Mathis Keita, la voie du Nord
L’enfance en Moselle
Mathis Keita est né le 15 janvier 1992 à… Roubaix et non à Thionville comme de nombreux sites et journaux locaux le précisent à tort. « Je suis effectivement né dans le Nord de la France, sourit le protagoniste. Mais je n’y ai passé que quelques mois avant de partir en Moselle. » Son père, Jérôme, basketteur lui aussi, signe alors à Nilvange et emmène sa petite famille avec lui. C’est donc dans le 57 que le jeune Mathis découvre son premier ballon de basket. Avec un père basketteur et un oncle, Ahmadou, ancien joueur de Pro A, la genèse de son intérêt pour le basket est donc aisée à deviner. A 13 ans, Mathis Keita intègre le pôle espoir de Metz puis celui de Nancy à 16 ans, sous l’œil avisé du paternel. Pour s’épanouir, il faut quitter la Lorraine. « Hormis le SLUC Nancy, il n’y a pas de clubs de haut niveau malheureusement. Donc, si tu veux passer pro, ce qui était mon ambition, il faut partir. » Après un passage à l’Insep, direction les USA.
Le rêve américain
Repéré par les recruteurs américains lors d’un tournoi U18 avec l’équipe de France, à Mannheim (Allemagne), Mathis Keita quitte l’Insep et s’envole pour les États-Unis en 2010, à l’âge de 18 ans, pour y rejoindre le championnat universitaire NCAA. « J’avais fait un bon tournoi à Mannheim, se souvient le meneur du BCM. Ils m’ont proposé de poursuivre mes études là-bas tout en intégrant le NCAA. Je n’ai pas hésité une seconde. » Mathis Keita rejoint l’équipe de Gonzaga, à Spokane dans l’État de Washington. « La NCAA, c’est un championnat court, qui dure de novembre à mars, et qui est très intense. La concurrence est très forte et il y a de futurs grands joueurs de NBA. » La NBA justement, Mathis Keita n’y a jamais vraiment cru. « Je ne me voilais pas la face, à ce moment-là, la NBA n’était pas à ma portée. Cela reste un petit objectif quand même. » Les Bulldogs de Gonzaga durant deux ans puis les Crimson Hawks de l’Université d’Indiana, dans l’État de Pennsylvanie, et 4 ans d’études de communication, le Thionvillois d’adoption revient en France. « Tu ne peux plus rester en NCAA une fois tes études terminées. Si tu n’es pas drafté en NBA, il faut trouver un autre club. » Et c’est finalement la Pro B qui va accueillir le joueur de 22 ans.
Evreux, l’envol
Il espérait la Pro A en rentrant d’Amérique, c’est la Pro B qui l’a recueilli. « Bien sûr que tu souhaites trouver un club de Pro A quand tu reviens en France. Mais c’est compliqué de se faire une place au soleil dans un championnat avec beaucoup de joueurs de bon niveau. Il faut faire un excellent cursus universitaire pour que les recruteurs français te choisissent. » Recruté par l’ALM Evreux Basket en Pro B, Mathis Keita retrouve le sol français et va vite s’imposer comme une pièce maîtresse de l’équipe de Laurent Pluvy. « C’est quelqu’un qui sait s’amuser tout en restant sérieux, expliquait son ancien coach au moment de son départ d’Évreux. C’est un garçon qui s’entraîne bien, qui dispose d’un gros mental et qui sait ce qu’il veut. » Avec le club ébroïcien, l’un des petits budgets de Pro B, Mathis Keita s’est hissé jusqu’en finale des play-offs d’accession. « Un super club familial avec des supporters extraordinaires. La première saison a été mitigée mais la deuxième a été géniale, autant sur le plan collectif que sur le plan individuel. Je n’en retiens que du positif. »C’est la Pro A qui attend le joueur d’1,96m à l’été 2016
Gravelines-Dunkerque, terrain connu
Habitué des sélections jeunes en équipe de France, c’est donc à 22 ans que Mathis Keita découvre la Pro A. Le désormais ancien joueur de l’ALM Évreux (10 pts, 3 rebonds, 4,3 passes et 10,7 d’évaluation en 25 minutes de jeu en 2015-2016) s’est engagé pour un an au Basket Club Maritime Gravelines Dunkerque Grand Littoral. Il sera le second meneur avec l’Américain Justin Cobbs (cousin du joueur de NBA Russell Westbrook), qui vient aussi de rejoindre la formation nordiste, en provenance du Bayern de Munich. « Mon principal objectif était de trouver un club en Pro A. Ils m’ont proposé un bon projet, avec un bon coach qui compte sur moi. J’aurais des responsabilités, c’est ce que je recherchais, même si je n’ai aucune garantie », explique Mathis Keita.Sous la houlette de Christian Monschau, qui connaît aussi la Lorraine pour y avoir entraîné Golbey-Épinal, Mathis Keita met les ambitions collectives devant tout le reste. « D’abord faire une bonne saison sur le plan collectif avant de penser à mes performances. Gagner le plus de matchs possible avec le BCM Gravelines-Dunkerque et on verra ensuite. » L’équipe de France ? « Dans un petit coin de ma tête mais d’abord réussir en club, ce sera déjà pas mal. »
Photos : DR - Article publié le 16 février 2017