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Kastendeuch : « Un bonheur et un soulagement de revoir Metz en L1 »

Joueur le plus capé de l’histoire du FC Metz avec 515 matchs disputés sous le maillot grenat, qui mieux que Sylvain Kastendeuch pour revenir sur la montée du club messin en Ligue 1, deux ans seulement après sa rétrogradation en National ? L’ancien capitaine grenat et actuel coprésident de l’UNFP, syndicat des joueurs professionnels, se réjouit pour le FC Metz et les supporters tout en étant catégorique sur un éventuel retour dans son club de toujours. Entretien.

Sylvain, que représente, pour vous, la remontée du FC Metz en Ligue 1 ?

Sylvain Kastendeuch : Je ne vais pas être original, c’est une belle joie. J’ai encore en mémoire, il y a deux ans, la descente en National, au soir du dernier match à Saint-Symphorien où, avec nombre d’anciens, nous étions venus assister au match dans une sorte d’union sacrée pour montrer à tous les supporters que les anciens joueurs étaient solidaires et concernés par la situation du club à cette époque. On est revenus l’an passé quand le club était remonté en Ligue 2. Et c’est évidemment un bonheur et un soulagement de voir le FC Metz remonter si rapidement en Ligue 1.

Auriez-vous cru, au soir de la descente du club en National, que celui-ci retrouverait la Ligue 1 deux ans plus tard ?

S. K. : Sincèrement non. Même si on avait cet espoir que Metz retrouverait la Ligue 1 un jour, il faut être honnête, c’était difficile voire impossible d’imaginer que le club serait dans l’élite deux ans plus tard. À la fois économiquement et aussi en raison de la pente savonneuse sur laquelle le club s’était installé, il était vraiment difficile d’imaginer cela. En même temps, quand on a été compétiteur et qu’on a défendu ces couleurs et ce maillot, on était conscient que rien n’était impossible et que cela dépendait aussi et surtout des joueurs en place et de la capacité du club à rebondir. Il y avait un espoir, tout de même. Il fallait avoir confiance en eux pour réussir. Et c’est ce qu’ils ont fait brillamment.

Comment peut-on expliquer qu’un club puisse obtenir deux montées successives, comme Évian et Bastia auparavant ? La descente a-t-elle été un mal pour un bien ?

S. K. : C’est difficile à dire. Je pense que si tout le monde avait pu éviter ce traumatisme à ce moment-là, ils l’auraient fait. Maintenant, avec le recul, on peut éventuellement le dire mais un échec n’est jamais obligatoire pour relever la tête et espérer un avenir plus radieux. Il était surtout primordial que tout le monde se remobilise au moment de commencer la saison en National, et essaye de gommer ce traumatisme au plus vite. Ce qui a été fait magistralement.

Vous avez connu Albert Cartier en tant que coéquipier puis en tant qu’entraîneur. Êtes-vous surpris par sa réussite ?

S. K. : Son retour a fait beaucoup de bien au club. Il incarne parfaitement l’histoire, le passé et le présent du club, il a su incarner une dynamique positive et mobiliser tout le monde. La clé de la réussite, elle a été surtout dans le choix de faire revenir Albert au FC Metz. Il a insufflé la soif de gagner et de réussir à tous les étages du club et c’est à l’image de l’homme et du joueur qu’il a été. J’étais content quand le choix de nommer Albert Cartier à la tête de l’équipe a été fait, et il a assumé en parvenant à faire monter le club deux fois successivement.

Quelles sont les chances du FC Metz cette année ? Le club est-il armé, deux ans après avoir été en National, pour se maintenir en Ligue 1 ?

S. K. : Savourons d’abord cette montée en Ligue 1 avant de présager de ce qu’il se passera l’an prochain. Faisons confiance à l’équipe en place car ce sont des questions que l’on s’est tous posé avant le début de chaque saison les deux dernières années et ils ont toujours su répondre présent en termes de motivation et de recrutement intelligent. Il n’y a pas de raison que cela ne continue pas d’être positif l’année prochaine et d’autres clubs l’ont prouvé comme Bastia qui a pris le même ascenseur que Metz et qui se maintient assez aisément chaque saison. Continuons à être optimiste et reposons-nous sur Bernard Serin et son équipe pour prendre les bonnes décisions.

Quelles sont les clés pour se maintenir parmi l’élite ?

S. K. : C’est vraiment un ensemble. Il faut une forme de stabilité tout en recrutant intelligemment avec les moyens dont dispose le club, tout en continuant à s’appuyer sur cet esprit de corps, cette volonté de réussir ensemble. L’équilibre est fragile et la réussite ou l’échec ne tient pas à grand-chose.

Quel lien avez-vous encore aujourd’hui avec le FC Metz ?

S. K. : Je suis uniquement un supporter. Je viens voir les matchs, j’ai, de temps en temps, l’un ou l’autre au téléphone mais vraiment, je suis complètement extérieur au club et je suis supporter des Grenats. Cela se résume à ça.

Pourriez-vous, dans l’avenir, retrouver un rôle au sein du club messin ?

S. K. : Je ne crois pas. Il y a eu plusieurs tentatives depuis que j’ai arrêté mais je suis très bien à l’UNFP où je me suis inscrit dans la durée. J’ai un devoir d’indépendance et d’impartialité à travers mon rôle de représentation de l’ensemble des joueurs professionnels, donc je ne l’envisage pas. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait mais ce n’est pas mon but. Je n’aspire à rien et j’espère que je vais longtemps continuer avec l’UNFP.

On vous a longtemps comparé, durant votre carrière, à Laurent Blanc, sur votre style de jeu et votre intelligence. On vous prédisait d’ailleurs une belle carrière d’entraîneur. N’y avez-vous jamais songé ?

S. K. : Non. J’avais passé mes diplômes pendant mon activité de joueur mais je me suis vite rendu compte que j’aspirais à autre chose et que je n’ai senti que j’avais cette vocation. Pour faire ce métier-là, il faut avoir cette passion de vouloir éduquer, transmettre, s’investir tous les jours… moi je souhaitais prendre du recul par rapport aux résultats, éviter de dépendre de ses joueurs et on a beau les mettre dans les meilleures conditions le week-end, le résultat n’est pas toujours à la hauteur. Et puis il y a une instabilité incroyable dans le métier de coach et c’est compliqué pour moi qui aime s’investir dans la durée.

Vous êtes aujourd’hui co-président de l’UNFP. Comment se porte le syndicat des joueurs professionnels ?

S. K. : L’UNFP se porte très bien. Nous avons 94 % de joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 qui nous font confiance. Nous les représentons à tous les niveaux, dans les institutions, en maintenant leur statut, leurs avantages, être attentif à leurs besoins et on essaye aussi de redorer une image quelque peu écornée dernièrement. Ca fonctionne bien, l’Union nationale des footballeurs professionnels est une société de 45 personnes qui s’est installée et je m’y plains vraiment bien.

Quels sont les projets et perspectives de l’UNFP ?

S. K. : Il n’y a plus grand-chose à inventer. Notre objectif est de maintenir et de continuer à négocier cette convention collective pour les joueurs car ce n’est pas parce que certains garçons gagnent beaucoup d’argent qu’il faut arrêter de préserver les droits des footballeurs professionnels. Mais aussi continuer de leur proposer des choses autour d’eux et dans toutes les dimensions qui les concernent comme l’assurance, les conseils financiers, le management mais aussi la formation. Ca marche bien puisque chaque année, nous avons entre 100 et 200 garçons qui viennent se renseigner sur la formation, la reconversion, les contrats de travail… Nous essayons chaque année d’être encore meilleurs.

Il y a toujours plus de joueurs sans club chaque année. Se dirige-t-on vers une amélioration ou une complication de la situation dans les années à venir ?

S. K. : Il y a tout simplement moins de joueurs professionnels d’année en année car les clubs se sont rendu compte qu’il y avait tout simplement trop de joueurs pros sous contrat dans leur effectif – de 30 à 35 joueurs – et donc les groupes se sont réduits. Nous sommes passés de 1 200 pros à un peu moins de 1 050, donc 150 contrats en moins sur les clubs de Ligue 2 et Ligue 1 cette saison. En fin de saison, nous avons toujours entre 200 et 250 garçons qui s’inscrivent au chômage et qui ne retrouvent pas de club tout de suite. Ca fait donc une moyenne de 20-25 % de joueurs qui ne signent pas de contrat. Au fil des mercatos, ce chiffre baisse mais il doit rester une bonne centaine de joueurs qui doivent se reclasser au niveau amateur, qui attendent une saison de plus pour avoir un club ou qui arrêtent complètement leur carrière. Une carrière de joueur dure en moyenne six ans et demi, il faut que le public le sache, ce n’est pas une rente à vie, c’est très instable et il y a effectivement des chômeurs quand tous les corps de métier en général.

Sur les dix derniers vainqueurs du trophée du joueur du mois UNFP, il y a 5 joueurs parisiens et trois Lillois. Quel regard portez-vous sur les nouveaux géants de L1 que sont Paris et Monaco ? Est-ce une bonne chose pour le championnat de France ?

S. K. : Oui, c’est une très bonne chose et le dernier résultat de l’appel d’offres pour les droits TV de la Ligue 1 le montre, notre championnat intéresse de plus en plus de monde et cela crée une vraie dynamique en France. Avoir d’aussi grands joueurs dans le championnat, c’est du jamais vu à ce niveau-là, les Ibrahimovic, Cavani, Falcao, ce n’était jamais arrivé donc c’est vraiment très bon. Après, il n’y a pas que ça, il y a aussi des joueurs pour qui c’est plus précaire mais c’est une très bonne chose d’avoir cette locomotive. À charge pour Marseille, Lille, Lyon ou Saint-Étienne de s’accrocher et de se rapprocher du niveau de Monaco et de Paris pour faire en sorte que le championnat ne se résume pas à l’ASM et au PSG mais je pense que l’on n’a pas de soucis à se faire. Ce n’est pas dit que cela soit encore le cas l’an prochain.

Sylvain Kastendeuch en 5 dates

1963. Naissance à Hayange (Moselle). Sylvain découvre le football à Mackwiller (Bas-Rhin) avant de rejoindre l’ASPTT Metz et être repéré par le FC Metz en 1981.

1982. Le 24 septembre de cette année-là, Kastendeuch fait sa première apparition en pro avec le FC Metz sous la houlette de Henryk Kasperczak à Saint-Étienne. Il entre à la mi-temps en lieu et place de Marco Morgante.

1987. Le natif d’Hayange connaît sa première sélection en équipe de France le 18 novembre contre l’Allemagne de l’Est pour le compte de la campagne qualificative pour l’Euro 88. Sylvain Kastendeuch portera le maillot frappé du coq à 9 reprises et vivra son dernier match en bleu en février 1989 contre l’Irlande.

1996. Huit ans après son premier trophée avec le FC Metz (Coupe de France 1988), le capitaine grenat remporte la Coupe de la Ligue face à Lyon aux tirs au but. À son palmarès, on peut signaler également un titre de vice-champion de France en 1998 et une finale de Coupe de la Ligue en 1999.

2001. Après 19 ans de haut niveau, 515 matchs avec le FC Metz et 577 matchs de Division 1 qui le place au 6e rang à avoir disputé le plus de rencontres du championnat de France, Sylvain Kastendeuch arrête sa carrière sans avoir pris le moindre carton rouge. Il est aujourd’hui coprésident de l’UNFP depuis 2006 après avoir adjoint au maire de Metz, en charge de la jeunesse et des sports de 2001 à 2008.

Photos : DR - Article publié le 17 juillet 2014

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