Dans les coulisses du Graoully Mag’
Lancée en 2010, l’émission foot sur le FC Metz, diffusée sur la chaîne locale viàMirabelle, est aujourd’hui un poids lourd de la grille des programmes. Recevant régulièrement des anciens joueurs du club et s’entourant de chroniqueurs comme Bernard Zénier ou, plus récemment Franck Signorino et Stéphane Borbiconi, le Graoully Mag’ se revendique aujourd’hui comme un « média club ». Une orientation qui a évolué avec le temps. Et qui peut surprendre. Présentation.
Ça rigole à tout rompre dans les loges. Réunis dans quelques mètres carrés, dans la loge maquillage, les chroniqueurs du jour, Patrick Muller (Europe 1, L’Équipe 21), Axel Watrin (DirectFM) et Bernard Zénier se marrent devant le clown Stéphane Borbiconi, multipliant les sketchs et les déguisements. L’invité du jour, Sylvain Marchal, le coach des U17 du FC Metz, grand ami de « Borbi », n’est pas dépaysé. « On ne va jamais commencer l’enregistrement de l’émission à ce rythme-là », rigole l’ancien défenseur de Metz, Lorient ou Saint-Etienne. L’émission a, en réalité déjà commencé, côté coulisses. Les sujets qui seront abordés durant l’émission font déjà l’objet de débats enflammés entre les acteurs du jour. « Le carton rouge de Boulaya ? Il n’y aurait même pas eu faute à mon époque », précise Bernard Zénier. « Avec tous les ralentis et la VAR, difficile pour un arbitre de ne pas mettre un rouge, même si je trouve ça sévère », répond Patrick Muller. Vianney Tritz-Kayser, l’animateur de l’émission rappelle à l’ordre ses ouailles. « Attendez d’être à l’antenne pour en parler. Ce sera l’un des sujets de l’émission. » Le chef d’orchestre du Graoully Mag’, qui anime l’émission depuis janvier 2019 et le départ de son prédécesseur, Arnaud Cael, sera rassuré durant l’enregistrement, effectué tous les lundis aux alentours de 15h30, les débats seront identiques. L’émission en question, diffusée le 17 février dernier à 19h30, ne dérogera pas au mécanisme huilé d’un programme qui fêtera ses 10 ans dans quelques mois. Et dont la formule a sans cesse évolué.
Une émission sur le FC Metz devenue une émission pour le FC Metz ?
En 2010, la direction de Mirabelle TV (ancien nom de la chaîne viàMirabelle) veut lancer une émission portant sur le FC Metz et uniquement sur le club grenat. « Avec Vianney, on nous a demandé de réfléchir à un concept d’émission sur le FC Metz, explique Arnaud Cael, animateur de mai 2010 à janvier 2019 à viàMirabelle. Nous avons commencé par réaliser des plateaux en extérieur, où nous lancions des sujets. Et petit à petit, nous avons rejoint les studios de la chaîne, créé un plateau et préparé une émission « talk-show » avec des invités et des reportages. Le concept de départ était juste de commenter l’actualité du FC Metz, sans aucun lien avec le club grenat. » Un concept qui a évolué avec le temps et qui s’est transformé, en 2013, en « média club ». Quèsaco ? « Cela signifie que nous travaillons main dans la main avec le FC Metz, explique Jérôme Bergerot, le nouveau directeur de la chaîne. C’est une émission qui a pour vocation de valoriser l’image du club, sans tomber dans les louanges permanentes. Nous pouvons, par le biais de nos chroniqueurs, émettre des critiques, mais il faut le faire avec du bon sens, sans être trash et ne pas être dans la polémique permanente. » Une bienveillance assumée donc, sans se dresser pour autant en parangon d’affabilité vis-à-vis du club grenat. « Il est arrivé que nous ayons un appel du FC Metz pour nous dire qu’ils ne sont pas très contents d’un sujet ou d’une analyse, concède Vianney Tritz-Kayser. Nous prenons en compte les remarques que le club peut nous faire et tentons de mettre le curseur au bon endroit. » Un mouvement de curseur qui a pu, par le passé, provoquer quelques remous au sein de l’équipe du Graoully Mag’. Un chroniqueur régulier avait ainsi décidé de quitter définitivement l’émission après avoir reçu un coup de téléphone d’un membre éminent du FC Metz qui s’était plaint du traitement du club dans une émission. Un autre journaliste avait été rappelé à l’ordre durant une coupure pub par le dirigeant messin présent sur le plateau une semaine auparavant. « Pour ma part, personne ne m’a jamais rien dit sur mes éventuelles critiques, ajoute Bernard Zénier, ancien joueur du FC Metz et chroniqueur depuis près de 8 ans. Je croise souvent des membres du club et personne ne me dit rien. De toute façon, je ne suis pas là pour être le méchant mais uniquement pour dire ce que je vois avec mon expérience de footballeur. Je ne détiens pas la vérité, j’ai juste une opinion sur ce que je vois. J’estime qu’il n’y a plus aucune exigence dans ce club et que beaucoup d’observateurs s’enflamment un peu vite dès qu’il y a un élément positif. Quand je ne suis pas d’accord, je le dis, c’est mon rôle. Et ma façon de voir les choses. Si quelqu’un n’est pas satisfait par ce que je dis, il pourra venir me le dire, il n’y a pas de problème (rires). »
Molinari, Serin avant Kastendeuch ?
Avec aujourd’hui deux émissions hebdomadaires, le vendredi à 19h30 pour l’avant-match et le lundi à 19h30 (et rediffusion à 21h30) pour l’après-match, le Graoully Mag’ est devenu une émission phare de la chaîne locale viàMirabelle, sans qu’il soit possible d’en connaître les chiffres d’audience. « C’est un rendez-vous très prisé et très regardé, explique Jérôme Bergerot, le patron de la chaîne, sans pour autant pouvoir communiquer les chiffres réels. Nous savons que nous avons 200 000 spectateurs par semaine sur la chaîne mais nous n’avons pas de chiffres plus précis, en raison de notre qualité de chaîne régionale, diffusée sur les box Internet. Sans compter les réseaux sociaux, le site Web de viàMirabelle et d’autres canaux de diffusion. » Le mystère sur l’audience restera donc entier. Si de nombreux invités, parfois prestigieux comme Carlo Molinari, Bernard Serin ou les anciens artilleurs du FC Metz, Nico Braun et Hugo Curioni, sont venus sur le plateau, d’autres moins en lumière (les féminines, les dirigeants ou des anciens moins célèbres) ont été mis au-devant de la scène par l’émission. « C’est une volonté de notre part, avec le rédacteur en chef, Arnaud Demmerlé, de faire aussi la place aux autres équipes du FC Metz, comme les féminines, les jeunes ou la réserve, poursuit Jérôme Bergerot. Le socle reste l’équipe première mais nous souhaitons parler d’un maximum d’acteurs du club. C’est notre rôle également. » Récemment, la nouvelle manager sportive des féminines, Jessica Silva, a fait un passage sur le plateau de l’émission. « Nous avons carte blanche avec Arnaud, complète Vianney Tritz-Kayser. Nous essayons d’élargir au maximum nos sujets d’intérêt tout en laissant l’équipe pro du FC Metz comme fil rouge. Lors des trêves internationales, il nous arrive d’inviter d’autres acteurs du foot. Prochainement, le journaliste de M6, Denis Balbir, sera notre invité. Nous ne nous interdisons rien. » Sylvain Kastendeuch, Robert Pirès ou Michel Platini restent pour l’instant des fantasmes inaboutis.
Des chroniqueurs réguliers
De nombreux journalistes se sont succédé sur le plateau du Graoully Mag’ durant les dix dernières années, venant de médias aussi variés que France Bleu Lorraine Nord, Direct FM, Moselle Sport, le Républicain Lorrain ou encore L’Ami Sports. « Ce sont des confrères que l’on côtoie depuis de nombreuses années pour le travail, explique Vianney Tritz-Kayser. Ce sont même devenus des amis. Il y a un turnover en fonction des disponibilités mais la plupart du temps, ce sont les mêmes qui viennent. » Rémi Alezine, journaliste à l’Ami Sports, un proche d’Arnaud Cael, est toujours en place, depuis les presque débuts. Les deux autres réguliers sont, quant à eux, indirectement liés au FC Metz. Patrick Muller, journaliste reporter d’image free-lance qui travaille pour l’Équipe 21, viàMirabelle mais aussi pour le FC Metz via sa WebTV et Axel Watrin est journaliste sur Direct FM, la radio mosellane, financée au départ par le club grenat. « Patrick Muller s’est construit un personnage de défenseur farouche du FC Metz contre vents et marées, s’amuse Vianney Tritz-Kayser. C’est devenu un jeu mais c’est un très bon débatteur et il ne se prive pas de dire ce qu’il pense, bon ou mauvais. Avec plus de formes que d’autres, certes (sourire). Sa guéguerre gentillette à l’antenne avec Bernard Zénier est fréquente et cela amuse tout le monde. Tout cela reste bon enfant. » « Patrick a l’âge de mon fils alors on se taquine gentiment et régulièrement, corrobore Bernard Zénier. Plus globalement, ils me font parfois sourire ces jeunes avec leur analyse. J’aime bien les emmerder (sic) en leur disant qu’ils n’y connaissent rien car ils n’ont pas été professionnels. Et ça marche à chaque fois. Je ne me prends pas pour un autre, je me sers juste de mon expérience pour dire ce que je pense. Je ne veux rallier personne à ma cause, on me demande juste de dire ce que j’ai vu durant le match. » L’émission a trouvé son rythme de croisière et son public à en croire le patron de la chaîne. Tout pour être heureux donc.
Photos : F.Knaff - Article publié le 2 avril 2020