Béatrice Edwige, déjà essentielle
Il fallait faire vite et bien. À l’annonce de la fin de l’aventure de Nina Kanto, le président Thierry Weizman devait agir rapidement pour remplacer l’icône de Metz Handball, au palmarès vertigineux et à la trace indélébile. Et c’est Béatrice Edwige qui a fait l’unanimité auprès du staff messin. Après Celles-sur-Belle, où elle a éclos, après Dijon, où elle a grandi, après Nice, où elle est devenue internationale, la pivot a rejoint Metz, avec qui elle s’est engagée pour deux saisons. Mais ne lui parlez pas de comparaison avec la Franco-Camerounaise. « Elle s’appelle Nina Kanto, moi Béatrice Edwige. On est différentes, ce serait malvenu de nous comparer, surtout moi vis-à-vis d’elle. C’est une grande dame de Metz, du handball français. Moi, je suis toute petite. Je ne me mets pas de pression parce que j’arrive derrière Nina qui est un monument. Même si forcément les gens voudront nous comparer, c’est humain. Mais moi je ne le veux pas. » En Lorraine, Béatrice Edwige a donc découvert la Coupe d’Europe, qu’elle n’a que très peu goûtée jusqu’à cette année (2 matchs de C2 avec Dijon en 2013), et poursuit sa progression, elle qui ne cesse d’étonner depuis plusieurs mois. Excellente défenseur dans le secteur central, capable de bons passages en attaque, Edwige s’est imposée en équipe de France avec qui elle a remporté deux médailles en six mois (l’argent aux JO de Rio et la médaille de bronze à l’Euro 2016). « Metz, c’est un beau projet sportif. C’est le plus grand palmarès d’un club français. Je pense que ça va me permettre de prendre une nouvelle dimension, avec mes matchs en Ligue des Champions. » Metz, un choix indiscutable ? « Je suis très contente de mon évolution, après cinq ans à Dijon, deux à Nice, Metz maintenant. Je n’ai pas l’impression de brûler les étapes. À Nice, avec Sébastien (Gardillou, NDLR), j’ai pu travailler mes grosses lacunes, notamment le secteur offensif. J’ai beaucoup progressé. Metz est un grand club. Et l’étranger, c’est peut-être un peu trop tôt. J’ai signé deux ans parce qu’un an seulement, on a le sentiment qu’il faut tout faire trop vite pour s’adapter. »
« Une responsabilité certaine dans la meilleure défense de LdC »
En terrain connu à son arrivée avec ses copines Bleues, Tamara Horacek, Laura Flippes, Laura Glauser ou Grâce Zaadi, Edwige a vite séduit son président Thierry Weizman. « Béatrice Edwige a une responsabilité certaine dans le fait que nous possédons la meilleure défense de Ligue des Champions », assure le patron messin. En quart de finale de la plus prestigieuse compétition européenne, Metz Handball voit grand. « On fait un beau parcours en Ligue des Champions, analyse la pivot messine de 28 ans. On a l’un des effectifs les plus jeunes de la compétition, nous avons d’excellentes jeunes joueuses comme Méline Nocandy ou Orlane Kanor et on montre une très belle image du club. On est le petit poucet et tout le monde se méfie de nous, c’est bien. » En tête du championnat de France devant Brest et Fleury, Metz aimerait conserver son titre récupéré l’an passé. «C’est clairement l’objectif du club et le but de ma venue ici. Il faut tout faire pour conserver notre titre de champion de France. »
« Il y a un an, on était à la cave »
Argentée à Rio et bronzée à Göteborg, Béatrice Edwige a vécu des aventures incroyables avec l’équipe de France en quelques mois. « C’est surtout une aventure humaine très forte, explique-t-elle. C’est une bande de copines qui était contente de jouer ensemble et c’était notre grande force. On divertissait les gens et on y prenait du plaisir. » Avec des regrets de ne pas décrocher mieux ? « Aucun regret en ce qui concerne Rio car la Russie était clairement plus forte que nous et nous méritions notre médaille d’argent. Nous avons remporté la première médaille olympique du handball féminin. C’est une grande fierté. » Par contre, l’Euro en Suède ne reflète pas le même sentiment chez la Parisienne de naissance. « Nous étions hyper déçue par notre médaille de bronze en Suède. Ce fut une grosse déception de perdre en demi-finale contre la Norvège, il nous a manqués dix minutes. Nous n’avons pas été capables de relancer la machine et nous n’avions pas de stabilité dans notre jeu. Ça nous a coûtés la finale. » Emmenées par le revenant Olivier Krumbholz, « qui prône un management participatif et qui nous a remis les cerveaux en place en revenant à la tête de l’équipe », plusieurs joueuses ont confirmé qu’elles faisaient partie des toutes meilleures au monde dont la pivot messine, meilleur défenseur de la compétition. La troisième place laisse peut-être quelques regrets aux supporteurs, car, sans quelques trous d’air, la première ne semblait pas hors de portée. Mais pas aux joueuses. « On n’avait pas eu de médaille depuis 2011. Cette année, on en gagne deux. Qui aurait pu croire cela ? Il y a un an, on était à la cave et là on remonte à la surface tranquillement. On n’a pas encore la médaille d’or autour du cou, on a encore beaucoup de choses à travailler. »
Les copines médaillées de Béatrice Edwige
La médaille de la fashion victim’ : Grâce Zaadi
La médaille de la plus sérieuse : Xenia Smits
La médaille de la plus en retard : A. Luciano est pile à l’heure alors que tout le monde est en avance à Metz
La médaille de la plus fêtarde : joker
La médaille de la chanteuse : Grâce Zaadi
La médaille de la plus bavarde : Moi (rires)
La médaille de la plus artistique sur le terrain : Méline Nocandy et Orlane Kanor
La médaille de la chambreuse : Grâce Zaadi & Ailly Luciano
Photos : DR - Article publié le 6 avril 2017