Foot US : les Artilleurs de Metz en première ligne
Janvier 1987, la Cinq, chaîne privée et gratuite, diffuse la 21e finale du Super Bowl opposant les Giants de New York aux Broncos de Denver (39-20). Devant leur poste de télévision, les membres de la famille Adolph vibrent devant ce spectacle extraordinaire qui reste, aujourd’hui encore, comme l’événement le plus regardé à la télévision dans le monde. Un phénomène qui a pourtant beaucoup de mal à rentrer dans les mœurs hexagonales et qui ne comptent que très peu d’équipes en France. « Lors de la création des Artilleurs de Metz à l’initiative de mon frère Hervé, en 1987, il n’y avait que très peu de clubs en France et aucun en Moselle, explique Philippe Adolph, entraîneur-joueur des Artilleurs. Du reste, quand nous avons monté ce projet, la Fédération française de football américain n’avait que deux ans d’existence. » Une fédération qui est d’ailleurs née cinq ans après la création du premier club hexagonal : le Spartacus de Paris. « Les matches de Foot US vus à la télévision ont fait naître, chez nous, une véritable passion pour ce sport, ajoute Philippe Adolph. D’ailleurs, une grande partie de ma famille a fait partie, à plus ou moins grande échelle, du projet des Artilleurs : mes frères Hervé, Patrick et Yves ainsi que mes sœurs Catherine, première femme arbitre de France et Anne, kiné, qui intervenait sur nos matches. » À la fin des années 80, le Foot US n’en est qu’à ses balbutiements. Les Argonautes d’Aix-en-Provence en sont la figure de proue. « En Lorraine, on n’a pas pu déterminer réellement qui du club des Tigres de Nancy ou des Artilleurs de Metz s’est créé en premier. Il y a des doutes sur les dates officielles de création. » La sempiternelle rivalité régionale a été plus rapide à se faire que le développement de ce sport dans le Grand Est. Aujourd’hui, les Artilleurs de Metz jouent dans un championnat régional à quatre équipes avec les Tigres B de Nancy, les Blizzards de Freyming-Merlebach et les Wild Cats de Reims, dans l’équivalent de la Division 4 nationale. Une situation qui n’a pas été simple à mettre en place. « En 1998, après le seul titre de champion de France conférence Nord (équivalent D3), le club s’est mis en sommeil du fait du départ sans explications de nombreux joueurs. Devant l’impossibilité de composer une équipe pour la saison, nous avons cessé l’activité durant un temps. » Un temps de… huit ans ! « Pendant cette période, je suis parti jouer aux Tigres de Nancy avant que la Ligue régionale me contacte pour reprendre les rênes des Artilleurs. Je n’ai pas hésité. »
« Un sport ouvert à tous »
Coach et quaterback de l’équipe, Philippe Adolph tente de trouver un second souffle à une équipe aux oubliettes durant huit longues années. En 2006, le club recommence en bas de l’échelle, en Division régionale, et tente, sereinement, de retrouver son lustre d’antan. « Sur le plan collectif c’est un plaisir énorme de jouer avec les Artilleurs, décrit Jean-Philippe Rosan, membre de l’équipe depuis septembre dernier. Un vrai bonheur de jouer avec une équipe aussi soudée et avec des coachs qui nous motivent en permanence. » Une équipe sénior de 40 joueurs, une équipe de U19, de U17, et une équipe de flag football* composent aujourd’hui les Artilleurs de Metz qui se produisent sur le stade du Rugby Club de Metz, « sans oublier notre section de cheerleaders (pom-pom girls, NDLR) qui est composée de douze filles ». Zone sinistrée, le Grand Est oblige les clubs à se restreindre qu’à une dizaine de matches par an, dont seulement 6 de championnat. « L’intérêt du Foot US grandit peu à peu mais c’est loin d’être encore suffisant. On est déjà content de pouvoir pratiquer notre passion mais on serait gagnant d’avoir d’autres équipes dans le secteur », ajoute Philippe Adolph. « Je suis venu au Foot US par curiosité et après avoir essayé, on s’aperçoit vite qu’il ne faut pas avoir un profil physique type pour pratiquer. Contrairement à d’autres pratiques sportives, c’est un sport ouvert à tous », conclut Jean-Philippe Rosan. Au-delà des performances sportives et de monter de divisions, le club tente même de créer une section féminine à Metz. Aux Artilleurs, rien n’est impossible.
*Le flag football ou flag est un sport dérivé du football canadien et du football américain où les plaquages sont remplacés par l’arrachage de bandes de tissus (flag) accrochées à la ceinture des joueurs.
Photos : DR - Article publié le 3 juillet 2013