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Trail : un retour aux choses simples ?

À l’instar du triathlon et de l’Ironman, c’est l’autre côté de l’Atlantique qui nous a amené le trail au début des années quatre-vingt dix. Une discipline qui s’est largement démocratisée depuis l’organisation du premier Ultra-Trail du Mont Blanc en 2003. Aujourd’hui en pleine expansion sur le Vieux Continent et plus particulièrement en France, le trail ne cesse de progresser. Tentatives d’explications.

Dawa Sherpa, Killian Jornet, Sébastien Chaigneau, Tsuyoshi Kaburaki ? Si ces noms vous évoquent quelque chose, il est certain que vous vous êtes intéressé de près ou de loin au phénomène qu’est devenu le trail. Littéralement la « course nature » en français, le trail nous vient tout droit des États-Unis, passé maître dans l’art des disciplines extrêmes. Souvenez-vous notamment du triathlon et de l’Ironman, sa variante exacerbée (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42,195 km de course à pied), né sur les terres d’Hawaï au milieu des années soixante-dix… Ce sens de la démesure, typique de l’Amérique profonde, se retrouve forcément dans le trail. Et ce, quelle que soit la distance envisagée : découverte (distance inférieure à 21 km), court (entre 21 et 41 km), trail (42 et 80 km) ou ultra-trail (au-delà de 80 km). Car on estime à 100 m de dénivelé positif, un kilomètre de plat en plus. Toujours selon les spécialistes, nul besoin d’être un grand sportif pour accomplir un trail. « Il n’est pas nécessaire d’être un athlète de bon niveau, juste avoir quelques dispositions physiques et un gros mental », précise Jean-Charles Perrin, organisateur de l’Éco-Trail de Paris. Un trailer aborde la course AUTREMENT. « Je ne me concentre pas sur les autres, qu’ils soient derrière ou devant. Si tu commences à t’énerver parce qu’un mec t’a doublé, il a pris le pouvoir sur toi. Et dans mon cas, ce n’est pas la bonne attitude ou tout au moins, ce n’est pas celle qui fonctionne sur moi », raconte Stéphane Brogniart, un ultra-trailer vosgien qui figure parmi les meilleurs français.Car au-delà du défi physique et du sacro-saint chronomètre, il y a une dimension psychologique. On évoque plus «  l’appréhension par rapport à la douleur, la peur de ne pas réussir. Ces limites-là sont plus profondes mais on peut les repousser », déclarait à l’Équipe Magazine, l’Espagnol Killian Jornet, roi incontesté de la discipline.

De nobles motivations…

Le trail doit donc s’envisager en dehors du cadre spatio-temporel traditionnel. C’est davantage un moment où l’être se retrouve face à lui-même. « L’important est de savoir se concentrer sur l’instant présent. C’est-à-dire être capable de se focaliser sur un seul élément que l’on est en train de réaliser », poursuit Stéphane Brogniart. Pour ce faire, le Vosgien a mis au point une méthode infaillible. « Je me suis doté de deux montres : une qui mesure le temps réel parcouru et l’autre vouée à l’instant présent. Je ne la mettais en route qu’à partir du moment où mon corps et ma tête ne faisaient qu’un. Et je me suis rendu compte que plus j’avais la tête et le corps au même endroit, moins j’étais fatigué. »

En clair, se couper de tout élément perturbateur. Au contraire d’un « pistard », les motivations du trailer sont ailleurs. S’il communie avec son être, il sait aussi le faire avec la nature. En s’éloignant des sentiers battus, il s’offre l’opportunité de partir à sa découverte, à la vision de nouveaux paysages, à la découverte des panoramas exceptionnels comme les cols ou les glaciers.

… Et des effets pervers

Mais comme dans toute discipline, il y a toujours un « MAIS ». Cette démocratisation galopante a aussi engendré des dérives. Selon Olivier Gaillard, coach attitré du site runners.fr, elles sont malheureusement nombreuses. « Les épreuves sont de plus en plus remplies et pour certaines, les coureurs sont dans l’obligation de passer par un tirage au sort, parfois payant… » Les équipementiers se sont également engouffrés dans la brèche. Au nom de la symbiose avec la nature, « voilà le trailer harnaché d’un équipement et d’une technologie à faire pâlir un technicien de la Nasa ! C’est aussi la guerre des teams. On s’arrache les têtes d’affiche. » Des effets pervers. Comme dans tout phénomène de mode…

Il faut simplement savoir raison garder. Et on ne le dira jamais assez, se faire plaisir. Si le trail connaît aujourd’hui un succès grandissant, c’est parce que, selon Stéphane Brogniart, « les gens se rendent compte que notre monde hyper connecté nous a paradoxalement déconnecté de la réalité. Ils ont besoin de se retrouver. C’est peut-être pour ça que la course à pied et davantage le trail dans sa dimension particulière, a le vent en poupe. Pour être en bonne santé, il suffit d’enfiler des baskets, mettre un pied devant l’autre et réaliser quelque chose pour soi-même. En définitive, un retour aux choses simples. C’est ce qui rend heureux, non ? »

Quelques courses à faire

La Diagonale des Fous appelée communément le Grand Raid à l’île de la Réunion, l’une des courses nature les plus difficiles et spectaculaires qui soit avec un parcours de 170 kilomètres comprenant 9 643 mètres de dénivelé positif ! Il y a aussi les cinq courses de l’UTMB (découvrir l’OCC dans notre version papier du mois de septembre) et encore les neuf des Templiers qui se déroulent en octobre.

Photos : DR - Article publié le 8 septembre 2014

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