
Management du sport au féminin : le chemin est (encore) long
Saviez-vous qu’en 1896, aucune femme n’avait le droit de participer aux Jeux olympiques ? Elles avaient « l’honneur » de couronner les vainqueurs. Pierre De Coubertin qui était loin d’être un féministe, en avait d’ailleurs été l’instigateur. Plus d’un siècle plus tard, beaucoup et peu de chemin à la fois, a été parcouru. Évidemment, les femmes sont aujourd’hui des athlètes comme les autres et sont capables, autant que les hommes, de battre des records et de recevoir des récompenses. « Mais il a fallu attendre tout de même les JO de 2012 pour que la boxe soit ouverte aux femmes », a rappelé lors de son allocution, la journaliste, auteure et conférencière, Fabienne Broucaret, qui officiait en tant que « Monsieur Loyal » de la soirée. L’évolution des mœurs est donc un processus lent. Et ça l’est davantage en termes de management du sport au féminin, thématique de la soirée. « Il est important de noter que tout va dans le sens d’une certaine féminisation », a souligné Hélène Schrub, directrice générale du FC Metz depuis 2016. Une exception dans un monde d’hommes. « Aujourd’hui, la LFP a une présidente et la FFF a une directrice générale. » Mais que cela soit au sein de la Ligue 1 ou la Ligue 2, Hélène Schrub avec son homologue féminine du Red Star, doit composer avec une trentaine de directeurs généraux au masculin. « Je suppose qu’il faut avoir un peu de caractère pour s’imposer et il ne faut pas non plus, avoir une appréhension lorsqu’il s’agit de s’exprimer face à une trentaine d’hommes. »
Double vie
Même constat du côté de Virginie Razzano. « L’encadrement n’est pas exclusivement un monde d’hommes. En tant que joueuse, on est travailleur libéral et en quelque sorte, chef d’entreprise car on recrute des personnes pour son activité : des coachs, des préparateurs physiques ou des kinésithérapeutes. Il faut savoir gérer cette double vie : celle de dirigeante et de sportive de haut niveau qui est dans l’obligation de faire des résultats pour pouvoir continuer son activité. » Un double cursus également évoqué en amont d’une carrière d’athlète en devenir comme Camille Dauba. « Je la suis depuis pas mal de temps déjà », indique Gilles Cattani, le coach de la jeune nageuse du CN Sarreguemines. « Pour atteindre ses objectifs qui devraient l’emmener aux JO de 2020, Camille s’entraîne 23 à 26 heures par semaine et assure en parallèle ses cours en STAPS sans oublier le concours à une école de kiné. La natation est un sport mineur médiatiquement parlant et il est difficile d’en parler d’où l’importance du double projet. » Une vie à 100 à l’heure qui n’est pas sans rappeler celle du football féminin. « Nombre de mes joueuses ont un métier et viennent s’entraîner le soir par passion », ajoute David Fanzel. « C’est aussi pour ça que je suis parti dans le football féminin. Car il y a encore ce côté sain et passionné. » Soit l’essence même du sport qui se conjugue, faut-il le croire, donc de plus en plus au féminin. CQFD.
Photos : Moselle Sport - Article publié le 12 juillet 2017