Tony Kurbos… le héros de Barcelone 1984
Il ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire à l’évocation de cette folle nuit barcelonaise un soir d’octobre 1984. Un sourire de fierté, lui qui est encore aujourd’hui l’un des très rares attaquants à avoir inscrit trois buts sur la pelouse du FC Barcelone, mais également un sourire de bonheur à l’idée de se remémorer les détails d’un match si particulier qui a fait sa gloire et qui a couronné un joueur talentueux, au sommet de sa carrière à ce moment-là. « Jouer Barcelone, c’est toujours spécial pour un joueur, raconte Tony Kurbos. On avait hâte de jouer cette double confrontation. Malheureusement, le match aller ne s’est pas passé comme prévu (défaite 4-1 à Saint-Symphorien, NDLR) car nous avons trop respecté ces joueurs et nous avons fait trop d’erreurs individuelles pour inquiéter le grand Barça. » Humiliés à domicile, les Messins arrivent 15 jours plus tard en Catalogne avec un esprit de revanche et une rage intense. « On n’avait rien à perdre en arrivant sur la pelouse, poursuit Kurbos. On avait eu vent de quelques articles de la presse espagnole qui laissaient penser qu’on allait vivre le même cauchemar qu’à l’aller. Vexés, nous avons joué librement et on a vite compris qu’il y avait quelque chose à faire même en étant menés au score. Le déclic a eu lieu quand on a inscrit deux buts en deux minutes. » À 2-1 pour Metz à Barcelone avec un but de Kurbos, l’exploit est en marche. Les Messins jouent leur va-tout et ne se démontent pas face à l’ire des Catalans. Dix minutes après le retour des vestiaires, Kurbos – de son vrai prénom Zvonko, qui veut dire littéralement Antoine en Français, d’où le surnom Tony – inscrit le troisième but grenat avant de qualifier son équipe en marquant son troisième but de la soirée à la 85e minute. « La défense barcelonaise a eu tellement de mal avec moi ce jour-là, sourit l’Allemand né en Slovénie. Et puis j’ai eu la chance d’avoir un grand passeur aussi, Jean-Paul Bernad. Ça collait bien entre nous, on se trouvait les yeux fermés. Nous avons fait un grand match et ça reste l’un des plus grands exploits d’un club français en Coupe d’Europe. »
Un sextuplé contre Nîmes, à l’extérieur !
Recruté à Tongres (Belgique) en 1982, Tony Kurbos ne prendra pas beaucoup de temps à s’intégrer à sa nouvelle équipe, inscrivant même quatre buts d’une victoire 4-1 à Rouen, lors d’un match de Coupe d’Été. « Je ne connaissais Metz que de nom au moment où j’ai signé au club, raconte l’attaquant aujourd’hui âgé de 54 ans. Je venais de Tongres, l’équivalent d’Auxerre en Belgique à l’époque, et c’est par l’intermédiaire de mon impresario, Anton Rudinski, qui était un ancien joueur de Metz, que je suis arrivé au club. » Buteur dès la première journée contre Lille (victoire 2-0), il inscrira la bagatelle de 17 buts en championnat lors de la saison 1982-1983, et finira à la 6e place du classement des buteurs derrière Halilhodzic (Nantes), Szarmach (Auxerre), son coéquipier Krimau (Metz), Bernard Lacombe (Bordeaux) ou encore Beltramini (Rouen). Aux côtés de Merry Krimau (« j’ai adoré jouer aux côtés de ce super joueur, très collectif à tous les points de vue ») ou de Jules Bocandé (« un joueur très physique et très impressionnant »), Tony Kurbos a inscrit 49 buts en 113 matchs, toutes compétitions confondues (38 buts en L1), avec notamment un sextuplé inscrit en championnat à Nîmes (victoire 7-3 !) en avril 1984. « Paradoxalement, tout le monde pense que mon meilleur souvenir de footballeur reste la victoire à Barcelone. Et je dirais oui et non. Médiatiquement, oui, car cela a fait beaucoup parler. Mais personnellement, je garde surtout en mémoire ce sextuplé à Nîmes car c’est un record dans le monde du foot, quand on prend les plus grands championnats européens. Et j’en suis très fier. » Résidant à côté de Nice et reconverti dans le commerce de voitures – il a récemment vendu et livré en personne la voiture du défenseur français du Real Madrid, Raphaël Varane – Tony Kurbos garde un souvenir ému de son passage à Metz avec qui il a remporté la Coupe de France en 1984. « J’ai adoré mes années messines et les gens de la région. C’était un club très familial avec des supporters fidèles. Cela reste assurément mes meilleures années de footballeur. » Passé ensuite par Saint-Étienne, Mulhouse (où il finira meilleur buteur de Ligue 2), Nice, Monaco (finaliste de la Coupe de France1989), Dunkerque avant une fin de carrière à La Pierroise (Réunion). « J’avais subi trop d’opérations et mon corps ne répondait plus très bien », concède-t-il. Aujourd’hui chef d’entreprise, Tony Kurbos s’éclate dans sa nouvelle vie. « Ma reconversion n’a pas été trop dure puisque j’avais commencé cette occupation pendant ma carrière en rendant service à mes coéquipiers en leur trouvant des belles voitures. J’en fais ma vie professionnelle aujourd’hui. » Un attaquant de classe, vous disait-on.
Photos : DR - Article publié le 13 novembre 2014