Moselle Sport, votre mensuel n°1 sur le sport mosellan

Jeanne Lehair : Le sport, la société et les femmes

Membre de Metz Triathlon, Jeanne Lehair est déjà championne du monde et d’Europe en relais mixte, à seulement 21 ans. La Messine, qui a commencé le triathlon dès l’âge de 7 ans, a répondu avec gentillesse à cette interview décalée.

Quelle est votre actrice préférée ?

Emma Watson, c’est une femme investie et engagée. Je l’ai connue dans la saga Harry Potter. Elle a d’ailleurs réalisé un discours à l’ONU (en faveur de l’égalité des sexes NDLR) et en plus elle est très jolie.

La femme la plus importante de votre vie ?

Ma mère évidemment, comme beaucoup de monde je pense. Il y a également ma grand-mère et ma sœur, je suis très famille, j’y tiens énormément.

Comment expliquez-vous la différence de visibilité médiatique entre les sportives et les sportifs ?

La majorité des compétitions masculines sont plus spectaculaires et plus rapides. Un homme peut réaliser plus de performances physiques qu’une femme, c’est donc plus impressionnant à regarder. Moins il y a de femmes qui pratiquent un sport, plus c’est facile d’être compétitive, cela peut expliquer la différence de performance.

À vos yeux, la société est-elle assez reconnaissante envers les femmes ?

Il y a encore du travail à accomplir même si on entend plus les femmes s’exprimer notamment dans la politique. Cependant, je pense que la parité est faite pour cacher certains éléments négatifs tels que les différences de salaires. Nous partions de loin, nous pouvons être satisfaites des évolutions mais sur certains points, on doit prendre exemple sur les pays étrangers.

Pour vous, quelle est la plus grande athlète féminine de tous les temps ?

Dans mon sport, c’est Flora Duffy, originaire des Bermudes, elle est deux fois championne du monde. Elle a révolutionné le triathlon. Avant, on gagnait généralement sur la course à pieds, elle a redonné un souffle en se montrant forte en cyclisme. J’admire également Laure Manaudou et la regrettée Camille Muffat qui avaient un entraînement intensif, leur quotidien était très rythmé. Elles se donnaient les moyens de réussir.

Concernant l’argent dans le sport, trouvez-vous normal les différences entre les salaires et les primes entre les hommes et les femmes (Serena Williams classée 51e du classement des sportifs les mieux payés en 2017 selon Forbes – seule femme au classement) ?

Les salaires dans le sport sont surtout variables en raison de la différence des contrats publicitaires. Les femmes souhaitent sûrement être moins miseen scène pour ne pas être des « femmes objets » alors que les hommes sont moins jugés. En triathlon, les primes sont identiques entre les hommes et les femmes. Dans certains sports, les hommes fournissent plus d’efforts. Par exemple, au tennis, il y a plus de match lors des compétitions (2 sets gagnants pour les femmes, 3 sets gagnants pour les hommes).

Dans les prochaines années, quelles évolutions espérez-vous en faveur des femmes ?

Dans le sport en général, essayer de mettre des salaires et/ou primes similaires entre les hommes et les femmes. Il faudrait aussi s’occuper du harcèlement de rue et approfondir l’éducation civique à l’école. Je n’ai jamais subi de harcèlement, je suis une personne qui s’affirme mais certaines femmes ont plus de difficultés à le faire.

Est-ce difficile de s’imposer dans le monde du triathlon pour une femme ?

Le triathlon est un sport récent, il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes. Les compétitions sont retransmises pour les deux sexes. Dans mon sport, nous ne pouvons pas nous plaindre. Même si certaines compétitions se déroulent aux heures de pointes pour les hommes alors que les femmes courent plus tôt. C’est le seul bémol. Personnellement, j’apprécie de courir avant afin de pouvoir profiter et regarder les compétitions masculines (rires).

 

Photos : DR - Article publié le 17 janvier 2018

© Moselle Sport 2024 | Conditions générales de vente | Politique de confidentialité