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Une question de réputation

Le MMA pour Mixed Martial Arts vient d’être légalisé en France. La discipline désormais sous l’égide de la Fédération française de boxe anglaise, va pouvoir se développer sereinement. Depuis quinze ans, la Moselle a un représentant de ce sport pas comme les autres. Rencontre avec Alexandre Ariganello, président de la Legio’s Team France.

 

« Je lance aujourd’hui officiellement un appel à manifestation d’intérêt pour confier la structuration du MMA en France à une fédération sportive délégataire. Les candidats remettront leur dossier à la rentrée 2019 et nous désignerons la fédération délégataire choisie à l’automne. » Ce tweet de 140 caractères signé de la main de la ministre des Sports Roxana Maracineanu et datée du 24 juin 2019, était attendu depuis longtemps par les aficionados du MMA (Mixed Martial Arts). Légale depuis le 1er janvier 2020 et gérée la Fédération française de boxe anglaise, la discipline qui a pour but de mélanger tous les sports de combat – judo, lutte, boxe thaï, jiu-jitsu – autorise presque tous les coups, y compris au sol. Souvent précédée d’une mauvaise réputation, le MMA a pourtant d’autres vertus que l’association sportive « Legio’s Team France » développe au quotidien dans ses locaux à Freyming-Merlebach. « C’est un sport qui apporte confiance en soi et qui peut être adapté en fonction des capacités physiques et sensorielles de chacun », indique Alexandre Ariganello qui cumule les casquettes de président et de coach au sein de la Legio’s Team France. « Le nom est une émanation du club créé par Alessio Sakara*, l’une des pontes européennes du MMA. Nous avons établi il y a douze ans, un partenariat avec le combattant italien pour devenir la Legionarus Team France. » Une association qui a connu une histoire mouvementée depuis ses véritables débuts en 2005. « Nous étions d’abord installés à L’Hôpital. Alors affiliés à la Fédération française de judo, nous avons souhaité nous en affranchir trois ans plus tard. C’est comme ça que nous avons atterri à Freyming-Merlebach puisque nous n’étions plus les bienvenus à L’Hôpital. » Pour bénéficier de créneaux horaires, Legio’s Team France fusionne avec le club de lutte local avant d’investir ses propres locaux en 2017 au 1, rue du Soleil (la Legio’s Training Center).

Vers la création d’une section handisport

Forte de 120 licenciés dont 50 enfants âgés de 4 à 11 ans, la Legio’s Team France s’autofinance depuis trois ans. « Les locaux que nous occupons appartiennent à un privé. Nous avons peu à peu aménagé la salle, acheté l’équipement nécessaire à la pratique et ce, sans l’aide de personne. La municipalité a pris conscience de l’existence de notre club et contribue désormais à notre développement en nous soutenant à hauteur de 4 000 € cette saison. » Du pain bénit mais encore insuffisant pour ce club ambitieux qui regorge de projets. À commencer par la création d’une section handisport. « Participer à l’insertion de personnes en situation de handicap fait partie de nos objectifs. L’idée est de leur permettre de développer leur motricité, d’encourager et de favoriser leur mental. » Ainsi, le club a déjà accueilli des résidents du CAT de Petite-Rosselle lors de sessions sportives au cours desquelles, « nous avons pu constater des progrès chez chacun d’entre eux. »

La Legio’s Team France, c’est aussi des cours de cross-training, de jiu-jitsu brésilien, des stages d’initiation en entreprise (depuis octobre 2019) et une section enfants. « Nous leur proposons deux entraînements par semaine. Le MMA est à la fois une façon de leur donner confiance en eux et de répondre à certaines problématiques comme le harcèlement à l’école auquel nous sommes largement sensibilisés. Puis ce qu’il y a de bien avec les enfants, c’est qu’ils ont tous une âme de compétiteur et n’ont aucune appréhension pour aller combattre », poursuit le coach. Deux d’entre eux sont engagés en championnat de France en grappling, deux autres en pancrace (lire notre glossaire) et un dernier est même champion Grand Est de la discipline. Du côté des adultes, la compétition n’est pas (encore) à l’ordre du jour. « La discipline est légale depuis peu et il va falloir s’organiser peu à peu. En Moselle, il y a peu de clubs de MMA. En plus de la Legio’s Team, il y a Sarrebourg et quelques clubs à Metz. Puis c’est tout. » Si l’agglomération de Reims tient le haut du pavé en la matière, il reste encore pas mal de chemin à faire dans le Grand Est pour atteindre le niveau de pratique, plutôt édifiant en Île-de-France. « Aujourd’hui, nous sommes déjà très heureux du chemin parcouru et surtout de cette légalisation qui permettra de changer le regard sur la discipline ».

*Alessio Sakara est un sportif professionnel italien qui pratique les compétitions de MMA et de jiu-jitsu brésilien. Il concourt dans les compétitions de la division « poids moyens » de l’Ultimate Fighting Championship (UFC).
En savoir + : Legio’s training center sur Facebook.

Glossaire

Grappling : ensemble des pratiques de lutte spécialisées au sol ayant pour objectif de faire abandonner son adversaire avec des techniques de soumission (clé articulaire, étranglement…).

Pancrace : sport de combat grec, permettant au temps des Jeux olympiques antiques, quasiment toutes les techniques.

Jiu-jitsu brésilien : art martial, sport de combat et système de défense personnelle dérivé de techniques du judo et du ju-jitsu importées du Japon au Brésil par Mitsuyo Maéda vers 1920.

 

*L’article a été réalisé avant la pandémie.

Photos : DR - Article publié le 8 juillet 2020

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