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Bong : « Metz, les plus belles années de ma vie »

Formé au FC Metz et international camerounais, Gaëtan Bong suscite de plus en plus l’intérêt des recruteurs français et européens depuis deux ans sous les couleurs de Valenciennes. Titulaire indiscutable dans le onze de Daniel Sanchez, l’ancien arrière gauche du FC Metz sait qu’il se trouve, aujourd’hui, à un tournant de sa carrière. Rencontre.

Gaëtan, vous faites partie des fiertés de la formation messine, de la génération des Bassong, Gestede et Pjanic. Pourtant, aussi bizarre que cela puisse paraître, vous n’avez que très peu joué en pro avec Metz (20 matches en trois saisons). Quelles en sont les raisons ?

Mes débuts professionnels avec le FC Metz ont été perturbés par de nombreuses blessures qui ne m’ont pas permis d’enchaîner les matches lors de mes premiers pas dans le groupe pro. Au-delà des blessures, il y a aussi la question de la confiance du staff à mon encontre. J’ai rejoint le club à 13 ans, et au centre de formation, il y avait beaucoup de personnes qui croyaient en moi. Puis, quand je suis arrivé en pro, la donne a quelque peu changé. Car, les formateurs n’ont plus de pouvoir et c’est au staff technique de décider qui doit jouer ou non. Entre blessures et changement d’entraîneur, je n’ai trop eu ma chance de montrer ma valeur avec le FC Metz. Et pour un club formateur comme Metz, je pense qu’il faut aller au bout de ses convictions et imposer sa philosophie. Mon prêt à Tours m’a permis de faire ce que je n’ai pas eu la chance de montrer à Metz. Ce manque de confiance à Metz m’a été favorable finalement, donc je n’ai aucun esprit revanchard envers le club mosellan.

1er match en Ligue 1 en décembre 2005 à Sochaux alors que vous n’avez que 17 ans, quels souvenirs avez-vous de ces débuts ?

Je crois me souvenir qu’on avait fait match nul (1-1, NDLR). C’était enrichissant pour moi de découvrir le plus haut niveau avec Metz d’autant plus que cela ne faisait pas très longtemps que j’évoluais au poste de latéral gauche, car je suis ailier gauche de formation. Je me souviens qu’Omar Daf, qui jouait latéral droit à Sochaux ce jour-là, était venu me féliciter de ma belle performance et qu’il m’encourageait à continuer dans cette voie. On jouait le maintien avec Metz, avec des matches à couteaux tirés chaque week-end et on apprend plus vite dans ce genre de rencontres.

Votre prêt à Tours en 2008-2009 a-t-il été un tournant dans votre carrière ?

Oui, bien sûr. J’étais à un âge (20 ans, NDLR) où je devais confirmer les bonnes premières impressions que j’avais laissées à Metz. J’ai alors eu la confiance de Tours, par l’intermédiaire de Daniel Sanchez, mon coach actuel à Valenciennes, qui m’a permis de faire une grosse saison, lors de laquelle nous avons même fini devant le FC Metz au classement (Tours finira 5e et Metz 6e de ce championnat de Ligue 2 2008-2009, NDLR).

 

Quelles sont les raisons de votre départ du FC Metz vers Valenciennes lors de l’été 2009 ?

C’était dans la continuité de ma bonne saison en Ligue 2 et dans la logique de progression de ma carrière. Je repartais un peu à zéro et il fallait que je convaincs le club de leur choix de me recruter, en confirmant la bonne saison que j’avais effectuée à Tours mais également pour progresser et apprendre aux côtés d’un coach, Philippe Montanier, qui m’aiderait à progresser. J’ai eu des propositions de l’étranger et d’autres clubs de Ligue 1 et Valenciennes me semblait la meilleure option.

En un mot, comment résumeriez-vous votre passage au FC Metz ?

Ce sont les plus belles années de ma vie. Metz, c’est vraiment une famille car j’y suis arrivé jeune et que je suis devenu un homme là-bas. Et si j’ai réussi mon passage à Tours et à Valenciennes, c’est grâce à Metz et son équipe dirigeante, ses formateurs et toutes les personnes qui ont contribué à devenir ce que je suis aujourd’hui. Ils m’ont donné le bagage nécessaire pour devenir un joueur professionnel.

Avez-vous des regrets à propos de votre histoire avec les Grenats ?

À la fin de mon histoire avec Metz, oui. Beaucoup de gens croyaient en moi au club mais d’autres pensaient que je ne pourrais pas forcément convenir donc cela ne s’est pas passé comme je l’avais souhaité. Mais je suis content d’avoir permis au FC Metz d’obtenir de l’argent sur mon transfert au VAFC (700 000 euros, NDLR), c’est en quelque sorte une façon pour moi de leur rendre ce qu’ils m’ont apporté durant toutes ces années de formation. 

Votre première saison à Valenciennes a-t-elle été évidente malgré votre manque d’expérience en Ligue 1 ?

Oui dans la mesure où mon coach m’a mis dans les meilleures conditions pour que je m’adapte au plus vite. Philippe Montanier avait confiance en moi et il m’a fait jouer à plusieurs postes, arrière gauche, milieu défensif, arrière central, et c’est une belle preuve de confiance. C’est le premier qui a cerné mon jeu et il m’a permis de faire une très belle première saison avec Valenciennes.

Cette saison-là se ponctue par votre première sélection avec les Lions Indomptables du Cameroun de Paul Le Guen qui vous emmène ensuite à la Coupe du Monde 2010. Tout s’est passé très vite pour vous avec les Lions. Ce fut une surprise pour vous ?

Oui et non. Tout au long de la saison, je savais que mes prestations étaient scrutées par les superviseurs camerounais, que Paul Le Guen me suivait depuis très longtemps. D’ailleurs, les matches de préparation pour la Coupe du Monde 2010, je n’étais pas encore qualifié mais cela ne l’a pas empêché de me sélectionner pour le Mondial car il savait vraiment ce que je valais. Une vraie marque de confiance.

Comment analysez-vous cette saison pour le VAFC. Un démarrage tonitruant puis une chute lente et dangereuse. La défaite contre Paris (0-4) a-t-elle été un tournant ?

Non, je ne pense pas. On a une philosophie de jeu à laquelle on essaye de se tenir toute la saison et qui nous a réussie en début de saison. Nous sommes une équipe joueuse et cela nous joue parfois des tours. Si on n’a pas de fond de jeu, on le paiera un jour et c’est, selon moi, uniquement un manque de réussite qui ont traduit nos résultats de fin de saison.

Depuis deux ans, on vous annonce souvent sur le départ. Une rumeur vous a même envoyé à Marseille. Quel est votre état d’esprit sur votre avenir à court terme ?

C’est vrai que depuis deux ans, les journalistes m’envoient un peu partout (rires) mais j’avais signé quatre ans à Valenciennes et j’ai prolongé d’un an l’année dernière donc ça veut dire je me sentais bien ici, mais aussi pour encore progresser au contact de la Ligue 1. Mon avenir, je ne le connais pas et si les choses doivent se faire, elles se feront naturellement. Je continue à bosser et c’est, selon moi, la meilleure chose à faire.

Un petit mot sur le Cameroun qui a manqué la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Quelles sont les ambitions d’une nation importante du football africain ?

On est en période de reconstruction avec pas mal de nouveaux joueurs, une nouvelle génération qui pousse et qui vont, je l’espère, nous permettre de nous qualifier pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil à court terme. À plus long terme, c’est de redevenir la meilleure nation d’Afrique en tentant de tirer notre épingle du jeu lors des prochaines Coupes d’Afrique des Nations.

Comment réagit-on aux critiques de la légende vivante du football camerounais, Roger Milla, qui parle de « décrépitudes du football camerounais » depuis un an ? On le prend en compte ou on l’ignore ?

Personnellement, je ne prête pas trop attention aux analyses ou aux critiques que l’on peut faire sur la sélection. Je me préoccupe de mon football, je ne suis pas un politicien et je ne veux pas rentrer dans ce type de débat car ce n’est pas mon rôle pour le moment. Après ma carrière peut-être, mais aujourd’hui, je laisse les experts parler et les footballeurs jouer.

Serez-vous encore Valenciennois l’année prochaine ?

Je ne sais pas de quoi mon avenir est fait. Les portes ne sont pas fermées mais je peux être encore à Valenciennes l’an prochain car je suis sous contrat jusqu’en juin 2014. Aucun championnat n’a ma priorité dans le futur, je veux juste jouer des grands matches comme j’ai pu en faire avec la sélection ou encore avec Valenciennes. Mon ambition est juste de jouer des matches de très haut niveau.

Gaëtan Bong en 5 dates

1988. Naissance à Sakbayeme, au Cameroun. Gaëtan arrivera en France quelques années plus tard et entrera au centre de formation du FC Metz à 13 ans.

2005. À seulement 17 ans, le jeune arrière gauche messin fait sa première apparition en Ligue 1. C’est au stade Auguste-Bonal de Sochaux (1-1).

2009. Après sept ans passés au FC Metz (avec une parenthèse à Tours en 2008-2009), Gaëtan Bong signe quatre ans à Valenciennes pour 700 000 euros.

2010. Première sélection avec les Lions Indomptables du Cameroun de Paul Le Guen le 1er juin contre le Portugal.

2012. En fin de contrat en juin 2013, Gaëtan prolonge son contrat avec le VAFC d’un an, jusqu’en juin 2014. Très sollicité, il ne devrait pas rester dans le Nord l’an prochain.

Photos : DR - Article publié le 3 juin 2013

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