Sadio Mané, le Roi Lion
« Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours eu un ballon dans les pieds »
En débarquant à Metz en janvier 2011, Sadio Mané découvre un autre monde, une autre culture et surtout un football beaucoup plus exigeant. « Ce n’était pas évident au départ, se souvient l’international sénégalais. Surtout que j’avais mal aux adducteurs. J’ai dû me faire opérer et j’ai pu reprendre doucement. Il a fallu s’adapter à la température de la France et de la Lorraine. » Au FC Metz, Mané prend son mal en patience. Il doit attendre le 14 janvier 2012 pour faire ses grands débuts en pro, sous la houlette de Dominique Bijotat, dans un FC Metz malade, qui joue le maintien en Ligue 2, à 15 minutes de la fin du match, contre Bastia. Son entrée est probante et ses prestations lui valent la confiance de son coach. Au final, il jouera 19 matches, avec un but à la clé, pour sa première (demi) saison en pro. Pierre Bouby, qui a vu émerger Sadio Mané au moment où il évoluait avec Metz se souvient d’un « gamin pétri de talent ». « Il allait vite, courait longtemps, dribblait n’importe qui et avait un mental énorme », rappelle l’actuel milieu de terrain de l’US Orléans. « Rapidement, la CFA est devenue trop facile pour lui, note José Pinot, l’ancien coach de la réserve messine. Puis après, ça a été au tour de la Ligue 2. Il a fait aussi de supers Jeux olympiques 2012 à Londres. C’est pour ça qu’il n’est pas resté bien longtemps chez nous. » « Il avait un rapport exceptionnel avec le ballon, ajoute Dominique Bijotat, qui lui a fait vivre ses premières minutes en pro. Il avait bien sûr des lacunes à combler comme le placement dans le jeu avec les autres. Mais à l’époque il était déjà capable d’enchaîner des gestes techniques de très haut niveau. Il était déjà phénoménal » « Il rendait fous ses adversaires avec son explosivité sur cette première touche de balle, corrobore Patrick Hesse, l’ancien adjoint de Bijotat chez les Grenats. On était à chaque fois bluffé. C’était difficile de l’attraper sans faire une faute. Il a un tel coup de reins, c’est extraordinaire »
« Il faut qu’il joue, se fasse plaisir en comprenant que c’est lui le boss »
Lors des toutes dernières heures du mercato d’été 2012, Sadio Mané file en Autriche, au Red Bull Salzbourg. Alors qu’il avait prolongé son bail quatre mois plus tôt avec Metz jusqu’en 2016, le Sénégalais est acheté pour 4 millions d’euros. En Autriche, il découvre un nouveau championnat et crève l’écran. Avec deux titres de champion national, Mané attire l’œil des plus grands clubs et signe le 1er septembre 2014 à Southampton. L’Angleterre le découvre et Mauricio Pochettino puis Ronald Koeman le font flamber au point qu’il signe à Liverpool en juin 2016 contre 41 millions d’euros. Depuis, l’étoile continue de briller avec les Lions de la Teranga, en passe de se qualifier pour le Mondial 2018 et avec les Reds de Jürgen Klopp.
« Il a beaucoup de talent et j’ai envie de lui dire de prendre ses responsabilités et de ne pas regarder ce qui il a derrière ou autour du lui, conclut El-Hadji Diouf, ancien international sénégalais et ancien attaquant de Liverpool. Il faut qu’il joue, se fasse plaisir en comprenant que c’est lui le boss, qu’il joue dans un grand club et qu’il a le droit de faire plaisir à son peuple. » Aujourd’hui dans les 30 meilleurs joueurs du monde, Sadio Mané peut continuer de briller. La Confédération Africaine de Football a dévoilé en décembre les trois finalistes de cette édition. Il s’agit sans surprise de l’Égyptien Mohamed Salah (Liverpool), du Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang (Borussia Dortmund) et du Sénégalais Sadio Mané (Liverpool). Le lauréat recevra son trophée le 4 janvier prochain à Accra au Ghana lors de la soirée de gala des CAF Aiteo Awards.
Photos : DR - Article publié le 28 décembre 2017