Nestor Combin : le coup de « Foudre »
Sa vie est un roman. Sa naissance en Argentine, son départ pour la France à 18 ans, son explosion à l’Olympique Lyonnais, l’enfer vécut dans son pays de naissance lors de la finale de la Coupe Intercontinentale contre Estudiantes La Plata avec son club du Milan AC, son arrivée à Metz et sa fin de carrière au Red Star… Nestor Combin est un habile adepte du contre-pied. Et à 73 ans aujourd’hui, le Franco-Argentin n’a rien perdu de sa verve. « J’ai fait une belle carrière. Je suis arrivé de la misère argentine sans personne pour m’aider et je me suis fait seul. Le chemin a été compliqué mais l’histoire est belle au final. » L’histoire épique de Nestor Combin commence à Las Rosas, petite ville de 12 000 habitants dans la province de Santa Fe (Argentine), au nord-est du pays. Formé à Colon Rosario, Combin décide de quitter son pays à 18 ans pour tenter l’aventure en France. Et c’est l’Olympique Lyonnais qui hérite du joyau. Les débuts sont cependant difficiles pour le jeune Argentin et il faudra attendre la saison 1962-63 et l’éclosion de jeunes joueurs du centre de formation (Marcel Aubour, Fleury Di Nallo) pour que l’OL se hisse dans le haut du tableau du championnat de France. L’OL termine 5e en 1963 et échoue en finale de la coupe de France. La saison suivante, Lyon remporte la coupe de France, glanant ainsi le premier trophée de son histoire. Cette finale va sceller alors son destin. « Gagner ce titre m’a permis de me faire connaître au niveau international, d’acquérir la reconnaissance. J’ai eu la chance de marquer les deux buts de la finale face à Bordeaux (2-0), quelle joie ! Grâce à ce doublé, de grands clubs européens m’ont contacté. » En 1964, la Juventus Turin du président Vittore Cattela s’offre l’imposant attaquant lyonnais. Mais le caractère bouillonnant de l’entraîneur paraguayen des Bianconeri, Heriberto Herrera, ne colle pas avec la personnalité de Combin et cette première saison à Turin sera la dernière. Prêté un an à Varese – « une petite équipe qui me voyait comme le sauveur mais c’était inimaginable de faire quelque chose avec ce niveau » – Combin participe tout de même au Mondial 1966 en Angleterre, mais paye sa saison mitigée avec le club lombard. Il ne participera qu’au premier match des Bleus contre le Mexique (1-1).
Du Milan AC au… FC Metz !
Après deux ans au Torino, Nestor Combin arrive au Milan AC en 1967, dans les bagages de Nereo Rocco, le nouveau coach des Rossoneri. Avec Milan, l’attaquant franco-argentin remporte la coupe Intercontinentale en 1969 dans des conditions tragiques. De retour dans son pays natal après dix ans d’absence, Nestor Combin subit les foudres du public et surtout de la défense de l’Estudiantes. Attentats, coups volontaires, Nestor Combin sort du match en sang, nez cassé et mâchoire fracturée, avec la police aux trousses. Arrêté à la fin du match pour désertion au service militaire argentin, Combin repartira finalement avec son équipe la nuit suivante. « C’est un souvenir difficile pour moi, raconte Nestor Combin. Ma mère avait fait 350 km pour venir me voir au stade de Buenos Aires et elle a assisté à cela. Je n’en voulais pas aux supporters de me siffler, cela fait partie du métier, mais l’attitude des joueurs de La Plata n’est pas excusable. C’était incompréhensible. » Sentant le vent tourné au Milan AC lors de l’été 1971, Carlo Molinari prend contact avec son homologue milanais, Federico Sordillo, et obtient la signature du puissant attaquant. « Cet été-là, je voulais signer à Marseille, avoue Nestor Combin. Je voulais jouer avec Skoblar et Magnusson, ce qui se faisait de mieux en France. Il me restait deux ans de contrat avec Milan mais j’ai signé à Metz. » « Aujourd’hui, il serait impossible d’imaginer que le FC Metz s’intéresse à un joueur du Milan AC, sourit Carlo Molinari. Mais à l’époque, en 1971, la différence entre Metz et Milan n’était pas aussi grande qu’aujourd’hui. »
34 buts en 61 matches avec Metz !
Le coup de maître du président Molinari permet à Jacques Favre, l’entraîneur messin, de jouir d’un attaquant de classe européenne dans son effectif où sont déjà présents les Danois Tom Søndergaard et Hening Jensen. « Nestor était un attaquant très puissant, sans avoir une vitesse exceptionnelle mais son explosivité sur les espaces courts faisaient des merveilles, se souvient Carlo Molinari. C’était un joueur remarquable qui a marqué des buts fantastiques, notamment contre Ajaccio à Saint-Symphorien, en ciseau-retourné. » Auteur d’un triplé dès son premier match avec le FC Metz, lors de la deuxième journée contre Lille (4-0), Nestor Combin est le leader d’attaque de l’équipe grenat. Auteur de 16 buts en 27 matchs la première année et de 18 buts en 34 matchs la seconde, Nestor Combin étonne par sa gentillesse et sa disponibilité. « C’était un bon vivant, rappelle l’ancien président messin. Un peu trop même (rires). Il n’avait pas le souci de la diététique et ne vivait pas comme un sportif de haut niveau. Mais cela ne l’empêchait pas de briller sur le terrain. » « Les gens ont été très gentils avec moi à Metz, note Nestor Combin. On me traitait comme un seigneur et les personnalités régionales se battaient pour me serrer la main. Je suis fier de mon passage à Metz car je crois avoir donné satisfaction au public. » Après deux ans à Metz, Combin partira au Red Star avant de raccrocher les crampons définitivement en 1975. Marié depuis 51 ans avec une Française, Nestor Combin coule aujourd’hui des jours heureux dans l’Hérault. Avec le souvenir d’avoir marqué son époque…
Photos : DR - Article publié le 13 janvier 2014