autre tournure au début des années 90, celle le menant vers le rectangle vert. Adolescent, il fait partie trois ans et demi durant des équipes de jeunes de l’AS Nancy-Lorraine. « À l’époque, j’étais le seul black de l’équipe. Je jouais stoppeur et j’évoluais avec Tony Vairelles. » Ses rapports avec le futur champion de France avec Lens en 1998 ne se passent d’ailleurs pas très bien. « Après un entraînement, les cousins de Tony Vairelles ont commencé à railler l’un de mes coéquipiers qui était sourd et muet. Et comme j’étais là à ce moment-là, on s’est bagarré dans le vestiaire et cela m’a porté préjudice par la suite. » À cause de cette altercation, Greg Tony est alors puni par son entraîneur, contraint de cirer le banc des remplaçants. C’est finalement un championnat du monde de kickboxing, disputé par Lhoucin Benghafour, au début des années 90 qui lui donne l’envie de quitter le ballon rond pour les gants. « Le foot m’a déçu. Et un jour, mon grand-père m’a emmené voir ce combat des championnats du monde de Benghafour à Vandœuvre. Quand j’ai vu ce combat, je me suis dit « je veux faire ça ». » Son destin bascule.

Défait à Yutz en mars, Tony va rebondir

Très vite couronné champion de Lorraine, Greg Tony devient très rapidement le roi de la scène française puis internationale de kickboxing et de muay-thaï avec quatre titres mondiaux à la ceinture. « À la base, c’était un plaisir et puis c’est devenu un travail », sourit le pensionnaire du club de boxe de Dombasle. C’est d’ailleurs sous les ordres de René Cordier, coach attitré d’Anne-Sophie Mathis, que le Lorrain va prendre son envol. Un crochet par la boxe anglaise et Greg Tony prend tout le monde à contre-pied. « J’avais fait le tour, c’est vrai. Mais surtout, je suis un homme de challenge et j’avais envie de relever un autre défi. » Celui de la catégorie reine celui des lourds. Avec René Cordier, le boxeur remporte même le titre de champion de France des lourds en 2009. Mais le 15 mars dernier, celui que l’on surnomme le « Gentleman » a chuté. Sans être KO. Touché à l’oreille droite par un coup de coude involontaire de Fabrice Aurieng, qui remplaçait au pied levé son adversaire désigné au départ, Newfel Ouatah, Greg Tony a dû cesser le combat sur ordre de l’arbitre. Un vrai coup dur pour celui qui visait la ceinture de champion de France une fois de plus. « J’ai une double frustration. La première, c’est de ne pas avoir rencontré Ouatah qui avait soi-disant mal au dos, la seule blessure invérifiable par les médecins. La seconde, c’est l’arrêt du combat pour blessure et surtout que le match aurait dû se finir sur un match nul et non une défaite d’un point. » Un constat qui ne remet en rien en cause la suite de sa carrière, à bientôt 35 ans, au soir de sa quatrième défaite de sa carrière en 22 combats. « J’ai 180 combats à mon actif et seulement 18 défaites toutes disciplines confondues. Vous croyez vraiment que je suis prêt à dire stop ? » Une revanche face à Aurieng serait déjà à l’ordre du jour tandis que Greg Tony devrait s’envoler d’ici peu pour l’Afrique du Sud ou la Nouvelle Zélande afin d’y faire un combat de freefight. Avant de se tourner vers le championnat du monde de K1 au Lavandou en juillet prochain. « Vous allez devoir encore compter sur moi. » 

Photos : DR - Article publié le 31 mai 2013

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