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L’incroyable destin de Nasredine Kraouche

Nasredine Kraouche, 33 ans, formé au FC Metz, ex-joueur du Sporting Charleroi et de la Gantoise, reconverti cafetier, fut l’un des plus grands espoirs du club grenat. Mais, à 27 ans, il s’est laissé dériver et a connu ensuite les pires galères, gâchant un talent qui lui avait déjà permis de briller sous le maillot de Metz. Kraouche dont on avait un peu perdu la trace après son départ de Charleroi en 2006.

« Je me suis démotivé, j’en ai eu marre du foot. C’est sans doute difficile à comprendre car je pratiquais un métier extraordinaire, je gagnais bien ma vie, j’étais reconnu. Mais j’ai commencé à traîner les pieds à l’entraînement, à ne plus avoir envie… Je ne regardais même plus le foot à la télévision. » Les démons de la nuit avaient déjà pris le pas sur le footballeur… « Je n’avais plus d’hygiène de vie valable, je n’étais plus capable d’aller sur le terrain. J’ai discuté une heure avec l’entraîneur du Sporting Charleroi, Jacky Mathijssen. Il m’a bien écouté et a compris… »

 

Des démons qui emmenaient l’ancien attaquant grenat dans les bars et les boîtes de nuit belges, souvent accompagné de son coéquipier de l’époque, Gérald Forschelet. « Ben oui… Vous savez, j’ai toujours eu tendance à faire la fête. Déjà à Gand. Et j’ai toujours fumé, comme Cruyff, Zidane ou Barthez ! Mais c’est vrai que là, avec Gérald, on a vraiment exagéré. On est devenu amis, on aimait boire un coup et jouer à la belote et on s’entraînait l’un l’autre. C’était sans arrêt. Vous ne pouvez pas vous imaginer comme on a fait les fous. Moi, le foot a commencé à m’intéresser de moins en moins, j’ai pris une petite dizaine de kilos, passant de 77 à 85, pour 1,77 m, et j’ai logiquement fini par perdre ma place de titulaire dans l’équipe. C’était un cercle vicieux. On descend vite, on ne se rend pas compte… »

 

En 2006, Nasredine Kraouche revient à Metz, près de sa ville de naissance (Thionville), et tente de sortir la tête de l’eau. Mais, au chômage, il continue de faire la fête, sa femme, franco-algérienne, a retravaillé, comme vendeuse, et a gardé l’espoir. « Ensuite, j’ai eu l’occasion de partir à Koblenz, en D2 allemande, pour 20 000 € par mois! Mais je ne m’y plaisais pas, je me suis blessé. Après trois mois, je suis rentré sur Metz, à nouveau au chômage. »

 

« Mais je peux dire que ma femme m’a sauvé. En me soutenant. Et en cachant mon argent, quand je faisais le fou. Moi, quand je jouais, je ne savais même pas trop ce que je gagnais. C’est elle qui gérait. Heureusement, même si j’ai quand même gaspillé beaucoup de sous! Mais elle détournait une partie de mon salaire, en secret, pour le mettre sur un compte dont j’ignorais même l’existence ! »

 

Le 16 mars 2008, en sortant à pied d’un restaurant à Metz, une voiture conduite par une femme roulant à gauche renverse l’ancien numéro 27 du FC Metz. Kraouche reste un jour dans le coma, est opéré du genou, de la clavicule… Il monte jusqu’à 104 kilos, Nasredine ne rejouera plus jamais au foot. « Je reviens de loin. J’ai pu sortir du coma, et de mes excès alcooliques. Car si j’aime encore parfois boire un verre, les folies, c’est fini ! Maintenant, quand je vais au café, c’est pour servir à boire, puisque j’ai ouvert une brasserie ! J’ai voulu le faire à Charleroi car j’aime cette ville, même si elle est beaucoup plus triste qu’avant, et j’y ai beaucoup d’amis. »

 

Formé au FC Metz et pensionnaire du groupe pro durant seulement deux ans (1998-2000), international algérien, Nasredine Kraouche a finalement brûlé une carrière prometteuse. « J’ai toujours assumé ce que j’ai fait et je n’ai pas fait de mal aux gens, je n’ai pas braqué de banque ni fait de prison. Je ne me connais pas d’ennemi, je pense être resté quelqu’un de bien. Et j’ai quand même connu de grands moments, notamment en jouant un France-Algérie au Stade de France face à Zidane and co. Vous savez, ce fameux match interrompu par un envahissement de terrain… En fait, Mon seul regret, c’est d’avoir déçu mes parents. J’ai brisé leur rêve… »

 

Photos : DR - Article publié le 13 novembre 2012

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