Rugby : Metz, à la recherche de sa gloire passée
Aujourd’hui, penser que Metz mérite un grand club de rugby peut prêter à sourire. Ce fut pourtant le cas il y a presque 25 ans. C’était en 1990 et le Rugby Club de Metz était alors en 2e Division. Plus qu’un exploit, une fierté. Mais aujourd’hui, la fierté a laissé place à l’incertitude. L’incertitude d’un avenir doré pour un club qui manque cruellement de moyens. Bénéficiant de structures d’entraînement modestes à la Grange aux Bois que le club doit, qui plus est, partager avec les Artilleurs de Metz (Foot US), le RC Metz navigue à vue, sans réel espoir de trouver la terre promise dans les années à venir. « Pour grandir, tant structurellement que financièrement, il est indéniable d’obtenir des aides extérieures, explique Antonio Parra, le coach du RC Metz. Sans cela, il nous sera difficile de faire des miracles. Je pense que ce club peut viser la Fédérale 2 dans plusieurs années. Mais pour toucher du doigt cet espoir, il faudra du monde derrière nous. » Aujourd’hui qualifié pour la Fédérale 3, le club mosellan parvient à grimper un échelon qui lui manquait depuis plusieurs années. « Pour réussir à aller plus loin, il nous faut être motivés à 100 % et ce n’est pas souvent le cas, déplore le papa de Morgan, l’international français de Clermont. Il y a les compétiteurs et ceux qui font ce sport pour le plaisir, et qui aimeraient bien rester en Honneurs. Ce n’est pas forcément compatible avec les objectifs du club. »
Morgan Parra et Jean-Marcellin Buttin, les modèles
Doté d’un effectif de 52 joueurs pour deux équipes – la réserve étant en division régionale – le club messin investit également beaucoup dans la formation. Les exemples Jean-Marcellin Buttin et Morgan Parra, tous deux internationaux et joueurs à Clermont, passés par Metz, sont la preuve que le rugby mosellan cache de précieux trésors. À condition de travailler dur. « Les jeunes et les parents qui pensent qu’il suffit de jouer au RC Metz pour avoir la chance de devenir professionnel, ils se trompent. Certes Morgan et Jean-Marcellin sont passés par notre club, mais ils ont surtout bossé sans relâche pour arriver là où ils sont aujourd’hui. » Réussir ses études via le collège de l’Arsenal et le lycée Louis-de-Cormontaigne, intégrer le pôle espoir de Dijon par la suite pour espérer un jour être repéré n’est pas donné à tout le monde. Le parcours de Morgan le résume bien. Le demi d’ouverture clermontois a fait toutes ses classes à Metz avant d’intégrer le pôle de Dijon, d’être recruté par Bourgoin en 2005, puis de passer entre les mains du pôle France à Marcoussis et de revêtir enfin le maillot du CS Bourgoin-Jallieu en 2006, à l’âge de 18 ans. Il effectuera ses débuts en Bleus en février 2008 face à l’Écosse puis signera à Clermont en 2009.
« Morgan avait beaucoup de potentiel en tant que meneur. Il a aussi travailler dur pour réussir. Son parcours est un bel exemple à suivre. » Son petit frère, Gaël, actuellement en U15 au Rugby Club de Metz, pourrait très bien marcher dans les traces de son frère… et de son père. Car Antonio Parra n’est pas seulement le coach du RCM, il a aussi été un joueur majeur de ce club, quand celui brillait en Division 2. « J’ai commencé le rugby à Villers-lès-Nancy avant de rejoindre Metz à l’âge de 20 ans, c’était en 1985. Je suis toujours resté fidèle à ce club malgré les sollicitations de clubs importants comme Strasbourg à une époque. » Antonio Parra, qui joue avec son frère Manuel, devient entraîneur-joueur en 2002 avant de prendre du recul avec le club en 2005. Il reviendra à la tête de l’équipe lors de l’été 2011 après avoir occupé, pendant ce temps-là, les poste de coach à Pont-à-Mousson et la sélection de Lorraine. « J’avais quitté le club car il y avait quelques dissensions au niveau de la direction. Quand le coach est parti s’occuper du pôle de formation tricolore à Toulon, ils m’ont rappelé. Cela n’a pas été un problème de revenir. Metz, c’est mon club. » Un club qu’il aimerait voir un jour, jouer les premiers rôles. « On me dit souvent que la Lorraine n’est pas une terre de rugby. Mais vous croyez que le Nord de la France en est une ? Et Lille a bien une équipe en Fédérale 1, non ? Idem pour la région parisienne qui a beaucoup d’équipes bien situés dans les premières divisions. C’est aussi possible ici. » Le club, qui a fêté ses 50 ans en 2011, n’a pas encore dit son dernier mot.
Photos : DR - Article publié le 13 mai 2014