Le retour en com’ des Jaune & Noir
« Renault avait deux options : revenir à 100 % ou sortir complètement. Après analyse détaillée, j’ai pris ma décision : Renault sera présent en Formule 1 dès 2016. Les derniers éléments obtenus de la part des principaux acteurs de la F1 nous permettent de nous projeter avec confiance dans ce nouveau défi. » La citation signée Carlos Ghosn, président directeur général, qui remonte à décembre 2015, a donc trouvé sa concrétisation. Pour le premier Grand Prix de la saison en Australie le 20 mars dernier, les deux monoplaces jaunes engagées par le constructeur français avaient particulièrement réussi leurs qualifications compte tenu de leur manque de préparation. « Nos voitures ont réussi à tenir tête à Button et Perez », analysait Frédéric Vasseur, le directeur de la compétition, en charge des questions sportives et techniques à Renault Sport Racing. « Si on m’avait dit, après les essais hivernaux, que la Renault aurait le rythme des Mc Laren et des Force India, j’aurais signé tout de suite. C’est encourageant pour la suite*. » Si Renault a clairement conscience qu’il ne peut pas jouer les premiers rôles, il n’est pas forcément là pour ça. En effet, de l’aveu même de son président, si « l’ambition est de gagner, cela prendra raisonnablement du temps. » Un temps surtout mis à profit en termes d’image. Car comme nombre de constructeurs automobiles, 2016 est aussi l’année de la reprise. Les ventes de Renault ont progressé un peu partout dans le monde, permettant notamment au Français de s’engager en F1. « Les sports mécaniques attisent toujours l’imaginaire des passionnés, comme des conducteurs de tous les jours. Dans le programme exhaustif que nous lançons, la Formule 1 est au cœur de nos efforts visant à accroître la notoriété de Renault, particulièrement sur des marchés où la marque fait ses premiers pas. Cet engagement est également destiné à promouvoir le transfert de technologies de la piste à la route », poursuit Carlos Ghosn.
Miroir, ô mon beau miroir…
La Formule 1 est donc un moyen pour Renault d’accélérer son développement et de continuer à être en première ligne sur les évolutions technologiques majeures de ce sport et de poursuivre le pontage entre hautes technologies développées pour la Formule 1 et technologies de série en particulier dans les domaines de l’électrification et de l’hybridation, déjà chers à Renault sur ses modèles de série. Puis, plus globalement, la F1 rassemble surtout 450 millions de téléspectateurs par an et son potentiel de croissance est important avec des opportunités autour des nouvelles technologies.
Vous l’aurez compris, l’image est donc la priorité numéro 1 du constructeur français. Il en a même rajouté lorsqu’au début du mois de mars, la nouvelle livrée du Renault Sport Formula One Team a surfé sur les vagues d’Australie. Accompagnés de la surfeuse professionnelle australienne Ellie-Jean Coffey, les pilotes Renault Sport Formula One Team, Kevin Magnussen et Jolyon Palmer (nous reviendrons un peu plus loin sur leurs CV respectifs), ont participé à un tournage de promotion en amont du premier Grand Prix. La voiture, un showcar, a été fixée sur une planche de 7,50 m de long par des harnais sur mesure. Remorquée dans l’océan Pacifique, elle a ensuite été libérée pour affronter ses premières vagues. « Nous avions une nouvelle livrée à dévoiler à Melbourne mais nous voulions faire les choses un peu différemment », a indiqué Cyril Abiteboul, directeur général de Renault Sport Racing. « Nous sommes en F1 pour obtenir de nombreux points en piste, mais aussi beaucoup d’attention en dehors. Nous avons donc eu cette idée. À notre connaissance, il s’agit de la première F1 n’ayant jamais surfé (il y en a eu un autre qui avait fait du ski en fin d’année avec Max Verstappen à son volant, NDLR) ! Cela cadre bien avec l’ambiance australienne, mais encore plus avec l’esprit aventurier qui imprègne les derniers modèles de la gamme Renault tels Captur et Kadjar. » Donc question com’, on est pas mal du tout. Mais quid de la piste ?
Pari osé
La piste, Renault la connaît bien. Faut-il rappeler que le constructeur français a révolutionné la discipline en inventant en 1977 le moteur Turbo, devenu rapidement incontournable. En 40 ans et 600 Grand Prix, il a remporté 168 victoires, 12 titres constructeurs et 11 titres pilotes en ayant couru 600 Grand Prix. Un CV log comme le bras et qui en impose. Un constructeur qui a également toujours cru en des programmes destinés aux jeunes pilotes à travers notamment la Renault Sport Academy dont la vocation est double. Celle de détecter des jeunes talents capables d’accéder à la F1 et d’offrir une chance aux différents marchés de Renault de jouer un rôle actif dans la performance sportive de demain, à travers la promotion et le soutien de leurs pilotes locaux. L’un des deux pilotes officiels de la saison, Kevin Magnussen, est issue de ces filières d’excellence. Vice-champion Formule Renault en 2009, il récidive en devenant champion de la Formule Renault 3.5 en 2013 avant d’intégrer les rangs de Mac Laren où sa première saison au plus haut niveau se soldera par une honorable 11e place de championnat avec 55 points. Considéré comme un talent prometteur au même titre que Jolyon Palmer dont c’est la toute première saison en F1. Magnussen a d’ailleurs terminé à la 7e place lors du Grand Prix de Russie, marquant les 6 premiers points de la saison Renault. La marque au losange a donc fait le pari de la jeunesse et de la com’ pour amorcer le retour au plus haut niveau. Rendez-vous le 27 novembre 2016 afin de savoir si le défi a été relevé.
Photos : DR - Article publié le 10 mai 2016