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Le GamYo Épinal joue le jeu

Premier club français à se lancer dans le « naming » depuis le club de football du Matra Racing en 1987, le GamYo Épinal a réalisé un vrai coup de communication auprès du sport français et a suscité un engouement sans pareil autour du club spinalien. Sous contrat jusqu’en 2020 avec la société de développement de jeux vidéo, les ex Dauphins d’Épinal continuent leur belle ascension au sein de la Ligue Magnus.

Ce n’est pas une première en France mais c’est assez rare pour en faire un buzz. En juillet dernier, les Dauphins d’Épinal annoncent à leur public le partenariat signé avec les studios GamYo et le virage à 180° dans l’identité du club. Fini les Dauphins, bonjour les GamYo d’Épinal et toute la charte graphique liée au sponsor principal : le contrat de naming portant sur une durée de 6 ans et a amené l’apparition de nouveaux maillots aux couleurs orange et noir. « Les studios GamYo se sont récemment installés à Épinal et nous nous sommes rapprochés pour travailler ensemble, explique Anthony Maurice, directeur général du club. Par le biais de son directeur, qui est aussi un ami, nous avons mis en place un dossier de naming amené à aider le club à se développer financièrement mais aussi sur le point de vue du markéting. Cela nous a également permis de faire le buzz avec cette annonce et d’attirer les médias et le public vers le club. Tout le microcosme du hockey-sur-glace français et international s’est intéressé à notre partenariat. C’est presque une première dans le sport français. » Plusieurs clubs s’y sont essayés par le passé : les Mammouths de Tours (club de hockey tourangeau sponsorisé par les hypermarchés éponymes au début des années 80), l’Adecco ASVEL (basket – début des années 2000) ou le Matra Racing (club de football dans les années 80). « Le naming est un nouveau marché à comprendre et à conquérir, en tout cas en France, et économique, en raison de la crise, expliquait récemment Olivier Monna, directeur formation au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) au quotidien L’Équipe. Ces très longs contrats ont l’avantage de donner une visibilité financière et sportive aux clubs. En France, dans l’état actuel du marché, une même entreprise est-elle prête à s’engager sur les deux tableaux à la fois ? L’exploitant, qui est concerné par le naming, et le club, qui a la main sur le sponsoring maillot, sont-ils capables de s’entendre ? Il y a une pédagogie à faire, de nombreux exemples étrangers à mettre en avant. Cela peut prendre encore un peu de temps. » À l’étranger, l’entreprise autrichienne Red Bull a déjà accolé son nom au club de football de Leipzig (Allemagne), de Salzbourg (Autriche) et de New York (USA), l’entreprise pharmaceutique allemande Bayer s’est associée depuis longtemps au club de foot allemande Leverkusen ou encore le PSV Eindhoven (Pays-Bas) où le «P» de PSV fait référence à l’entreprise néerlandaise Philips. Pour Anthony Maurice, le naming a clairement un bel avenir devant lui. « Cela peut surprendre au départ mais ce changement d’identité a vraiment été positif pour le club. Nous avons vendu plus de maillots du GamYo d’Épinal en trois mois que lors des trois dernières années. Le stade est à un taux de remplissage de plus de 100 % et l’investissement sportif et financier des studios de développement GamYo a eu un vrai impact sur le club et sur la qualité du recrutement. »

Bozon, le « Zidane » du hockey aux commandes

Grâce à cet apport financier significatif, les GamYo Épinal ont aujourd’hui 10 joueurs internationaux dans leur effectif et ont réussi à attirer dans leur filet le meilleur buteur de la Ligue Magnus l’an passé, Grégory Béron en provenance de Morzine. « Nous avons aujourd’hui la possibilité de proposer de bons contrats et un projet sportif solide, ajoute Anthony Maurice, ancien joueur du club, aujourd’hui âgé de 36 ans. Notre philosophie de jeu attire de plus en plus de joueurs et l’arrivée de notre entraîneur principal, cet été, a été un plus également. » Cet entraîneur, c’est Philippe Bozon, véritable monstre sacré dans le monde du hockey-sur-glace hexagonal. Premier Français à avoir franchi l’Atlantique pour découvrir la NHL – le championnat nord-américain de hockey, le plus réputé du monde – Philippe Bozon est considéré comme l’un des meilleurs hockeyeurs français de tous les temps avec un palmarès dantesque : quatre olympiades, douze championnats du monde, trois titres de champion de France, trois titres de champion d’Allemagne et deux titres de champion de Suisse, et deux années passées sous le maillot des St-Louis Blues en NHL. Plus qu’un nom, un mythe. « Nous avons fait un coup en attirant un personnage comme Philippe Bozon à Épinal, annonce fièrement Anthony Maurice. Il a le bagage technique et tactique nécessaire pour faire progresser les joueurs et le club. En termes de com’, ça fait du bruit. Et sportivement, nous sommes heureux. » Pour Philippe Bozon, l’offre des GamYo d’Épinal est arrivée à point nommé. « J’étais à la recherche d’un emploi depuis quelque temps et la formation spinalienne m’a proposé un projet sportif très intéressant, explique l’homme aux 98 sélections officielles en équipe de France*. Leur coach leur avait fait faux-bond et ils ont pensé à moi. »

« Ce n’est pas tous les jours facile de travailler avec son père »

Cette saison, les hommes de Philippe Bozon sont allés loin. Très loin même. Se débarrassant d’Angers en demi-finale, le GamYo Épinal a, ensuite, fait une remarquable finale qui a malheureusement souri à Gap. Bien partis dans cette finale, les Spinaliens n’ont pas su conclure à l’issue du 6e match et ont dû s’incliner à Gap, le 5 avril dernier, lors du septième match décisif. Les GamYo d’Épinal visent un titre dans les cinq prochaines années, à saisir entre le Graal hexagonal – le titre de champion de France – et les deux coupes nationales. Un objectif réalisable pour le club vosgien, demi-finaliste de la Ligue Magnus en 2013 et finaliste de la Coupe de France en 2007. « On devrait en être capable », conclut Anthony Maurice, qui devrait logiquement prendre la succession du président actuel, Claude Maurice, son père, dans quelques années. « C’est tout sauf évident de travailler quotidiennement avec son père, concède Anthony Maurice. On ne voit pas les choses de la même manière et on n’est pas tout le temps en phase avec les décisions à prendre. Mais on a l’avantage de se connaître par cœur et de pouvoir se parler librement. La présidence est une suite logique pour moi mais je ne sais pas quand. En ai-je envie ? Oui. En suis-je capable ? Aujourd’hui, je ne sais pas. On a encore le temps. » Le temps de remporter entre-temps, quelques titres hexagonaux…

*Cela ne comptabilise pas les matchs amicaux.

Photos : DR - Article publié le 27 juillet 2015

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