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FC Metz : le bateau ivre

De la victoire de la Coupe de la Ligue en 1996 face à l’Olympique Lyonnais à la rétrogradation en National en 2012, le FC Metz a vécu le prestige d’un titre de vice-champion de France mais aussi la première descente de l’histoire du club au troisième échelon national. Voguant vers une nouvelle saison de Ligue 2, le bateau FC Metz tangue et tente de renouer avec le succès en misant sur une nouvelle vague : la filière étrangère. Décryptage.

C’est « la croisière s’amuse » pour le FC Metz en ce matin d’avril 1996. Tout juste auréolé d’une victoire en Coupe de la Ligue face à l’Olympique Lyonnais aux tirs aux buts, le club à la croix de Lorraine rentre au panthéon de cette jeune compétition, créée en 1995. 43 000 personnes dans un Parc des Princes chauffé à blanc, 120 minutes de stress et enfin la délivrance. Le Brésilien de Lyon, Marcelo, manque son tir au but décisif et le Parc explose. Ça y est, huit ans après une victoire en Coupe de France, Metz remporte un trophée. Cette saison 1995-1996 se termine bien, Metz finit quatrième du championnat, trouve son rythme de croisière et la jeune garde messine fait des étincelles : Robert Pirès (23 ans), Cyrille Pouget (24 ans), Jocelyn Blanchard (24 ans) et Rigobert Song (20 ans) sont les fers de lance d’une équipe où une grande défense, autour de Letizi, Kastendeuch, Gaillot et Pierre, veille au grain. « L’équipe était alors à son apogée, note Joël Muller, l’entraîneur des Grenats à cette époque. J’avais des joueurs ambitieux et qui partageaient cette envie d’aller de l’avant.» Deux ans plus tard, la bande à Pirès voit pointer un titre à l’horizon, en championnat cette fois-ci. Mais à quatre journées de la fin, le FC Metz s’incline à domicile face au futur champion de France, Lens, qui remportera le titre à la différence de buts. Metz finit deuxième. Personne ne le sait encore, mais le club ne se remettra pas de ce titre manqué. 1998 où le début du naufrage pour le FC Metz.

1998-2002, de Charybde en Scylla

Le bateau se fissure mais ne coule pas. Des départs non compensés (Pirès, Blanchard, Song), des objectifs européens sabordés (élimination du tour préliminaire de la Ligue des Champions par les Finlandais d’Helsinki), trois entraîneurs en deux ans (Muller, Cartier puis Gress) et un déclin dans le classement de Ligue 1 (10e en 1999, 11e en 2001 et 17e en 2002). Le FC Metz quitte l’élite après 35 ans passés en Ligue 1. « 1998 a été un tournant pour le club, précise Franck Signorino, Messin de 2002 à 2005. Une victoire contre Helsinki devait engendrer des rentrées financières importantes. Cette élimination a empêché le club d’investir dans une équipe solide. C’était la fin d’un cycle et les icônes du club ont été remplacées par des joueurs moins connus et moins performants. » Le club sort la tête de l’eau en 2003, lors de la remontée immédiate du club. Un duo d’attaquant qui flambe (Niang-Adebayor) suggère alors une mer plus calme pour le club. La vente d’Adebayor à Monaco et la non-conservation de Niang, qui signera à Strasbourg, réduit tout espoir de projet à long terme. Le FC Metz navigue de nouveau en eaux troubles. « Nous avions une belle équipe à l’aube de cette saison 2003-2004, se souvient Franck Signorino, aujourd’hui à Reims. Jean Fernandez avait un beau projet mais le fait de perdre son attaque ne lui a pas facilité la tâche. Le club n’a pas voulu prendre de risque. » Tout juste maintenu grâce à la jeune garde messine (Renouard, Béria, Obraniak) et à son buteur Toifilou Maoulida, prêté par Rennes, le club grenat écope tant bien que mal mais prend progressivement l’eau (14e en 2004, 16e en 2005) avant de sombrer définitivement en 2006.

Miser sur la nouvelle vague et sur l’amour du maillot

Après une remontée d’un an en 2007, le FC Metz végète inlassablement en Ligue 2 jusqu’en 2012, manquant le coche en 2009 et 2010 (5e puis 4e de Ligue 2). « Le club avait la montée en main, ajoute l’ancien arrière gauche du club. Metz a eu énormément de joueurs sans beaucoup de réussites dans le recrutement. Cela devient dangereux quand un club reste trop longtemps en Ligue 2. » Pour remédier à ces montées manquées, le club présidé par Bernard Serin mise alors sur la formation, l’une des forces du club depuis plusieurs années, et engage un vieux loup de mer de la formation, Dominique Bijotat. « Une fois que l’équilibre sera trouvé, nous verrons les résultats venir », indique Joël Muller, alors manager général du club à la croix de Lorraine. Le choix des dirigeants se porte sur une équipe de joueurs du centre de formation, champions dans leurs catégories et vainqueurs de la coupe Gambardella (Bussmann, Koulibaly, Ngbakoto, Kayombo), et de quelques joueurs aguerris de Ligue 2 (Guerriero, Englebert, Marichez, Fleurival). « La formation est un élément essentiel pour un club professionnel, rappelle Francis De Taddeo, directeur du centre de formation du FC Metz jusqu’en 2006, aujourd’hui au Stade Malherbe de Caen après être passé par l’AJA puis Amiens. Il y a un fort investissement financier dans ce domaine et quand on lui donne une place importante, les résultats peuvent être intéressants. » Une bouée de sauvetage pour le FC Metz ? « Si les jeunes joueurs acquièrent la culture du club et qu’ils se battent pour le maillot et non pour la visibilité médiatique, j’y crois », note Franck Signorino. Même son de cloche chez le manager général, Joël Muller : « Le FC Metz reviendra en Ligue 1. Il faudra alors trouver une assise financière et des joueurs capables de penser FC Metz avant d’aspirer à aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. » Le bateau FC Metz heurte son premier iceberg fin 2011 avec un maintien obtenu difficilement et une 17e place dangereuse, la coque se fissure, le fond de cale prend l’eau jusqu’à couler à la fin de l’année suivante et une 18e place qui emmène le club grenat dans l’enfer du National… « C’est une énorme déception de ne pas avoir pu assurer l’essentiel qui était le maintien, explique Joël Muller, conseiller du président et qui quittera le club grenat à l’issue de cette saison. Que dire ? Il ne faut pas oublier une chose, ce sont les acteurs qui font la différence, ceux qui sont sur le terrain. Et qu’on le veuille ou non, les garçons qui étaient quatrièmes en janvier avaient la dimension pour être compétitifs. Et s’ils ne l’ont pas été par la suite, c’est qu’ils n’étaient pas au niveau où on les attendait. » Les naufragés n’ont pas assuré. « Le départ de Fallou en Allemagne et la blessure de Koulibaly ont handicapé notre défense, qui nous avait permis de gagner cinq matches de suite. La blessure des gardiens, Joris Delle en tête, Mahamane Traoré qui, au retour de la CAN, se blesse et ne retrouve jamais son niveau, Oumar Pouye qui a été en dedans cette saison ou encore Kévin Diaz qui n’a pas réussi à avoir la même dimension que l’an passé… Mais surtout, il n’y a pas eu cette prise de conscience collective de la part des joueurs que le club pouvait descendre en National. Les joueurs et le staff n’ont pas réussi à créer cette dynamique de révolte, de solidarité, de cohésion qui nous a sauvé l’an passé. »

2012-2014 : Capitaine Cartier retrouve le cap

Albert Cartier nommé, c’est l’ancienne figure emblématique du FC Metz, Grégory Proment, qui vient tenter de ramener son club à bon port. « Quand j’ai su que le club descendait, je ne me suis pas beaucoup posé de questions, raconte alors Grégory Proment. Si je quittais Caen c’était pour Metz et pour tenter de les aider à remonter le plus vite possible en Ligue 2. L’arrivée d’Albert Cartier à la tête de l’équipe n’a fait que confirmer mon choix. » Le duo Cartier-Proment fait des miracles et la jeune garde messine avec. Menée par Johann Carrasso, Gaëtan Bussmann, Yeni Ngbakoto, Diafra Sakho ou encore Ahmed Kashi, l’équipe grenat termine logiquement deuxième du championnat, n’arrivant pas à chiper le titre de champion à Créteil. Une lueur d’espoir revient dans le cœur des supporters grenats. « Quand on vient de remonter l’année suivant la relégation, automatiquement on redore le blason, explique l’ancien joueur grenat, Jean-Philippe Séchet « Un garçon comme Grégory Proment a fait énormément de bien à cette équipe et à ce club en revenant alors que Metz était en National, ajoute Michel Ettorre, ancien gardien grenat. J’avais été très sévère à son égard lorsqu’il a quitté le club en 2006 car cela m’avait profondément agacé qu’une figure du club comme lui puisse partir. Mais ce qu’il a fait en revenant au club est un signe fort de son amour pour le club et cela a été le déclic pour le FC Metz. » Les jeunes continuent de s’épanouir au club et menés par le retour de Sylvain Marchal et la saison dantesque de Diafra Sakho, les Grenats retrouvent par miracle la Ligue 1. Champion de Ligue 2 devant Lens et Caen, Metz retrouve enfin une mer plus calme et aura le plaisir d’offrir à des supporters patients, des rencontres de haut niveau. La ville y croit mais la vente de Diafra Sakho, le meilleur buteur du club, à West Ham sème le trouble. La venue de Florent Malouda est l’arbre qui cache la forêt. Pourtant le début de saison du FC Metz ressemble à une croisière sans vagues : 8e en octobre, les Grenats surprennent tout le monde, ses supporters y compris. « Si le vestiaire vit bien, l’encadrement est au niveau de la Ligue 1, le projet va dans le bon sens, l’objectif est à la hauteur de ce que l’on est capable de faire… il faut que tout soit cohérent », analyse Philippe Gaillot, le directeur général du club. Et puis ce fut la catastrophe. Plus qu’un naufrage, un abandon. Une fuite de l’équipage. Le capitaine délaissé par ses moussaillons. Une saison et puis s’en va. Retour à la case départ. Avec toujours le même objectif, celui de retrouver la route de la Ligue 1. Avec José Riga cette fois, et Carlos Freitas. Des Portugais sont arrivés et ce ne sont pas les derniers en matière de navigation… Et vogue la galère.

Andre Santos, l'un des nouveaux visages du FC Metz version 2015-2016
Andre Santos, l’un des nouveaux visages du FC Metz version 2015-2016

Photos : DR - Article publié le 16 juillet 2015

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