Escrime : Phase de transition à Metz
Cela faisait bien longtemps que nous n’étions plus allés prendre des nouvelles de la Société d’Escrime de Metz. Plus précisément depuis décembre 2011. À cette époque-là, Guillaume Moinard qui avait repris la présidence en 2010, faisait ses premiers pas de président au sein d’un club, chef de file de la discipline en Lorraine devant Seichamps, Vandœuvre, Thionville ou Saint-Avold et comptait quelques stars à l’image de Lucie Daubigney ou Enguerrand Colin-Andrez, ce dernier étant un pur produit de la formation messine. Trois ans après, qu’est-il advenu du club ? « Nous avons continué sur notre lancée. Même si les dernières olympiades ont vraisemblablement eu un effet négatif sur nos effectifs, rappelle Guillaume Moinard qui a rempilé jusqu’en 2016. De 150 licenciés en 2012, nous sommes tout juste à une centaine aujourd’hui. Londres est passée par là. » Si les résultats de l’équipe nationale peuvent être un facteur de cette baisse significative, le club – comme nombre de ses homologues – a subi de plein fouet les réformes structurelles menées par le gouvernement. Sans faire de la politique de bas étage, force est de constater que les nouveaux rythmes scolaires institués en janvier 2013 et véritablement généralisés à la rentrée 2014, ont eu un impact sur les clubs sportifs. « Le mercredi étant désormais occupé, difficile pour les parents d’initier leurs enfants à la pratique sportive. Comme d’autres disciplines, nous avons essayé de nous adapter mais c’est difficile. » Sans oublier qu’à Metz, le départ des militaires associé au coût incompressible de l’escrime (300 € à l’année, équipement compris), le tout dans un contexte de crise, n’a pas non plus aidé le SE Metz.
La relève semble bel et bien là
Pourtant, le leader mosellan n’a pas ménagé ses efforts. Entre les initiations (600 à l’année), les traditionnelles portes ouvertes, les animations estivales et des exhibitions lors d’événements rassembleurs comme le Téléthon, le club a mené une politique volontariste, résolument tournée vers les gens. « L’objectif étant de faire découvrir l’escrime au plus grand nombre », poursuit le président. Au cours de ces quatre dernières années, le club messin a aussi appuyé sur l’accélérateur malgré la perte d’une génération. « En effet, entre celle d’Enguerrand Colin-Andrez, notre champion d’alors et l’actuelle, il y a eu un trou. Fort heureusement, la génération 2001 et ceux nés un peu après, reprennent le flambeau, indique Loïc Le Foll, le maître d’armes du SE Metz. Il faut 10 ans pour faire une génération et je peux vous dire que celles comprises entre 2001 et 2005, seront mes dernières cuvées ! » Un maître d’armes résolument tourné vers la compétition car à « l’escrime, le seul moment où vous avez du plaisir, c’est quand vous gagnez. » Le breton de souche a tout de même réussi à placer plus de messins dans le classement national que des clubs renommés comme Lyon ou Aix-en-Provence qui comptent respectivement 500 et 350 tireurs (150 pour les Mosellans). « Contrairement à ce que l’on peut croire, l’escrime n’est pas un sport d’équipe. C’est une somme d’individualités. Et avec quatre individualités de talent, on fait une super équipe », ajoute Loïc Le Foll. Cette équipe hors-norme, elle est en train de se constituer. Chez les cadets, Clément Grzybowski et Maxence Schaller, quinze ans chacun, font des étincelles. D’autres plus jeunes pointent également leur bout du nez avec le trio Colin-Andrez – Aliénor (9 ans), Godefroy (10 ans) et Lothaire (11 ans) – issu de la même famille qu’Enguerrand. À noter également les prometteuses Rose Moinard et Jade Grethen, 9 et 10 ans. Bref, la relève semble bel et bien là. Les Bleus n’ont donc plus qu’à faire un résultat en 2016 à Rio. À la fois pour redorer son blason mais aussi redonner des couleurs à l’effectif messin et saluer le travail remarquable de l’équipe en place.
Le saviez-vous ?
Quelles sont les grandes nations de l’escrime ? La déconvenue des Bleus à Londres ne doit pas non plus faire oublier leur extraordinaire palmarès. La France a toujours ramené des médailles au fleuret à chaque olympiade sans interruption depuis 1980. Si l’école Française a toujours valeur d’exemple, les Italiens ont fait montre de toute l’étendue de leur talent aux derniers JO. Citons également l’Allemagne, la Hongrie et la Russie, cette dernière commençant à exporter son savoir-faire aux États-Unis. Rio 2016 sera donc une compétition très ouverte.
Photos : DR - Article publié le 24 février 2015