Remy sans famille
Son nom revient sans cesse aux abords du Stade Saint-Symphorien au moment de dénicher le nouvel entraîneur du FC Metz. Patrick Remy comme une vieille rengaine pour celui qui a débuté sa carrière professionnelle chez les Grenats. « J’ai vécu une parenthèse enchantée à mes débuts dans le foot professionnel, explique le natif de Béchy. J’étais alors au lycée Jean-XXIII quand je suis arrivé, en tant que junior, au FC Metz. Je suis monté en équipe réserve puis en équipe première assez rapidement. Pour moi, devenir pro, c’était un peu fou. Être payé pour porter le maillot du club de mon cœur et de fouler la pelouse du mythique stade Saint-Symphorien était quelque chose d’incroyable. J’ai eu de la chance. » Des débuts en août 1973 à Saint-Étienne, il inscrira le premier but de sa carrière lors de la 37e journée de cette première saison en pro. Patrick Remy. Avec 84 matchs et 8 buts marqués en six saisons à Metz, l’ailier effectuera sa plus grosse saison en grenat en 1977-1978 avec 37 matchs joués. « De ma période à Metz, je me souviens de coéquipiers exemplaires comme Patrick Battiston, Bernard Zénier, Michel Ettorre ou Pascal Raspollini. J’ai aimé ces années messines et si je devais avoir un regret, c’est de ne pas avoir plus pensé à moi sur le terrain. D’être plus égoïste et de ne pas avoir pris conscience qu’il fallait se mettre plus en évidence pour avoir une plus belle carrière. » En 1979, Remy quitte Metz pour Auxerre avant de finir sa carrière en 1984 à Marseille. « Marseille, ça s’est moins bien passé car j’étais un peu jalousé. J’ai raccroché les crampons pour enfiler la veste d’adjoint au directeur du centre de formation. »
Aujourd’hui bizarrement sans club
Sa cote n’a jamais vraiment chuté. Pourtant, il se retrouve aujourd’hui sans club après une dernière aventure dans l’Aube, à Troyes. Il y a quatre ans déjà. C’est tout le paradoxe de Patrick Remy, entraîneur de 59 ans, qui a marqué de son empreinte tous les clubs qu’il a coachés. Constatez par vous-mêmes : une finale de Coupe Gambardella (la seule de l’histoire du club) et une montée en Ligue 2 avec Beauvais (1994-1996), une montée en Ligue 1, une finale de Coupe de France et une qualification pour la Coupe Intertoto avec Sedan (1998-2000), deux qualifications pour l’Europa League avec La Gantoise (2000-2002), une montée en Ligue 1 et une finale de Coupe de la Ligue avec Caen (2002-2005) et une montée en Ligue 2 avec Troyes (2009-2010). « Je n’ai que des bons souvenirs de mes passages dans ces clubs, explique Patrick Remy. J’ai toujours réussi à tirer le meilleur de chaque groupe dont je me suis occupé et même si les histoires se terminent souvent mal pour un entraîneur, je suis content du chemin parcouru jusque-là. » Souvent cité par la presse dans les « short-list » des présidents de clubs – Auxerre et Arles-Avignon en Ligue 2, récemment – Patrick Remy n’est pourtant pas choisi à la fin. Un mystère pour beaucoup après les bons résultats en club du natif de Béchy, en Moselle. « Pour prendre un club, il faut être sûr du projet et du rôle de chacun. J’explique ma façon de travailler et si la direction est d’accord avec cela, on peut travailler ensemble. Gérard Bourgoin m’avait sollicité à Auxerre mais il a finalement choisi Bernard Casoni. J’ai alors respecté son choix sans problème. J’ai également reçu des appels de clubs du Maghreb mais je ne le sentais pas. D’ailleurs, le dernier club qui m’a appelé est dernier de son championnat et a changé déjà trois fois de coach. Je crois que j’ai bien senti le coup. »
L’homme des montées
Gérant d’une société de consulting et de scouting (supervision pour les clubs), Patrick Remy travaille exclusivement pour le club belge de La Gantoise, qu’il a coaché entre 2000 et 2002. « Je supervise les joueurs du sud de la France en allant voir des matchs de National, Ligue 2 et Ligue 1. Je vois trois matchs par week-end et je fais mon rapport à La Gantoise tous les mois. Je travaille pour eux quand je n’ai pas de club. Je l’ai fait après Guingamp et je le fais depuis la fin de mon aventure avec Troyes. Si je peux retrouver un banc rapidement, c’est bien. Sinon, je me plais beaucoup dans cette mission. » Celui qui a débuté sa carrière d’entraîneur en 1995 à Beauvais a déjà été plusieurs fois approché par Metz pour prendre en main l’équipe, sans succès, pour le moment. « L’histoire entre Carlo Molinari et moi est un peu spéciale, chuchote Patrick Remy. Il m’a appelé lors de la première descente du club en L2 en 2002. Mais on ne s’est pas entendus car il voulait décider de mon adjoint. Et je ne voulais pas travailler avec n’importe qui. » Finalement, le président Molinari optera pour Jean Fernandez. Depuis, il a obtenu de nombreuses montées grâce à une méthode bien huilée. « Je pense que pour être un bon entraîneur, il faut avoir deux qualités : avoir des résultats et être crédible auprès de son groupe et de sa direction. Le reste, c’est du bla-bla. » Quatre ans déjà qu’il ne côtoie plus les bancs de France. Une éternité pour le monde du football…
Photos : DR - Article publié le 12 septembre 2014