Philippe Cavelius : « le Dakar est une aventure raisonnée »
En 5 ans, vous êtes devenu bien plus qu’un amateur éclairé du Dakar. À tel point que vous êtes entré dans le top 50 du classement en 2015. Aujourd’hui, il est évident que l’objectif est un classement ?
Détrompez-vous ! Même après 5 Dakar consécutifs, le principal est de finir. La course se professionnalise de plus en plus avec notamment l’arrivée de champions du monde d’enduro. La plupart des concurrents sont désormais des pilotes professionnels. Je ne perds jamais de vue la ligne d’arrivée.
Motard dans l’âme, vous n’êtes sans doute pas insensible au fait que Marc Coma, quintuple vainqueur de l’épreuve, soit désormais le directeur sportif de l’épreuve. Le connaissez-vous un peu ? Qu’est-ce que cela va apporter à la course d’avoir un ancien concurrent dans le staff ?
Marc Coma est avant tout un mec bien. Un véritable champion très abordable, très souriant. Il a toujours un mot pour chacun et m’a même filé un coup de main quand j’étais en galère sur l’épreuve. Le fait qu’il soit dans l’équipe d’organisation, ne peut être qu’un grand atout pour l’épreuve.
En 5 participations, il y a forcément un passage qui vous a plus marqué qu’un autre ?
Il y en a beaucoup. Mais l’année dernière a été particulièrement éprouvante avec notamment deux temps forts. Le premier restera à jamais gravé dans ma mémoire : je suis resté bloqué trois heures en Bolivie dans le Salar Uyuni*, la plus grande réserve de lithium au monde. Les conditions sont tellement extrêmes que l’allumage de la moto s’est mis à la masse. Pour trouver la panne, j’ai tout démonté pendant 1h30 et remonté aussi pendant 1h30. Je suis reparti ! Second temps fort, également l’année dernière. Le 4e jour de l’épreuve, je porte secours à un autre motard qui chute lourdement devant moi. Juste après, c’est mon tour mais avec moins de violence : je me couche dans une dune. Ma moto dévale la pente sur l’autre versant et c’est à ce moment-là que j’entends un gros bruit. Un camion venait de rouler dessus ! Figurez-vous qu’elle a redémarré après une réparation de fortune.
Parce que c’est une KTM ? Vous avez toujours été fidèle à la marque en 5 participations.
KTM, c’est 15 ans de règne sur le Dakar. C’est aussi la seule marque à mettre à disposition des répliques d’usine. Leurs motos dédiées aux rallyes, sont étudiées en usine pour affronter les conditions les plus difficiles et testées au préalable par des pilotes professionnels. En substance, j’ai une moto qui peut potentiellement gagner le Dakar mais il n’y a pas le bon pilote dessus (rires). Plus sérieusement, KTM, c’est aussi une logistique hors-pair sur l’épreuve. Par exemple, je dispose d’une carte magnétique qui me permet d’avoir un accès pièces sur l’épreuve, directement facturé à la concession de Metz.
Cela fait cinq ans que vous vous alignez au départ du Dakar, soit peu ou prou depuis son installation en Amérique du Sud. Ne regrettez-vous pas l’époque africaine ?
Il est certain que j’aurai aimé en faire partie. Mais la Bolivie et l’Argentine offrent de tels panoramas. On traverse l’Atlantique, le Pacifique, on passe la Cordillère des Andes. Le Dakar tel qu’il est aujourd’hui, recèle tous les ingrédients qu’il faut pour les passionnés. Et grâce à ASO**, on vit une aventure raisonnée.
Pour terminer, peut-on espérer un jour vous voir au départ du Dakar sur 4 roues ?
Pas pour l’instant. Pour moi, la catégorie reine, c’est la moto.
*La plaine saline d’Uyuni ou le salar d’Uyuni est un vaste désert de sel situé sur les hauts plateaux du sud-ouest de la Bolivie.
**Amaury Sport Organisation.
Le Dakar 2015 en photos
Pour faire suite à l’article, retrouvez quelques magnifiques images de l’édition précédente.
Photos : DR - Article publié le 7 janvier 2016