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Florent Malouda : « Je n’ai aucun regret d’avoir signé à Metz »

Véritable star du mercato messin et joueur incontournable de l’effectif grenat, beaucoup de choses ont été dites sur Florent Malouda, qui quittera officiellement le FC Metz le 30 juin prochain, en fin de contrat. Adulé à son arrivée en Moselle, très prisé par les médias locaux et vite devenu l’un des chouchous des supporters, Florent Malouda n’a pas, non plus, été épargné par la presse cette saison. Pourtant, le numéro 13 messin n’a jamais cessé d’œuvrer, par le travail, pour tenter de maintenir ce club qu’il a aimé, quoi qu’il s’est dit. Paroles de passionné.

Florent, une carrière riche, de nombreux trophées mais un seul souvenir. Ce serait lequel ?

Très certainement la victoire en Ligue des Champions en 2012 avec Chelsea contre le Bayern Munich. C’était un objectif déclaré à mon départ de Lyon et lors de ma première année à Chelsea, on avait connu une finale qui avait été malheureuse pour nous (contre Man Utd, NDLR), en 2008. Gagner ce trophée aux tirs au but sur le terrain de Munich a été un accomplissement. C’était un match de grande tension que l’on jouait à l’extérieur et on était dans un esprit de revanche par rapport à 2008. La Ligue des Champions, c’est la plus belle compétition en club.

De Châteauroux à Metz en passant par Guingamp, Lyon, Chelsea et Trabzonspor, imagine-t-on, lors de ses débuts pros, avoir le potentiel pour faire une si grande carrière ?

Non, c’est avant tout pouvoir exprimer son talent quel que soit le club où je suis passé. Je ne me suis jamais projeté en me disant que j’allais jouer une finale de Coupe du Monde ou gagner une Ligue des Champions. L’idée était juste de s’imposer dans chaque club et de me développer. Il a fallu faire les bons choix pour choisir des destinations qui avaient les ingrédients nécessaires pour m’exprimer et après, c’est beaucoup de travail et de détermination. Je n’ai jamais eu de plan de carrière en me disant que je devais gagner tel ou tel titre. Je voulais profiter de jouer au foot et j’ai su garder cette fraicheur à tous les instants de ma carrière.

Guingamp, c’est une histoire un peu folle. Réussir avec un club modeste de Ligue 1, cela reste plus fort que réussir avec Lyon, un monstre de l’élite ?

C’est le même processus. Ce sont des objectifs qu’il faut atteindre et qui sont liés au potentiel de l’équipe. Le challenge, c’est de les atteindre. Les ambitions de Guingamp ne sont pas celles de Lyon mais les obligations liées à la spécificité de l’En Avant faisaient qu’il y avait une réelle pression. Lors d’une année en Bretagne, on s’est sauvés lors de la dernière journée, dans le dernier quart d’heure. Et lors de la troisième année, ces mêmes joueurs avaient plus d’expérience et jouaient plus libérés et on a fait une grande saison. Et par ces résultats, mon ambition s’est décuplée.

Châteauroux, Guingamp puis Lyon, vous avez connu une trajectoire stable, tout en progression. Quand vous voyez des gamins partir à l’étranger sans expérience de la L1, vous vous dîtes quoi ? Cela aurait pu vous arriver ?

C’est un choix qui, pour moi, n’est pas très souvent réfléchi à un stade de développement précoce. Dans la majorité, c’est sûrement avantageux de partir à l’étranger mais dans le développement personnel, c’est risqué. Partir à l’étranger ou rester en Ligue 1, le plus important, c’est la phase de stabilisation, à savoir confirmer et progresser. Mais la plupart du temps, on passe trop vite à l’étape suivante. Cela n’aurait pas pu m’arriver dans ma carrière. J’avais été sollicité par des clubs étrangers avant ma première signature pro à Châteauroux et j’ai préféré rester dans le Berry car ce n’était pas le moment d’y aller. Je voulais m’imposer ici. Je savais que la difficulté de s’imposer à l’étranger est plus grande. Et quand j’entends parler de « choix de l’entourage », je pense que c’est plus un prétexte qu’une vérité. Un joueur doit être responsable et doit prendre les décisions pour lui-même.

Chelsea, vous découvrez un autre monde. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en Angleterre ?

C’est la simplicité en fait. Il y a une très grosse pression mais en même temps, il y a une très grande maîtrise en dehors et un cadre qui est défini pour que chacun se sente à l’aise et puisse assumer ses responsabilités. C’est un autre monde car il y a une multitude de choses à gérer comme la pression des matchs, les relations presse, les partenaires, les obligations du club, d’image… Beaucoup de paramètres à prendre en compte et le joueur est responsabilisé. C’est là, la grande différence.

Vous avez tout gagné avec Chelsea. Est-ce d’autant plus dommage de quitter les Blues sur une année blanche ? Auriez-vous aimé une fin plus simple ?

C’est vraiment une différence de perception car la fin avec Chelsea a été simple en fait. Le divorce était consommé avant cette dernière année de contrat et j’avais déjà fait part de ne pas rester cette année-là sachant que j’avais déjà tout gagné au club. Pour moi c’était fini à partir de la finale de la Ligue des Champions car il y avait des différences par rapport à la philosophie du club, à des comportements et des décisions… c’est plus une décision d’homme que de sportif. Après c’était un jeu médiatique. Le club voulait peut-être faire un exemple en ne me laissant pas partir mais la priorité était de retrouver ma liberté et de pouvoir choisir ma destination.

Quels sont les joueurs qui vous ont le plus marqué à Londres ?

Didier Drogba qui m’a permis de bien me sentir dès mon arrivée évidemment, avec qui j’avais joué à Guingamp. Il a beaucoup fait pour que je signe à Chelsea et j’ai bénéficié de son expérience, au même titre que Claude Makélélé que j’avais côtoyé en équipe de France, et qui est un exemple pour moi.

Pourquoi avoir choisi la Turquie à ce moment-là de votre carrière ? Un passage qui restera positif à vos yeux ?

Oui, le contrat a été rempli. J’ai signé deux ans dans un club qui retrouvait l’Europa League et qui était le 4e budget de Turquie, on peut le comparer à Naples en matière de ferveur populaire et l’histoire du club. J’ai fait une saison complète après une année blanche en Angleterre et j’étais parti là-bas pour retrouver l’Europe et une certaine compétitivité en championnat. Sur la deuxième partie de saison, on a été éliminé par la Juventus en coupe d’Europe, et en championnat on était décroché pour le titre. On a fini à notre place et j’ai apprécié ce passage en Turquie. Sur la fin, je ne me voyais pas faire une deuxième année donc j’ai eu un bon de sortie dès la fin de la première saison à Trabzon. Il y a eu l’arrivée de Vahid Halilhodzic, l’été de mon départ, avec qui j’ai eu quelques soucis mais on a plus parlé de ce clash pour justifier mon départ alors qu’il était déjà acté. Je continuais à m’entraîner en attendant de trouver un club.

En signant à Metz, vous saviez que la saison serait compliquée. Se prépare-t-on tout de même à ce genre d’événements ?

J’espérais qu’on soit plus haut dans le classement à ce stade de la saison et je savais que ce serait compliqué en signant chez un promu. Le challenge était intéressant et c’était une échéance à très court terme mais je ne suis pas déçu et je n’ai aucun regret. J’ai trouvé à Metz ce que je cherchais, on est toujours dans l’action, dans le combat et il y a toujours quelque chose même si c’est plus que compliqué. Honnêtement, ce dont j’avais besoin, je l’ai trouvé ici. Les choses ne se font pas toutes seules à Metz, vous pouvez faire signer Zidane ou Ronaldo au FC Metz, s’ils ne sont pas dans une équipe compétitive, vous ne les verrez pas. En venant ici, je savais qu’il y avait beaucoup de travail, et ce travail, je le fais, et j’espère que mon implication servira pour l’avenir du club.

Votre passion du foot vous a interdit de signer dans les pays exotiques après la Turquie. Jamais ?

Je ne me mets pas de limite, je suis ambitieux et je crois que venir à Metz montre mon ambition car c’est le plus difficile des choix. Ça me permet de savoir où j’en suis. Mon challenge, ce sont les titres. Je viens de Guyane donc pour l’exotisme, j’ai ce qu’il faut chez moi (rires). J’ai horreur de perdre et je veux un club compétitif. Cette année, j’ai été un peu frustré par les résultats mais c’est ça qui me motive. Je pourrais vivre sur mon passé et être en représentation mais je veux gagner, toujours.

L’équipe de France, un moment important de votre carrière. Vos meilleurs souvenirs ?

Tout a été intéressant avec les Bleus, même les côtés difficiles. Vous apprenez les choses en accéléré en fait, les émotions sont décuplées. J’ai connu deux coupes du Monde, deux championnats d’Europe… des expériences positives et ça permet de tester son caractère, de savoir ce qu’on vaut dans les bons comme les mauvais moments. Pour moi, c’est que du positif et c’est une chance. Honnêtement, depuis 2012 et l’Euro, je ne suis plus concerné et je regarde les Bleus en tant que supporter et cela ne me manque pas. J’ai adoré cette période mais je ne peux pas dire que ça me manque alors que pour être en équipe de France, il faut être performant et depuis 2012, je ne peux pas dire que j’ai été au niveau des Bleus.

Les Bleus ont quel avenir selon vous ?

C’est un groupe qui a connu la difficulté avec les phases de qualification pour la Coupe du Monde 2014 et qui a fait preuve de caractère. J’espère que cette équipe va continuer de monter en puissance et que ce championnat d’Europe 2016 soit un bel événement pour les joueurs et le public. Le niveau mondial s’est élevé, il y a des équipes fortes et il faut toujours regarder vers le haut. C’est une compétition plus relevée que la Coupe du Monde mais j’espère que le pays va être fédéré autour de cette équipe. Cette génération a beaucoup de talent et a besoin de soutenir son public derrière elle, j’espère que le pays prendra conscience de l’importance de l’échéance et qu’il soutiendra ses joueurs quoi qu’il arrive.

Photos : Moselle Sport - Article publié le 8 juin 2015

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