Hockey sur glace : Les sportifs anonymes ?
Aujourd’hui, le hockey français compte pas moins de 20 000 licenciés sur le territoire. Soit 1 % du nombre de licenciés du sport le plus populaire de notre pays, le football. À titre de comparaison, le 20e sport le plus populaire dans l’Hexagone, en nombre de licenciés, est le tir avec 155 000 licenciés. Le hockey sur glace pourrait-il un jour se démocratiser en France ? Antoine Roussel, attaquant de l’équipe de France de hockey et membre de la prestigieuse ligue américaine, la NHL, tente d’expliquer ce phénomène : « Le gros problème en France, ce sont les patinoires, explique le joueur des Stars de Dallas. On n’a pas assez de patinoires pour accueillir 5 000 ou 6 000 personnes, pourtant c’est « facile » de remplir des enceintes dans des grosses villes comme Lyon ou Grenoble. Il y a tellement de diversité en France, on a 60 millions d’habitants, donc 3 000 personnes, ça ne me semble pas irréalisable. Si on avait des patinoires de 6 000 places, on pourrait attirer des gens qui s’y connaissent moins et qui sont des néophytes. Ils apprendraient à découvrir le hockey, et le bassin d’amateurs augmenterait. » La taille des patinoires, seule raison à l’anonymat de ce sport ? « C’est aussi une question de culture, ajoute Patrick Partouche, président des Galaxians d’Amnéville. Les Français n’ont pas forcément le réflexe de suivre un sport avant tout nord-américain. Mais je suis optimiste sur la curiosité des gens de venir découvrir le hockey sur glace. Le passage des championnats du monde 2017 à Bercy peut d’ailleurs contribuer à la montée du hockey en France. Je l’espère du moins. » Antoine Roussel, l’ailier gauche des Bleus, pense que les mœurs françaises n’ont pas encore bien assimilé le style de ce sport. « Peut-être parce que c’est un sport trop violent, ce qui serait un peu paradoxal étant donné que beaucoup de Français aiment le rugby. Je pense que c’est surtout un problème d’infrastructures. En France, c’est compliqué de percer pour un sport à côté du football. Aux Etats-Unis, la dimension du sport est beaucoup plus globale qu’en Europe, où c’est le foot ou rien. »
« Aucun partenaire n’a lâché et on existe encore grâce à eux »
Si le pari d’un rayonnement grandissant est osé, les réussites de la Ligue Magnus mais aussi du championnat bastion du hockey mondial, la NHL, malgré les obstacles, permettent d’y croire. Il faudra du temps pour passer du rêve à la réalité. « L’attrait des amateurs de sport est grandissant, note Patrick Partouche, président du MAHC Amnéville depuis 2013. Pratiquer le hockey provoque des sensations connues dans aucun autre sport. Patiner sur de la glace avec une lame sous le pied donne de plus en plus envie aux enfants d’essayer. Et croyez-moi, les parents suivent. Le matériel est coûteux, mais il y a de vrais sacrifices pour que leurs enfants puissent s’essayer à ce sport. » Une ouverture qui profite quelque peu à l’augmentation du nombre de licenciés au MAHC. « Nous sommes passés de 180 à 200 licenciés, grâce à l’école de hockey notamment. Nos U11, U13 et U15 travaillent en partenariat avec le club de Metz et nos U18 avec celui de Troyes. Il y a une vraie entraide entre les clubs pour que tout le monde puisse pratiquer dans de bonnes conditions. » Avec un budget de 185 000 euros, le MAHC est en redressement judiciaire depuis 2013 mais se porte bien, à entendre son président. « On doit être rigoureux question finances mais le club va bien. Le budget n’a pas augmenté mais nous faisons tout pour avoir un effectif sénior de qualité. Notre objectif était de faire un beau parcours en play-offs, jusqu’en quart de finale idéalement, car nous n’avons pas les moyens financiers de monter en D1. » Coaché par l’ancien joueur Arnaud Disnard, les Galaxians se reposent sur un effectif en grande partie composé par les joueurs issus de la formation. Seuls 6 étrangers et 4 joueurs venus de l’extérieur composent l’effectif de 20 joueurs. Avec 300 spectateurs de moyenne à la patinoire d’Amnéville, le MAHC vit bien sa situation en D2. « Nous avons eu la chance d’avoir le soutien du Département, de la Région, de la mairie – qui nous prête gratuitement la patinoire -, des créanciers et de la Fédération qui nous ont permis de survivre. Sans eux, le club disparaissait. On ne peut que les remercier. » Le hockey mosellan n’est pas mort. Qu’on se le dise.
Photos : DR - Article publié le 17 mars 2016