Moselle Sport, votre mensuel n°1 sur le sport mosellan

L’Alpine A110 a 50 ans : Esprit, es-tu là ?

Pour commémorer les 50 ans de l’icône Alpine A110, Renault a présenté en fin d’année dernière l’Alpine A110-50, un concept car censé réinterpréter les codes stylistiques d’origine de la Berlinette. Pour s’en convaincre, nous sommes allés sonder un passionné, Bernard Becker, propriétaire de trois Alpine, deux Berlinettes et une A310.

Carrosserie en carbone, projecteurs additionnels bombés en demi-cercle, lunette tridimensionnelle bien typée laissant apparaître le moteur en position centrale arrière, portières en élytre et nouvelle couleur bleue, version moderne du bleu « Alpine ». Autant d’ingrédients qui sont appelés à faire revivre le mythe de la Berlinette. Un avis que ne partage pas notre témoin du jour. « C’est une Mégane Trophy recarrossée », indique d’emblée Bernard Becker, garagiste de son état et véritable passionné d’Alpine. Celui qui a dans son garage une Berlinette 1300 V85, une 1600 SC et une A310 V6, ne reconnaît pas la patte du constructeur de Dieppe dans la réinterprétation 2013 de Renault. « On s’éloigne complètement de l’esprit de départ. C’est-à-dire une voiture de caractère, accessible et joueuse sur la route. Un engin fait pour les spéciales de rallye et les courses de côte. » Présent aux 24 heures du Mans Historique, l’été dernier avec sa 1600 SC, il a pu voir de près cette fameuse Alpine A110-50. « Elle ressemble à une Supercar et n’a malheureusement pas la personnalité de son aïeule. Pour moi, Renault a tué Alpine. Il n’y a qu’à voir l’A310 qui avait déjà perdu beaucoup par rapport à la Berlinette. Sans parler de la GTA sortie en 1985 et qui ressemblait déjà furieusement à une Nissan. » Le constat est sans appel. Pourtant, Renault serait sur la voie de la rédemption : le Français s’est associé au Britannique Caterham pour concevoir, développer et industrialiser de futurs véhicules sportifs qui devraient voir le jour d’ici trois ans. Et du côté français, les produits porteront la griffe Alpine. « L’ambition de faire revivre la marque était conditionnée par notre capacité à trouver un partenaire afin d’assurer la rentabilité économique de cette aventure. Nous avions aussi dés le départ la volonté de placer l’usine de Dieppe au cœur de ce projet. Aujourd’hui, grâce à ce partenariat avec le groupe Caterham, nous pouvons entrer dans une nouvelle phase, celle de la conception d’un véhicule qui sera l’essence même d’Alpine, capable d’enflammer de nouveau les passions. Ce véhicule pourrait voir le jour d’ici trois ou quatre ans », précise Carlos Tavares, directeur général délégué aux opérations du groupe Renault. Une intention louable surtout à l’heure des multiples fermetures d’usine.

Absence de sensations

« Vu comme l’Alpine A110-50 se présente, elle aura pour objectif d’aller chatouiller les Porsche. Et là, ça sera un autre combat. Car le constructeur de Stuttgart a su faire évoluer la 911, son modèle mythique qui et aujourd’hui l’une des meilleures sportives actuelles. Mais d’une manière générale, je déplore une seule chose : les sensations distillées par les véhicules à tendance sportive. Car il n’y en a plus du tout aujourd’hui », souligne Bernard Becker. Sous-virage, survirage, appels, contre-appels, talon pointe… Tout ça appartient au passé tant les aides à la conduite ont pris le pas sur le talent du pilote. « Même si Renault sait encore faire des voitures sportives – je pense notamment à la Mégane RS – il faut couper toute assistance et s’amuser sur un circuit pour en tirer toute la quintessence. Ces voitures d’aujourd’hui vont vite, très vite, trop vite parfois… Le fait qu’elles soient aseptisées n’arrange rien à l’affaire. » Alors, Bernard, pour vous, ça serait quoi la nouvelle Alpine ? « Une voiture qui reprendrait la ligne de la Berlinette adaptée aux contraintes stylistiques actuelles avec peu d’aides à la conduite et surtout qui garderait l’esprit cher à Jean Rédélé* ou Jean Ragnotti (lire notre encadré) : une caisse joueuse et facile à piloter ! » En quelque sorte, le portrait robot d’une Toyota GT 86 et d’une Subaru BRZ qui s’affichent toutes les deux à un peu moins de 30 000 €. À bon entendeur…

 

*Jean Rédélé, pilote, businessman et pionnier automobile a donné naissance à Alpine en 1955. Avec l’A106 coach, basé sur la plate-forme et le moteur de la Renault 4 CV, l’aventure industrielle et sportive d’Alpine commençait. L’ADN d’Alpine repose sur l’agilité procurée par la légèreté et sur des performances de premier ordre enveloppées dans des lignes fluides : une recette qui fonctionne aussi bien sur la route qu’en compétition. 

Le saviez-vous ?

Durant son existence, Alpine a vendu 30 000 voitures sportives de route. La marque a aussi contribué à porter haut les couleurs sportives de Renault pendant plusieurs décennies. Championne du monde des rallyes en 1973, victorieuse au rallye de Monte Carlo en 1971 et 1973, ainsi qu’aux 24 heures du Mans en 1978, Alpine compte de très nombreuses victoires de prestige à son palmarès.  Son modèle le plus emblématique reste sans conteste aujourd’hui l’A110 présentée fin 1962 et produite jusqu’en 1977. Le dernier modèle, 1600 SX, laissera les fans sur leur faim : l’intérieur perd tout son charme, le moteur laisse quelques chevaux et la carrosserie est déshabillée de toute fioriture. Triste fin pour celle qui fut et qui reste encore, pour beaucoup, l’archétype de la sportive à la française.

Photos : Renault - Article publié le 9 avril 2013

© Moselle Sport 2024 | Conditions générales de vente | Politique de confidentialité