Triathlon : Jeanne Lehair, meilleur espoir féminin
Son insolente réussite serait presque embarrassante pour son club de Metz Triathlon. Multi-championne de France dans les trois disciplines phares du club (triathlon, duathlon et aquathlon), Jeanne Lehair est une championne qui en impose. Et qui ferait presque de l’ombre à ses coéquipières. Sans le vouloir. « Jeanne, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt, observe son entraîneur Jordan Rouyer. Certes, elle a sûrement le plus gros potentiel du club mais du coup, les journalistes en oublient trop vite les belles performances des autres membres du club comme Perrine Gillot ou Marion Doll. C’est important aussi de parler de ses filles talentueuses et méritantes. » Pour le coach de Jeanne Lehair, il ne faut pas pour autant retirer le mérite à la jeune Mosellane, membre du club depuis l’âge de 8 ans. « C’est le pur produit messin. Elle est déterminée et talentueuse, en course à pied notamment. C’est la meneuse du groupe et c’est aussi un sacré caractère. Une vraie tête de mule. Mais ce caractère lui permet de ne rien lâcher et de réaliser de grandes performances. » Championne de France jeunes 2011 en triathlon, 2012 et 2013 en aquathlon et 2012 de duathlon, la Messine n’est pas rassasiée. Bien au contraire. « Je me dis que je peux toujours faire mieux. Il ne faut pas que je me contente de mes victoires en restant sur mes acquis. Je ferais tout pour être la meilleure française de la discipline, puis la meilleure européenne… Toujours plus haut. »
Le sport avant les études ?
Plongée dans le triathlon dès sa plus tendre enfance, à 7 ans, Jeanne Lehair impressionne déjà lors de ses toutes premières courses. Un an plus tard, elle rejoint Metz Triathlon. Comme une évidence. « C’est mon père qui était un fervent pratiquant de ce sport qui m’a donné envie d’essayer, raconte Jeanne. J’adorais le principe de faire trois disciplines dans un sport et je ne m’imaginais pas du tout faire que de la natation ou du vélo. Le triathlon était le parfait compromis. » Avec une vingtaine d’heures d’entraînement par semaine aux côtés de ses coéquipières de l’équipe féminine, vice-championne de France de D2 l’an passé, Perrine Gillot, Ilona Gross, Marion Doll et les nouvelles recrues, l’Italienne Angelica Olmo (3e au Europe junior), la Danoise Ditte Kristensen (7e au Monde junior), la Russe Anastasya Gorbunova (11e au Monde junior), la Portugaise Mélanie Dos Santos (17e au Monde junior), la Canadienne Sarah Anne Brault (11e au Monde Sprint) ou encore la Belge Claire Michel, Jeanne Lehair convoite ce titre de champion de France à la portée de Metz Triathlon. « Bien sûr que nous souhaitons remporter ce titre, tant chez les filles que chez les garçons, précise Jordan Rouyer. C’est un objectif cohérent par rapport au niveau des athlètes. » Une formation de Metz Triathlon malheureusement trop dépendante de l’avenir professionnelle de ses athlètes. « C’est dur de les retenir parmi nous, ajoute le coach de Metz Triathlon. Souvent, elles partent faire de grandes études et comme le département n’offre pas d’aménagements pour les sportives, elles partent souvent sous d’autres cieux. » Pour Jeanne, le choix est déjà fait. « J’aimerais devenir kinésithérapeute mais je vais aménager mes études pour pouvoir percer dans ce sport. Je ferais cela en plusieurs années mais je n’abandonnerais pas le triathlon. Le sport prend le pas sur mes études, pour l’instant. » À deux ans et demi des Jeux olympiques de Rio en 2016, tous les espoirs sont donc permis.
Photos : DR - Article publié le 16 mai 2014