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Cécifoot, l’autre façon de jouer au football

Les Bleus contre la Squadra Azzura. Un classique au Stade de France. Mais lorsque les footballeurs sont non-voyants et se défient au stade où évolue habituellement l’Étoile Naborienne, c’est tout de suite moins commun. Entretien avec Lucas Ignatowicz, le sélectionneur de l’équipe de France de cécifoot.

« Sport collectif d’opposition pour déficients visuels, le cécifoot est l’adaptation du football. L’objectif : mettre un ballon sonore dans le but adverse en le faisant progresser à l’aide des pieds, tout en empêchant l’adversaire d’en faire autant. » La définition tirée du site Internet de l’handisport reprend les fondamentaux de ce sport arrivé en France en 1987 sous l’impulsion de Julien Zelela. Celui qui est aujourd’hui le directeur sportif du cécifoot français a coordonné la discipline sur le territoire. Une activité qui, à l’instar des autres disciplines handisport, est essentiellement fondée sur le volontariat et le bénévolat. Ainsi, que l’on soit sélectionneur ou joueur, personne ne vit du cécifoot. Lucas Ignatowicz n’est pas que sélectionneur de l’équipe de France. Il est aussi conseiller technique départemental (CTD) de la ligue d’Alsace de football. « J’ai intégré l’équipe en juin 2014 avant d’en prendre les rênes en janvier de l’année suivante. » Un challenge intéressant à relever de l’aveu même de l’intéressé qui a trouvé dans le cécifoot, « l’envie de partager avec les autres mais aussi sur moi-même. Étant de nature plutôt réservée, le poste que j’occupe désormais a forcément changé la donne. J’ai appris beaucoup en termes de management et dans la relation avec les autres. Par exemple, la façon de s’adresser aux joueurs, le ton de ma voix est un vrai indicateur. Je dois faire passer les messages avec assurance et surtout donner de la confiance aux joueurs qui sont sur le terrain. » Des joueurs sélectionnés lors des 5 week-ends organisés au cours de la saison régulière (4 comptant pour le championnat et 1 en Coupe de France). « Je vais superviser des matchs et c’est comme ça que j’ai constitué la nouvelle équipe de France. Les joueurs viennent des quatre coins de l’hexagone. »

La France au milieu de tableau

Tout comme un joueur de football valide, le joueur de cécifoot doit avoir des qualités d’explosivité. « Savoir provoquer la balle au pied et avoir une puissance aérobie importante. Le cécifoot implique également d’être sous tension physique. Autrement dit, avoir un bon gainage musculaire, les chocs étant nombreux en cours de partie », poursuit le sélectionneur. Autre qualité requise : celle d’avoir une capacité sensorielle décuplée. « L’oreille, le toucher et la perception de l’environnement sont primordiaux. Tout comme la concentration et le fait de traiter rapidement l’information. » Ce vendredi 1er avril, l’équipe de France a su utiliser toutes ces qualités énumérées précédemment pour venir à bout de l’Italie (1-0). « Cela traduit un peu le niveau existant à l’échelle mondiale. Nous nous situons au milieu de tableau si on peut s’exprimer ainsi. La Grande-Bretagne et la Turquie sont clairement au-dessus du lot. Ensuite, viennent la Russie, l’Espagne et dans une certaine mesure, la France. Ensuite, il y a l’Italie, l’Allemagne et la Belgique. Mais attention, ces dernières nations progressent vite. » Prochain objectif : le championnat d’Europe 2017 qui sera qualificatif pour les championnats du Monde en 2018. « Nous ferons ce que nous pourrons. Car dans l’handisport, s’il y a beaucoup de volonté et d’abnégation, il y a beaucoup moins de moyens, qu’ils soient humains ou financiers. » Ce qui n’avait pas empêché les Bleus de revenir des JO paralympiques de Londres avec une médaille d’argent. CQFD.

Photos : DR - Article publié le 1 avril 2016

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