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Aurélie Muller : « Philippe a cru en moi »

Championne du monde depuis 2015, un titre acquis de haute lutte à Kazan face à la néerlandaise Sharon van den Rouwendaal, la nageuse mosellane Aurélie Muller s’est d’ores et déjà qualifiée pour les JO de Rio 2016. Interview.

Cette médaille d’or, c’est la consécration. C’est aussi et surtout l’aboutissement d’années de travail. Quel a été le déclic ?

Je pratique cette distance depuis quelques années (elle a découvert l’eau libre en 2007 et s’est qualifiée pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008 où la discipline a fait son entré, NDLR). Sportivement parlant, ces deux dernières années ont été très compliquées. Je suis partie m’entraîner au Canada en 2014 mais même si j’y ai beaucoup appris, les méthodes ne me convenaient pas. En rentrant en France, j’avais le choix entre trois options : m’entraîner en Allemagne, rester en France pour intégrer dans le groupe de F. Vergnaud qui coache Mireia Garcia Belmonte* ou faire partie des nageurs de Philippe Lucas. J’ai sollicité Philippe car c’est l’un des seuls à préparer les nageurs pour le demi-fond. Je pense que l’expérience accumulée sur la distance depuis 2007 et le travail accompli avec Philippe cette année m’ont enfin permis de décrocher cette médaille en 2015.

Philippe Lucas a la réputation d’être un coach au caractère bien trempé. C’est vrai ?

C’est quelqu’un qui a une image un peu dure mais c’est surtout quelqu’un de très compatissant. Ce que je retiens, c’est qu’il a cru en moi, en mes capacités. Alors, oui comme il cherche à retirer le meilleur de ses nageurs, Philippe sait nous pousser dans nos derniers retranchements (70 à 100 km de natation par semaine). Mais c’est toujours bienveillant.

Au-delà de votre distance de prédilection, vous avez tenté le 25 km. Vos impressions ?

Bien que cette épreuve soit très enrichissante, je dois bien avouer que l’expérience a été très, très difficile. Je savais que, physiquement, j’étais capable de terminer mais mentalement, c’était une autre histoire. Lorsque je suis sortie de l’eau (4e en 5 h 16’07″5), j’étais en état de tétanie. En tout cas, ça n’a pas été une déception mais plutôt une bonne expérience. C’était vraiment super long. Philippe m’a dit qu’il était venu deux plombes pour rien mais c’était pour rigoler (sourire).

Le 10 km, c’est aussi l’occasion de nager dans des endroits les plus beaux du globe. Avez-vous quelques exemples à nous donner ?

Il est certain qu’en tant que nageuse, j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion et de visiter des endroits insoupçonnés. Sachez que cette année, j’ai été littéralement soufflée par la Nouvelle-Calédonie. Nouméa offre un panorama exceptionnel. C’est l’endroit rêvé pour nager en milieu naturel. Que du bonheur.

Aujourd’hui, on sent que vous avez acquis une certaine forme de maturité. À quoi est-ce dû ?

Depuis l’obtention de mon diplôme universitaire en management sportif professionnel en septembre 2014, j’ai acquis des notions essentielles en termes de communication et de gestion de ma carrière. Puis je bénéficie aussi d’un suivi poussé dans d’autres domaines. Tout d’abord, d’un point de vue nutritionnel, les apports journaliers d’Herbalife, mon partenaire me permettent de ne pas avoir de carences. Je travaille également avec une préparatrice mentale qui m’aide à aborder les événements le plus sereinement possible. Autant de facteurs qui me permettent aujourd’hui d’être beaucoup plus à l’aise que je ne l’étais auparavant.

Vous êtes également très active sur les réseaux sociaux. Que vous apportent ces outils ?

Que ce soit Facebook ou Twitter, ils me permettent de garder un lien avec ma famille, mes amis mais aussi toute la communauté sportive. C’est aussi un bon moyen de faire la promotion de mon sport.

C’est vous qui les gérez en direct ?

Tout à fait. J’ai la fierté de dire que c’est bien moi qui m’en occupe. Je n’ai pas encore les moyens d’autres sportifs comme les footballeurs qui font appel à des professionnels pour le faire. Mais quoi qu’il en soit, je préfère m’en occuper car c’est important que l’athlète garde un lien direct avec toutes les personnes qui le suivent sur Internet.

Vous avez dit récemment que vous prenez toujours autant de plaisir à revenir en Moselle. Mais pour quelle raison rester licenciée au club de Sarreguemines étant donné que vous vous entraînez loin d’ici ?

Je ne quitterai pas Sarreguemines. C’est mon club, j’y suis depuis 20 ans. Dans tout ce que j’ai entrepris, ils m’ont toujours soutenu.

Parlons un peu d’avenir. Aurélie Muller, dans dix ans ?

Difficile de répondre à une telle question ! Aujourd’hui, j’adore ce que je fais mais je ne sais pas si physiquement, je serai encore de la partie dans quelques années. L’avenir le dira !

*Nageuse espagnole spécialiste des épreuves de quatre nages et de la nage papillon.

Photos : DR - Article publié le 29 décembre 2015

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