Eliminer le Barça, le FC Metz l’a fait !
Surtout face à un adversaire dont les Qataris se servent de modèle pour influer un nouveau souffle à un club de la capitale qui cherche un titre de champion de France depuis 1994 et un demi-finale de Ligue des Champions depuis l’épopée 1994-1995 et son élimination face au Milan AC de Dejan Savicevic et de Zvonimir Boban, bourreaux du PSG de Luis Fernandez. Cette année-là, le PSG avait sorti… le FC Barcelone de Johan Cruyff (1-1/2-1) grâce à un but salvateur de Vincent Guérin en fin de match.
Mardi 2 avril, jour de Paris SG – Barcelone, c’est aussi l’occasion de rappeler que l’exploit n’est pas irréalisable. Si le PSG des Weah, Ginola, Le Guen et consorts ont déjà réalisé cet exploit, il ne faut pas oublier que le Football Club de Metz s’est aussi offert ce luxe, dix ans plus tôt, lors de l’édition 1984-1985, face à un Barça arrogant et trop sûr de lui pour éliminer des Grenats décomplexés.
A cette époque, le FC Metz participe à la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe (anciennement C2) grâce à sa victoire en finale de la Coupe de France 1984 face à l’AS Monaco. Une compétition relevée qui compte dans ses rangs, outre le club blaugrana, des ogres comme l’AS Roma, le Bayern de Munich, Everton ou encore le FC Porto. Au premier tour, le club français tire le club catalan et personne, alors, ne juge le FC Metz capable de faire vaciller le FC Barcelone.
Mercredi 3 octobre 1984. Le Barça et sa pléiade d’internationaux passent par la Moselle et écrase Metz 4-2 à Saint-Symphorien. Un cauchemar débuté par un but contre son camp de Luc Sonor en début de rencontre et conclu par la furia catalane après la pause avec trois nouveaux buts signés Bernd Schuster, Ramon Calderer et Francisco Carrasco. Séchés chez eux, les Lorrains sont au plus mal. En championnat, c’est pire : Monaco vient d’infliger aux Grenats un retentissant 7-0 à Louis-II.
Mercredi 10 octobre 1984. Lors du match retour, dans un Nou Camp aux trois-quarts vide, le retour ne s’annonce pas sous les meilleures auspices. Peu à l’aise depuis la claque du match aller, Metz ne réagit pas aux assauts répétés des Catalans. Michel Ettore doit s’employer à plusieurs reprises pour empêcher le Barça de s’envoler au score. Arrogants, les hommes de Terry Venables avaient multiplié les déclarations moqueuses la semaine précédant le match. La star allemande du Barça, Bernd Schuster, avait promis ironiquement promis d’offrir à Ettore un jambon de pays en guise de remerciement, après les toiles du portier grenat du match aller alors que l’attaquant écossais Steve Archibald avait traité ses adversaires de « troubadours » dans la presse ibérique. Après la déconfiture du match aller, au banquet d’après-match, le vice-président catalan lançait même une invitation à ses homologues messins, conviés à assister à Barcelone au match… du 2e tour.
L’affaire frise au ridicule quand Carrasco, finaliste du dernier Euro 84 avec la Roja, battue en finale par les Bleus de Michel Platini, ouvre le score à la 33e minute dans l’hilarité presque générale. Devant une assistance déconnectée du match tant l’opposition semble trop faible (24 000 spectateurs), le FC Metz profite du dédain de son adversaire pour lui porter l’estocade qui fera de ce Barcelone-Metz un match de légende pour les Grenats.
C’est d’abord Tony Kurbos qui trompe Amador dans un angle impossible (38e) avant d’obliger le défenseur espagnol Sanchez à marquer contre son camp, après un service en profondeur de Bernad (39e), soixante secondes plus tard. Le vent vient de tourner. En seconde période, la furia messine prend son envol et on ne les reverra plus : Kurbos, encore lui, inscrit le 3e but à la 55e avant que l’attaquant germano-slovène signe un quadruplé assassin à la 85e minute.
Les Messins viennent de conquérir les Ramblas et de mettre les stars du Barça au tapis. Exploit malheureusement sans lendemain puisqu’en huitièmes de finale, les Grenats tomberont face aux Allemands du Dynamo de Dresde (1-3/0-0) dans une compétition que remportera quelques mois plus tard les Anglais d’Everton face au Rapid de Vienne (3-1).
Quant au FC Barcelone, il décrochera son 10e titre de champion d’Espagne en fin de saison et se hissera la saison suivante en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions (l’ancienne Ligue des Champions), battu par le Steaua Bucarest (0-0, 2-0 tab).
Feuille de match :
Barcelone – FC Metz : 1-4 (aller : 4-2)
But pour Barcelone : Carrasco (33e) ; buts pour Metz : Kurbos (38e, 55e, 85e), Sanchez (csc, 39e),
FC Barcelone : Amador – Sanchez, Migueli, Alexanco, Julio Alberto – Victor, Schuster, Calderer (Clos 62e), Rojo (Esteban 63e) – Archibald, Carrasco. Entr. T. Venables.
FC Metz : Ettore, Sonor (Colombo 52e), Barraja (Pauk 60e), Zappia, Lowitz – Bracigliano, Rohr, Bernad (cap), Hinschberger – Kurbos, Bocandé. Entr : M. Husson.
Photos : DR - Article publié le 2 avril 2013