La Moselle bien représentée aux JO de Rio
Simon Delestre : figure de proue
Vingt ans après la dernière médaille olympique française en concours de saut d’obstacles (CSO) – Alexandra Ledermann en bronze à Atlanta – Simon Delestre offrira-t-il une médaille à l’équipe de France ? Celui qui avait atteint, début mars, la première place du classement mondial FEI, devant Scott Brash, a été, début juin, délogé par l’Américain McLain Ward de sa place en tête des « rankings » mondiaux. Qu’importe le classement, les chances du champion d’Europe 2015 sont réelles lors des Jeux Olympiques. « Je pense c’est le travail qui a été fait sur les chevaux les saisons passées qui a payé la saison dernière, expliquait en mars dernier, lors de sa place de numéro un mondial, Simon Delestre. Ce sont des chevaux que je prépare depuis des années qui sont aujourd’hui arrivés à un bagage technique et une expérience presque à 100%, ce qui permet d’être performants quasiment à chaque tour. » Simon Delestre était le troisième Français à accéder à ce rang. En 1992, Éric Navet avait été, quelques mois durant, le premier. 18 ans plus tard, en août 2010, Kevin Staut avait porté, à son tour, le brassard, avant de devoir le céder dix mois plus tard. Le Lorrain avait régulièrement expliqué que le brassard de numéro un mondial ne constituait pas une priorité pour lui et qu’il n’entendait pas tout tenter pour préserver son bien. Car, en cette année olympique, Delestre a évidemment de toutes autres ambitions… « Je suis très fier de permettre à mon pays de renouer avec ce plus haut rang, et de contribuer ainsi à la démocratisation de notre magnifique sport qui fait rêver tant de personnes. » À 34 ans, Simon Delestre se prépare donc à « l’objectif le plus important de la saison ». La dernière médaille d’or remportée par l’équitation française remonte à 1988, à Séoul : c’était Pierre Durand, sur Jappeloup.
Aurélie Muller, la confirmation ?
Nageuse de bassin à ses débuts, Aurélie Muller a découvert l’eau libre en 2007 et s’était qualifiée pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008 où la discipline faisait son entrée. Elle a alors vécu une course infernale sur les Jeux qui lui vaudra plusieurs mois pour s’en remettre. « C’était mes premiers Jeux, j’avais 18 ans. C’était super dur. » Après avoir été sévèrement malmenée par ses adversaires, la Mosellane avait finalement terminé 21e, vivant très mal cette désillusion. Élève d’Olivier Antoine pendant 10 ans à Sarreguemines, Muller s’est séparée de son mentor début 2014 et était partie au Canada, pour travailler avec un coach de renom, Ron Jack. « Ron a été super avec moi, il m’a apporté beaucoup, mais en termes d’entraînements ça ne me convenait pas du tout. » Sous la coupe de Philippe Lucas depuis début 2015, Aurélie Muller se prépare à l’événement de sa vie. « Aujourd’hui, je m’éclate vraiment avec Philippe. Grâce à lui, j’ai vraiment progressé sur le plan mental. Il m’a apporté la confiance en moi qui me manquait. J’ai pris conscience de ce que je pouvais réaliser. Du coup clairement, sur ces Jeux à Rio, je veux ramener une médaille à la France, et si possible la plus belle. En tout cas, j’ai confiance en ce que je fais avec Philippe et en ce que nous avons mis en place avec la Fédération. Tout est fait pour que je présente le mieux possible à Rio. » Seule compétition de nage en eau libre aux JO depuis 2008, l’épreuve des 10 kilomètres a lieu autour de bouées, espacées de 800 mètres. Première nageuse professionnelle en eau libre de France, elle apprécie la liberté que lui procure cette discipline : « Je nage un peu partout dans le monde dans des endroits fabuleux, en pleine nature. Parfois, j’en oublie que je suis dans une compétition. » À Rio, elle saura prendre conscience du défi qu’elle s’offre.
Cyril Graff : « finir en beauté »
À 36 ans, le tireur Cyril Graff, originaire du Pays de Bitche, participe à ses 2es Jeux Olympiques. Son objectif : un podium voire une médaille d’or. La saison écoulée n’a pas été forcément bonne pour Cyril Graff. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas obtenu de résultats probants en coupes du Monde. « Plusieurs facteurs ont fait que la saison a été globalement mauvaise. Par exemple, la Fédération n’a pas souhaité que l’on se rende à une compétition en Azerbaïdjan à Bakou pour des questions sanitaires. Nous avons également fait une pré-olympique à Rio au mois d’avril. Mais les conditions étaient dantesques. Dès 8 heures du matin, il faisait 28° et 35° lors des épreuves. » Cependant, tout n’est pas si morose. Si le Mosellan n’a pas fait de finale, il a multiplié d’autres compétitions (training camp, championnat de France). « Puis mon expérience du haut niveau sera, je l’espère, un atout à Rio. Je pense pouvoir gérer la compétition olympique du mieux possible. D’autant plus que ce seront les derniers pour moi. Je ne suis pas atteint par la limite d’âge mais j’ai désormais envie de me consacrer au métier que j’avais choisi en 2003 (gendarme, NDLR). J’ai donc à cœur de finir en beauté et de quitter la région parisienne pour revenir dans ma région d’origine, la Lorraine ou en Normandie, celle de mon épouse. » Réponse au mois d’août où Cyril Graff tentera le podium sur le 60 balles couché.
Anita Fatis : « je n’y vais pas les mains dans les poches »
L’année avait mal démarré pour Anita. En participant aux championnats de France à Montpellier qui se sont déroulés du 29 mars au 3 avril dernier, la nageuse thionvilloise ne s’imaginait pas passer à côté des minimas. « Il faut dire que j’évoluais en même temps que les valides. J’ai eu une grosse baisse de moral. Fort heureusement, Ludovic Depp, mon préparateur mental a été très présent. » Tant et si bien qu’à Funchal, à l’occasion des championnats d’Europe du 30 avril au 7 mai, les résultats d’Anita ont suivi une pente ascendante. Deux quatrièmes places au 50m et 200m libre mais surtout une montée sur la troisième marche du podium au 50 m dos, synonyme de qualification pour les JO de Rio. « Ce passage à Funchal m’a fait beaucoup de bien au moral et permis d’envisager la suite avec sérénité. » Depuis le 15 juin dernier, Anita est en Loire-Atlantique pour se préparer. « Tous les jours, je m’entraîne dans un bassin de 50m et j’effectue une préparation physique d’une durée de 1h à 1h30 tous les deux jours. Sans oublier le travail sur le mental par téléphone ou par Skype avec Ludovic Depp. » Un rythme soutenu que la Thionvilloise soutiendra jusqu’au 28 août prochain avant le début des hostilités prévu le 8 septembre prochain. « Je m’alignerai sur 200m, 100m, 50m libre et 50m dos*. Quoi qu’il en soit, je n’irai pas les mains dans les poches. J’espère aller en finale. Si cela a été « chaud » pour me qualifier, je me sens aujourd’hui super bien. Je vais donc donner le meilleur de moi-même ! »
*8 septembre pour le 200m libre, 12 septembre pour le 50m libre, 16 septembre pour le 50m dos et 17 septembre pour le 100m libre.
Stéphane Molliens : « construire mon jeu de manière plus patiente »
Globalement, on peut dire que la saison 2015-2016 de Stéphane Molliens a été réussie. Champion d’Europe par équipe au Danemark, synonyme de qualification pour les JO, il a alors mis sa préparation en ordre de marche avec ses principaux partenaires, Conseil Départemental en tête via le dispositif Moselle Sport Académie. Le Mosellan est également passé par la case championnat de France en glanant son 7e titre national en individuel à Lyon au mois de mai. « Depuis, je suis en stage en Lozère. On bosse beaucoup, c’est très énergivore mais très enrichissant. J’enchaîne pas mal de séances de récupération et teste la cryothérapie ! » Pour Stéphane Molliens, ces Jeux seront aussi et surtout l’occasion de mettre en place sa philosophie de jeu offensive et de la canaliser en fonction de l’adversaire. « En clair, de construire mon jeu de manière un peu plus patiente. Il fallait que j’évolue sur ce point. De fait, je travaille aussi bien sur la partie volume que la partie qualitative. » Au-delà du résultat, Stéphane recherche le chemin qui mènera au résultat. Si son palmarès et son niveau international parlent pour lui, le Mosellan souhaite « passer les tours les uns après les autres de manière sereine. Il y a une chose dont je suis certain : je ne veux pas perdre contre un adversaire qui n’est pas meilleur que moi. Celui qui sera performant est celui qui gagnera ».
Nicolas Peifer : tous les espoirs sont permis
Depuis le début de l’année, Nicolas Peifer, le tennisman sarregueminois rafle tout ou presque. Au cours de tournée australienne en janvier dernier, il y a eu trois victoires en double, une finale en simple et une demi puis à nouveau deux succès en double aux Pays-Bas, pour un quart en simple. Après un forfait au mois de février pour cause de maladie, il repart de plus belle en Afrique du Sud avant de gagner son tournoi (l’Open AVS Santé) face au jeune autrichien Nico Langmann puis de terminer sur la 3e marche du podium aux championnats de France par équipe avec Sarreguemines. Après un intermède en Sardaigne où il remporte la finale en double avec Stéphane Houdet, il atteint le Graal avec l’équipe de France le 28 mai dernier en devenant champion du monde ! En effet, les Français ont remporté les deux matches de simple de la finale pour décrocher leur sixème titre mondial. Nicolas Peifer (n°3 mondial) avait alors parfaitement négocié le premier match face à Takashi Sanada (6-1 6-1), avant que Stéphane Houdet (n°1 mondial) n’apporte le point décisif contre Shingo Kunieda (6-4 6-2). Si à Roland-Garros, le Sarregueminois a clairement marqué le pas (une défaite en simple dès le 1er tour et en demi-finale en double), la machine s’est vite remise en route avec un titre conservé à l’Île de Ré, une demi-finale au BNP Paribas Open de France et une finale de toute beauté à Wimbledon malheureusement perdue face à la paire britannique Hewett-Reid. Récent vainqueur avec Stéphane Houdet du Swiss Open, tous les espoirs sont donc permis à Rio pour l’un des membres du Big Four du tennis mondial handisport. On prend les paris ?
Photos : DR - Article publié le 5 août 2016