L’OCC – le marathon du Mont Blanc
Jeudi 28 août 2014, 8 heures à Orsières, village suisse du canton de Valais. Ça y est, nous y sommes. Tout est parti un peu comme un défi, à l’issue d’un trail en 2013. Celui du Haut-Kœnigsbourg en Alsace. À cette époque, le groupe d’amis qui est à mes côtés aujourd’hui, a pris la décision de s’inscrire pour l’OCC. Orsières-Champex-Chamonix. 53 km avec 3 300 mètres de dénivelé positif. Une course accessible aux amateurs de distance moyenne, qui offre, selon la présentation faite sur le site Internet dédié, des paysages uniques : « derniers éperons et ultimes aiguilles du flanc oriental du Mont-Blanc dessinant la frontière franco-suisse, glaciers suspendus dans les rochers, torrents fougueux… ». Bref, tout un programme. Il n’empêche qu’aujourd’hui, à 8 heures du matin, nous y sommes.
Avec environ 1 200 concurrents au départ, on se dit d’emblée que l’on n’arrivera pas dernier. Car plus il y en a, mieux c’est ! On espère aussi que tout l’entraînement accumulé cette dernière année et plus particulièrement, ces douze dernières semaines, serviront à parcourir les 53 km et à dompter les quelque 3 300 mètres de dénivelé positif. Quand je vous parle de douze semaines, je vous mens un peu. Contraint par les blessures, j’ai eu un gros mois et demi d’arrêt. Et surtout une seule et réelle semaine d’entraînement. Avant de me retrouver à Orsières, j’ai fait une « rando-course »* de 5 heures et trois entraînements spécifiques pour les côtes et puis… C’est tout ! J’ai donc un peu d’appréhension même si je n’ai qu’une seule envie : tout défoncer ! Tant et si bien que d’Orsières jusqu’à Trient, je cours vite. Voire trop vite. Au premier point de passage, à Champex-Lac, je suis classé 328e et effectué les 7,6 km en 1h05 sur 580 mètres de dénivelé. La cadence se tient jusqu’à Trient avec une pointe à 7,88 km/h entre La Giente (1 481 m) et Trient (1 303 m). Jusque-là, aucun problème. J’en profite pour me changer et amorcer la montée jusqu’à Catogne.
Presque une centaine de participants
Catogne. Un nom que je ne suis pas prêt d’oublier. Une côte difficile qui me confirme que j’ai démarré bien trop vite. Car entre Trient et Catogne située à 2009 m, je m’arrête tous les 100 m pour cause de crampes. Je m’étire indéfiniment je prends des cachets homéopathiques, je perds une centaine de places et je ne « cours » qu’à 3,44 km/h… J’ai mal aux cuisses (et non aux mollets comme je pouvais le craindre) et l’abandon me traverse l’esprit. Je décide tout de même de descendre jusqu’à Vallorcine (1 263 m) à une moyenne qui remonte à 6,56 km/h. Arrivé à destination, je me pose et surtout je me restaure en mangeant salé et des barres énergisantes. J’écoute également avec grande attention les bons conseils de Loïc Kunca, qui a déjà fait de nombreux trails dont la CCC et va s’engager le lendemain sur l’UTMB, et accompagne le groupe en assistance aux ravitaillements. En reprenant la route, j’ai bien l’impression que ma course (re)démarre véritablement. Les crampes sont oubliées et le mental est au beau fixe. L’ascension jusqu’à la Flégère me permet de retrouver mes jambes. Lorsque j’y parviens, ça fait tout de même 9 heures que je cours. Si je veux atteindre mon objectif – boucler en moins de 10 heures – il va falloir accélérer. Comme je suis plutôt frais côté musculairement, j’attaque dans la descente et double presque une cinquantaine de participants. Je termine en 9 h 56 minutes et 38 secondes. 200e sénior masculin sur un peu plus de 400 et 423e toutes catégories confondues. De cette course, je retiens surtout les points de vue exceptionnels (cols, glaciers), une organisation au top, la capacité de se dépasser musculairement et psychologiquement ainsi qu’une météo au beau fixe. De toutes les épreuves qui ont eu lieu au cours de cette dernière semaine d’août, l’OCC est la seule qui a bénéficié d’un temps très clément : le soleil a été de la partie avec une température qui n’est jamais descendue sous la barre des 25°C. Je retiens aussi la formidable aventure avec un groupe d’amis (mon épouse Jennifer Zell-Koenig, Jordane Keca, Nathalie Carrubba et Christophe Bour) qui a également terminé l’OCC.
Eric Zell
*Course à pied et marche dans les montées.
Les autres courses de l’UTMB
UTMB® (Ultra-Trail du Mont-Blanc®) – 168 km – 9 600 m – temps max 46 h
Épreuve de montagne, comportant de nombreux passages en altitude dans des conditions climatiques pouvant être très difficiles (nuit, vent, froid, pluie ou neige), nécessitant un très bon entraînement, un matériel adapté et une réelle capacité d’autonomie personnelle.
CCC® (Courmayeur Champex Chamonix) – 100 km – 5 950 m – temps max 26 h 30
Course de pleine nature empruntant en grande partie le sentier international de Grande Randonnée du Tour du Mont-Blanc (GR TMB) La CCC® est passée du statut de « petite soeur de l’UTMB® » à celui d’une course unique en son genre et parmi les plus prestigieuses au monde. Le départ au centre de Courmayeur est empreint d’une ambiance comme seuls les italiens en ont le secret.
TDS® (Sur les Traces des Ducs de Savoie) – 119 km – 7 250m de dénivelé – 33 h
Course de pleine nature empruntant les sentiers de Grande Randonnée du pays du Mont-Blanc, de la Vallée d’Aoste, de la Haute Tarentaise et du Beaufortain.
PTL (La Petite Trotte à Léon) – 295 km – 26 500 m de dénivelé – 142 h
Ce Tour du Mont Blanc se déroule sur des sentiers parfois difficiles voir inexistants, il comporte le franchissement de nombreux cols et sommets entre 2500 et 3000 mètres d’altitude. Cette épreuve est sans classement, elle est à réaliser en autonomie complète par des équipes de 2 à 3 personnes.
Photos : DR - Article publié le 21 mai 2015