Moselle Sport, votre mensuel n°1 sur le sport mosellan

Ognjenovic-Liscevic : Madame est Serbie

L’une est au club depuis 2008 et est devenue un pilier incontournable de la formation de Sandor Rac. L’autre est arrivée l’an passée pour compenser la grave blessure d’Allison Pineau en hiver 2011. Toutes deux sont internationales serbes et font le bonheur de Metz Handball cette saison. Svetlana Ognjenovic et Kristina Liscevic se confient sur leur vie en Moselle et sur leur performance lors des derniers championnats d’Europe à domicile cet hiver. Confessions.

Les derniers championnats d’Europe de handball ont été organisés chez vous, en Serbie. C’était forcément un peu spécial pour vous ?

Svetlana Ognjenovic : Avant de commencer la compétition, je ne pensais pas nécessairement que jouer ces championnats d’Europe à « domicile » pouvait être spécial. Mais quand elle a débuté, c’était vraiment génial et je me sentais bien en Serbie, entourée de tous ces gens.

Kristina Liscevic : Mes parents sont venus me voir lors de la demi-finale face au Monténégro et ils étaient très fiers de voir leur fille jouer un match aussi important  à domicile. La maman de Svetlana était là aussi. Cela restera un grand moment d’émotion pour nous toutes.

Justement, comment avez-vous vécu ces derniers CE au cours desquels vous avez terminé 4e ?

S. O. : Devant notre public, on a fait de bonnes performances et nous avons fini à une belle place même si nous regrettons beaucoup ne pas avoir ramené de médailles. L’objectif initial était de passer le 2e tour mais quand on s’est qualifiées, on s’est dit que l’on pouvait aller plus loin. La chose qui nous a manqué, c’est l’expérience du haut niveau.

K. L. : Pour une fois, on était une vraie équipe. L’ambiance et l’entente entre nous ont permis de bien jouer et de faire une belle compétition.

Ce résultat a-t-il eu un impact particulier en Serbie ?

S. O. : Oui, car avant ces championnats d’Europe, peu de monde suivait le handball. Après cette compétition, beaucoup de filles serbes ont apprécié le spectacle et se sont peut-être mises au handball. Les tribunes étaient souvent garnies pour nos matches. Il y avait en moyenne 10 000 personnes pour nous voir. Contre le Monténégro, il y avait 13 000 personnes. Cela fait chaud au cœur.

K. L. : Au départ, cette compétition ne devait pas être en Serbie mais aux Pays-Bas, qui s’est finalement désisté. Du coup, il n’y a pas eu beaucoup de communication et de publicité autour de cet événement qui s’est organisé tard. Mais le pays va recevoir les prochains Mondiaux féminins en décembre 2014 et je suis sûre qu’il y aura beaucoup de monde.

Comment avez-vous découvert le handball ?

K. L. : Mon frère cadet faisait du football. Chez moi, dans mon village en Serbie, il n’y avait pas beaucoup de choix, c’était soit le handball, soit le football. J’ai préféré choisir le handball.

S. O. : C’est un peu la même histoire pour moi. Dans mon petit village en Croatie, on pouvait, nous les filles, jouer qu’au handball car le foot n’était réservé qu’aux garçons. Et comme j’étais hyperactive, il me fallait trouver un sport. Je me suis donc orienté vers le hand.

Svetlana, vous avez quitté la Serbie pour le Danemark en 2007, à l’âge de 26 ans. La première aventure à l’étranger n’a pas été trop dure ?

S. O. : Non car c’était une décision mûrement réfléchie et une envie personnelle de tenter une nouvelle expérience. J’ai eu l’occasion de signer dans un club danois (Slagelse FH, NDLR) pour savoir si j’étais capable de jouer ailleurs. Mais je ne garde pas un bon souvenir de cette année au Danemark, car je me suis fait opérer deux fois là-bas, je n’ai pas beaucoup joué et la vie là-bas était très compliquée. Le climat, la vie, je n’ai pas aimé du tout.

Comment se sont passées vos arrivées successives à Metz ?

S. O. : J’étais en arrêt car j’avais un problème à mon genou et ma carrière était en suspens. Zita Galic (ancienne joueuse de Metz Handball, NDLR) et Sandor Rac, alors entraîneur, m’ont appelée pour venir ici. Ils m’ont précisé que le président était médecin et qu’il pourrait m’aider. Je me suis dit que cela ne coûtait rien d’essayer et cela fait 5 ans que je suis là.

K. L. : J’ai été appelée en renfort après la grave blessure d’Allison Pineau l’an dernier en tant que joker médical. Je jouais alors en Macédoine, et j’ai été tout de suite séduite par la proposition de jouer en France.

Kristina, c’est votre première aventure loin des Balkans. Comment cela se passe depuis un an ?

K. L. : C’était facile pour moi car il y avait déjà Svetlana sur place, ce qui a facilité mon intégration, qui m’expliquait tout. Et maintenant encore d’ailleurs (rires). Je connaissais le club de Metz avant de signer ici et j’aime beaucoup le niveau du championnat français qui est l’un des meilleurs d’Europe. Il y a de nombreuses équipes qui peuvent jouer le titre et ça rend le championnat plus vivant. Il ne me manque que le titre maintenant.

S. O. : C’est toujours plus simple quand il y a une compatriote déjà sur place. Moi, il y avait déjà Vesna Horacek (Croatie) qui était au club et Sandor Rac qui entraînait l’équipe. Car quand je suis arrivée en France, je ne connaissais pas un mot de français. J’ai fait des efforts depuis mon arrivée et j’arrive à me faire comprendre. C’est facile et naturel pour moi d’aider « Kiki ».

Vous portez toutes les deux des numéros de maillot bien particuliers en club comme en sélection. Kristina le 71 et Svetlana le 21. Ont-ils une importance particulière ?

K. L. : L’une des mes ex-coéquipières, une très bonne amie, Dragana Cvijic, portait le 71 en club et moi le 17. Et quand nous nous sommes quittées en changeant de club, nous avons décidé d’échanger nos numéros dans nos futurs clubs. J’ai pris le 71 en club et elle le 17. Ce numéro me suit partout où je vais, en club comme en sélection.

S. O. : Avant, je portais le 7 en club mais quand je changeais de club, ce numéro était souvent pris. À 21 ans, j’ai dû encore changer de numéro alors j’ai pris le 21 et je l’ai gardé avec le maillot national et de club.

Svetlana, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, vous avez choisi de porter le maillot serbe plutôt que celui de la Croatie où vous êtes née, pourquoi ?

S. O. : Je suis partie jouer au handball en Serbie à l’âge de 16 ans et j’ai eu l’occasion de jouer pour les sélections jeune serbes. Et comme j’habitais là-bas, je ne me suis jamais posé la question de porter le maillot de la Croatie. J’ai eu l’opportunité de revêtir le maillot de la sélection serbe, et je ne me suis pas posée de questions. C’était naturel.

Pour quelles raisons avez-vous refusé les sélections entre 2009 et 2011 ?

S. O. : D’une part car j’avais un problème récurrent au genou qui ne me facilitait pas la vie en sélection mais aussi car j’avais un souci avec le sélectionneur en place. Je ne pouvais pas m’entraîner deux fois par jour à cause de mon genou et ça, le sélectionneur ne le supportait pas et m’engueulait tout le temps. J’en ai eu marre et j’ai décidé d’arrêter la sélection définitivement. Puis, en octobre 2011, j’ai vu l’équipe nationale féminine serbe de volley-ball gagner les championnats d’Europe à la télé et je me suis dit que je voulais aussi retrouver ce type de bonheur sous le maillot national.

Au club depuis, 2008, Svetlana, vous faîtes partie des incontournables de l’équipe de Sandor Rac alors que Kristina s’est vite imposée. Comment vous sentez-vous à Metz ?

S. O. : Très bien. Je fais partie du meilleur club du championnat LFH et j’aime beaucoup la France. Je pense que les Français et les Serbes ont la même mentalité. J’aime tellement ce pays et cette région que je pense rester après la fin de ma carrière, car je me sens bien ici. J’aime Metz.

K. L. : Très bien. Certaines choses de Serbie me manquent comme la gastronomie serbe mais je me suis fait à votre culture et à votre cuisine. Mais je ne manque pas de manger serbe dès que je le peux (rires).

Metz Handball a-t-il les moyens de lutter, à court terme, avec les ténors européens et arriver un jour au bout en Ligue des Champions ?

S. O. : L’an passé, on a prouvé qu’on faisait partie des huit meilleurs clubs européens en Ligue des Champions. Pour aller plus loin, c’est compliqué car les autres équipes ont plus de moyens financiers que nous. C’est peut-être là que le bât blesse. On verra bien. Mais cette année, on a le niveau pour gagner la Coupe EHF (C3) si on joue bien et qu’on reste concentrées.

Photos : Moselle Sport - Article publié le 30 mars 2013

© Moselle Sport 2024 | Conditions générales de vente | Politique de confidentialité