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Ikaunieks, le mystère de l’Est

Première des trois recrues du FC Metz lors du dernier mercato hivernal, Janis Ikaunieks a débarqué en Moselle précédée d’une flatteuse réputation dans son pays d’origine, la Lettonie, lui qui est déjà international à 19 ans. Mais si le joueur était paraît-il courtisé par de belles écuries européennes, il reste une grande interrogation concernant son potentiel. Portrait.

À 19 ans, Janis Ikaunieks (prononcez Ikauniks) est grand espoir voulu par le FC Metz en janvier dernier, recruté pour un montant qui avoisinerait les 500 000 euros. Sur le papier, tous les voyants sont au vert : international à 18 ans, auteur de 23 buts en 32 matchs avec son club formateur et apparemment suivi par de grands clubs européens réputés pour la qualité de leur formation (Ajax Amsterdam, Anderlecht, Udinese). « Nous le suivions depuis quelque temps, explique Philippe Gaillot, directeur général adjoint du FC Metz. C’est un jeune joueur à fort potentiel qui s’inscrit dans le projet que nous avons pour le club et qui était brillant dans son club. » Son ancien club, c’est le SK Liepaja Metalurgs, qui lui a permis de l’envoyer très rapidement en sélection. Son désormais ex-président, Maris Verpakovskis, ancien international et joueur passé par Kiev, Getafe ou le Celta Vigo, n’a jamais tarit pas d’éloges sur son ancien numéro 7 : « Janis a été clairement l’un des hommes forts de notre équipe l’an passé et possède un grand talent. C’est une grande fierté pour nous de voir l’un de nos joueurs partir dans un grand championnat. Ce transfert montre que nous travaillons bien et que nous sommes dans la bonne direction et nous espérons que Liepaja continuera de progresser et que d’autres joueurs pourront connaître ce genre de club. » C’est son coéquipier Sergueï Krivets, partageant la même langue, qui fut chargé de l’aider dans son adaptation. « Je l’ai vite senti à l’aise en arrivant dans le groupe, explique Krivets à propos de son jeune coéquipier. Je suis là pour l’accompagner, mais il s’est vite intégré dans l’équipe. » Titulaire à trois reprises en six mois en Ligue 1, dont deux fois en championnat (lors des deux dernières journées à Monaco et face à Lille), Ikaunieks n’a participé qu’à 6 matchs de son équipe, dont 4 de championnat (Nice, Marseille, Monaco et Lille), et, même s’il a parfois montré des signes d’optimisme, aucune garantie sur ses prestations à venir. Tous les voyants sont au vert. Tous ? Pas si sûr…

« Le championnat letton est faible »

Vedran Vinko. Ce joueur ne vous dit peut-être (plus) rien mais difficile de ne pas penser à cette recrue du 31 août 2011, âgée de 21 ans, présenté aussi comme « l’un des plus grands espoirs du football slovène. Il était sollicité par d’autres clubs européens plus huppés et plus riches, nous sommes donc d’autant plus ravis qu’il ait choisi de signer chez nous un contrat d’une saison, et plus si affinités » par le directeur sportif d’alors, Joël Muller. Et avec 0 minute jouée en une saison, facile de deviner la suite. Pourtant, pour Vinko aussi, tous les voyants étaient au vert : « L’an passé, il a tout de même inscrit 10 buts et adressé sept passes décisives en vingt-six matches, expliquait Joël Muller en 2011. Et il est devenu à seulement vingt-et-un ans le capitaine de son équipe. » Alors quid du destin d’Ikaunieks à Metz ? Si son talent entrevu par la direction messine n’a pas non plus échappé à d’autres observateurs de clubs européens, il faut aussi replacer le contexte dans lequel le joueur évoluait. Soyons francs, la Lettonie n’est pas une grande terre de football. Le championnat, LMT Virsliga, n’est pas complètement professionnel, et certains joueurs ont un autre job à côté. « Notre championnat est faible et les résultats en Coupe d’Europe le prouvent », explique Edmunds Novickis, journaliste letton pour le site Internet sportacentrs.com spécialisé dans le sport balte. Nous avons très peu de bons espoirs en Lettonie. » Albert Cartier ne se cache pas, d’ailleurs, sur le véritable niveau du championnat letton : « C’est difficile de comparer un championnat et un autre mais on peut situer le niveau de ce championnat avec notre CFA ou le National. Difficile de vraiment juger. » Cependant, pour Edmunds Novickis, Ikaunieks est au-dessus du lot chez lui. « Il a une grande technique et une bonne vision de jeu, mais je ne suis pas sûr de ses capacités physiques et défensives. Il est définitivement le plus grand espoir en Lettonie, mais cela ne signifie pas automatiquement qu’il peut réussir en Ligue 1 ou en Ligue 2. » D’autant que l’observation du jeune Ikaunieks a été assez rapide. « Il nous a été proposés par un agent et nous sommes allés l’observer quand il jouait contre la Turquie avec sa sélection, affirme Philippe Gaillot. Il nous avait faits bonne impression. » Besoin d’être convaincu par l’international letton ? Le joueur a signé un contrat de 4 ans et demi au FC Metz, preuve que le club mosellan croit en sa pépite. Pour info, Vedran Vinko n’avait signé qu’un an… alors que le club était en Ligue 2… L’optimisme est donc de rigueur.

Photos : DR - Article publié le 28 juillet 2015

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