Calderaro : La « bicyclette » enchantée
À Metz, les vieilles légendes ont la vie dure. Et les amateurs du ballon rond aiment à se rappeler, sourire aux lèvres, des « gloires » passées du club. De celles qui marquaient plus de buts à l’entraînement qu’en match, qui espéraient que les sifflets descendants des tribunes étaient un nouveau chant à la mode. Ces vieux réflexes qui nous font parfois oublier que, dans un passé très récent, le FC Metz fournissait aux clubs européens, des attaquants de talent, des buteurs hors pairs. Et parmi eux, un certain François Calderaro.
Et c’est à Reims, comme un certain Robert Pirès quelques années plus tard, que Metz est allé chercher, lors de l’été 1990, Francesco « François » Calderaro. Sur les conseils de Carlos Bianchi, célèbre buteur argentin du Stade de Reims, Carlo Molinari se laisse tenter par ce petit attaquant de 1,76m, aux redoutables statistiques (51 buts en 148 matches de Division 2 avec Reims). « Caldé » doit alors quitter sa Champagne natale. Une première. « J’ai été licencié au club de 7 à 26 ans. Je ne dois pas être loin du record. » D’origine italienne, François Calderaro, de son vrai prénom Francesco, arrive à Metz en 1991, précédé d’une réputation flatteuse. Puissant et rapide, avec un centre de gravité plus bas que la moyenne, François Calderaro se fond vite dans le collectif messin et convainc rapidement Joël Muller de son potentiel. Dix buts la première saison avant de casser la baraque un an plus tard en finissant deuxième meilleur buteur du championnat de France de Division 1 derrière… Jean-Pierre Papin. Un privilège. Avec 20 buts en 36 rencontres, il pointe à 7 buts du buteur marseillais, mais se place devant George Weah, alors à Monaco. « C’est drôle, mais les gens me parlent le plus souvent de mes années au PSG que celles passées à Metz. Pourtant, j’ai marqué de jolis buts à Metz mais surtout, bien plus qu’au Paris Saint-Germain. » Ces stats et ses performances éveillent la curiosité de Michel Platini, le sélectionneur de l’équipe de France, soucieux de remplacer Jean-Pierre Papin, blessé, dans sa liste de 22 pour l’Euro en Suède. Dans un premier temps, l’ancien maître à jouer de la Juve lui préfère Amara Simba, le Parisien. Blessé, Simba doit renoncer et « Platoche » décide, contre toute attente, de prendre finalement le Montpelliérain Fabrice Divert au lieu du favori Calderaro. Son unique chance de porter la tunique bleue vient alors de passer.
Barré par le duo Weah-Ginola à Paris
Ses performances à Metz lui permettent de rejoindre le PSG qui vient de se séparer notamment de l’international Christian Perez. Problème, l’arrivée de François Calderaro coïncide également avec celle du Brestois David Ginola et de George Weah, en provenance de Monaco. Deux choix d’Artur Jorge, le coach portugais, au contraire de « Caldé ». « Comme il ne m’avait pas recruté, je n’entrais pas dans les plans d’Artur Jorge », rappelle l’ancien numéro 9 messin. 37 matches plus tard (en deux saisons) et 7 buts inscrits seulement, son passage au PSG lui laisse cependant de belles lignes à son palmarès (un titre de champion de France en 1994 et une coupe de France en 1993), et une rancœur tenace envers le moustachu lusitanien. « Tout le monde savait qu’Artur Jorge ne faisait rien. Les entraînements, c’était Denis Troch, les causeries, il n’y en avait pas : « Vous êtes les meilleurs, il faut gagner ! ». Si c’est ça être entraîneur… c’est quelqu’un qui s’est fait passer pour un grand entraîneur sans faire grand chose. » Il part se relancer dans la Ville Rose, Toulouse, où son instinct de buteur revient très vite. Les « Pitchounes » sont alors en Division 2 et le buteur d’origine calabraise permet au TFC de remonter en Division 1. De 1994 à 1997, Calderaro plante 49 buts en 97 matches avant de terminer sa carrière professionnelle sur les bords de la Garonne, à 33 ans.
Propriétaire d’un bar à Berck
Aujourd’hui propriétaire du bar « Le jour et nuit » à Berck, dans le Pas-de-Calais, François Calderaro a passé ses diplômes d’entraîneur et se rêve de nouveau sur les vertes pelouses hexagonales. « En France, on a de bons gardiens car les clubs ont fait appel à des entraîneurs spécifiques. Pour les attaquants, il n’y a pratiquement rien. J’en ai discuté avec Aimé Jacquet. Il est certain que c’est l’avenir mais les clubs sont frileux, déjà pour des raisons financières. » Mais la mentalité ne suit pas et l’ancien messin doit, pour l’instant se contenter de suivre cela de loin. À la tête de six enfants issus d’une famille recomposée, François Calderaro en a fini avec sa vie de nomade et tient donc avec sa femme Carole, un bar, en attendant sûrement, un jour, de revoir l’herbe verte d’un peu plus près…
*Propos de François Calderaro recueillis chez nos confrères de L’Union-L’Ardennais.
Photos : DR - Article publié le 28 août 2013